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bed-in

Publié le 30 novembre 2019 par Modotcom

bed-in
j'ai adoré la chronique alitée
de joblo hier matin
j'espère qu'elle s'est bien rétablie
de sa mauvaise grippe
je me rappelais justement récemment
tout en parlant avec l'homme-chat
que depuis que j'avais quitté l'emploi à temps plein
à la banque en septembre deux mil seize
je n'avais pas passé une seule matinée
à me vautrer dans le lit
et que je m'étais levée au quotidien
même si aucun rendez-vous ne m'attendait
en faisant le lit
en allant courir
en déjeunant
en lisant le devoir
en faisant le pain
en buvant le café
en m'assoyant pour travailler
et puis recommencer
il y a bien eu un ou deux matins
à chaque mois de mars
où la fièvre m'a tenue alitée
je suis souvent grippée à ce moment de l'année
et clouée dans les draps
pendant douze heures d'affilée
mais là n'est pas la paresse que j'attends
là est la fièvre
et à l'article de la mort
avec le front et les tempes chaudes
rien ne vaut mieux que dormir
ah si
comme joblo le dit
il y a bien une trève de sommeil
pour un bouillon de poulet
qui réchauffe à tout coup
ou alors un bain bouillant qui donne la nausée
avant de replonger sous les draps
mais sinon
je n'ai jamais pris ce temps
à rêvasser sans me lever
dûment contemplative
ça ne m'est pas arrivé
en fait
depuis trente ans
après être devenue
une adulte responsable
j'aimerais pouvoir
rester au pieu
un jour par mois
à ne penser à rien en particulier
à rêvasser
à manger des chips ou du popcorn
à éplucher le journal
qu'il fasse soleil dans les voiles
et que la lumière change
que je m'endorme sans m'en rendre compte
que je me réveille à nouveau
je me dis souvent que si je tombais malade
incurablement
je pourrais enfin respirer
et entamer ce que j'ai envie de faire
m'occuper à la grande écriture
c'est fou de vivre ainsi
en attendant un ultimatum
pour enfin laisser tomber
le strict occupationnel
et me concentrer sur l'essentiel
et pourquoi ne pas vivre tout de suite
comme si demain était la fin
je passe mes jours à m'acharner
à me rendre plus invincible plus endurcie
plus forte pour survivre
comme si j'allais devenir la dernière guerrière sur terre
c'est une question de durée pour moi
l'instinct du rat dans un rat race
ou de la coquerelle
trop angoissée à manquer de vivres
pour demain et après-demain
je m'occupe à pouvoir vivre dans le futur
et le jour même pourtant
je n'y suis pas
je ne suis pas ici
dans mon lit comme métaphore
je ne suis pas ici
avec toute ma fragilité
pour errer et me laisser divaguer
je ne suis pas ici
pour accueillir la beauté la folie
le désespoir le noir la nuit
je ne suis pas ici
à être belle comme la fleur
et quand je mourrai
je me serai construit une grande vie
une grande vie toute vide
faite de blocs de lego
avec quelques diplômes
et un palace
et beaucoup
beaucoup
beaucoup de temps à tisser ma toile
sans jamais contempler
la couleur de la rosée.
lisez la chronique alitée de joblo ici.

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