Silence Féroce - Group Berthe - sortie de résidence - 28 rue des Rochettes, Tréméloir - le 29 novembre 2019
Le Group Berthe achève une résidence de cinq jours dans un entrepôt ( bordant le cimetière de Tréméloir) géré par le Centre Culturel de La Ville Robert ( Pordic), comme la nouvelle création du collectif, fondé en 2008 par la chorégraphe et danseuse Christine Maltête-Pink, a pour nom 'Silence Féroce', la proximité de l'ossuaire cadre parfaitement avec le sujet.
Danse, performance, réflexion philosophique, théâtre, musique, le prochain spectacle de la troupe dont la création aura lieu à Le Portel en mai 2020, mélange les genres, tout comme les conceptions précédentes, que ce soit 'Déhanchés', 'Les pieds sur la nappe', 'Orties' ,'The Zen' ou les productions plus anciennes.
Cela fait trois semaines, sous forme de trois résidences ( Riom, Tréméloir et Saint-Sébastien-sur- Loire) que Christine Maltête-Pink, Marie Ronflex ( Rondeau) et Eric Bernard travaillent sur 'Silence Féroce' ( T'oublieras pas de bien fermer ta gueule, dit le sac que la fondatrice porte en bandoulière).
Avant cela, Christine avait consacré un long moment à une recherche sur le silence.
Le projet est toujours en chantier, ce vendredi à 11h, le public est invité à assister à quelques extraits de la pièce.
Equipe réduite, donc, Marie à l'accompagnement sonore et danse, Christine et Eric danse, texte, silence et batterie pour l'élément masculin) à laquelle il faut ajouter une monospace ( 3140€, valeur argus).
Présentation au public ( nous n'étions pas 10):Eric est le silence, Marie le sound, car "son" fait saucisson, je suis moi, j'enfile ma robe de scène et on vous expose un premier extrait.
Le silence se montre exigeant, agressif, impatient, revêche, peu communicatif , Marek Kedzierski en sait quelques choses lui qui, s'inspirant de Samuel Beckett, a conçu la dramaturgie ' Quelques mots sur le silence'.
Le Silence, forcément, se tait, la danseuse s'énerve, elle appréhende une chorégraphie sans musique, mais la musique est en toi, révèle son interlocuteur .
Elle danse seule, comme les femmes chiliennes dansant la cueca sola pour manifester contre la dictature de Pinochet.
Marie lance ' 2020' de Suuns, suivi du dancetrack ' Up Past The Nursery' des mêmes Canadiens , les pirouettes s'animent, pas pour longtemps, la bande prend fin, retour au mutisme, au théâtre de l'absurde.
Si, tu peux danser sans musique!
Non, je ne peux pas, cela me refile la nausée.
Elle vomit.
Voilà, c'était la première scène, à la fin improvisée.
On replante le décor.
Les sièges avant sont hissés sur le toit de la Renault, les protagonistes y prennent place.
Eric, tu sors de ta conscience, Ionesco rapplique, dans "communiquer", il y a commune et niquer.
Dans incommunicabilité il y a un Rhinocéros.
Harcèle-moi, Marcel!
Nouvelle séquence installation du décor, les sièges ont repris place dans l'habitacle.
En voiture, attachez les ceintures, à l'arrière Eric maltraite une guitare puis s'acharne sur une batterie, la danseuse mime une femme battue, alors que Marie nous envoie des extraits du témoignage de Morgane agressée par son conjoint, un récit intitulé 'Dans deux heures je te défonce' diffusé sur France Culture il y a quelques années.
Atroce, le silence des femmes brutalisées par celui qu'elles ont épousé, qui leur a fait des gosses.
Angoisse, répugnance, écoeurement... sur bande-son jazzy , 'Silence is sexy' de Einstürzende Neubauten .
Blixa Bargeld se tait, Eric se déchaîne sur la batterie, il frappe, frappe et frappe encore.
Femme tabassée, honteuse, silencieuse.
La dernière scène, courte, toujours en mode embryon, voit apparaître un geai passé chez le taxidermiste, il ne peut pas chanter comme la plupart des oiseaux de nos villes mais aussi de nos campagnes, où ils sont glyphosatés.
Le silence des oiseaux termine le condensé proposé en cette fin de résidence.
Cet été la troupe présentera le spectacle complet un peu partout en France.