Il en aura fallu quatre auparavant pour creuser le sillon de la mémoire.
Mon seul reproche est d'avoir placé les textes de la psychanalyste Anne-Catherine Sabas au début du livre, et même- si je puis me permettre de le dire- également le premier chapitre. Parce qu'ils conditionnent le lecteur.
Je conseille de démarrer page 27 (et de lire les premières pages après) alors que la petite Jenny a deux ans et demi.
Le récit est sobre et pudique, mais implacable, et on ne peut rien faire d'autre que tenir la main de l'enfant en espérant qu'elle trouvera l'aide indispensable. On ne la voyait pas comme ça sa vie ... mais on ne pourra pas la refaire.
Martine Magnin dénonce avant tout le comportement des proches, mère et grand-mère, engluées dans un égoïsme alimenté par des mensonges. D'autres l'ont fait. Je pense en particulier à Andrea Bescond avec Les chatouilles. L'expérience des unes aideront-elles les autres ? Je l'ignore mais il est capital que la parole soit libérée. Et que les signes soient plus vite repérés.
Est-ce parce qu'on la menaçait de l'enfermer comme toutes les petites filles qui parlent trop qu'une fois adulte Martine s'est tournée vers l'écriture ? Jolie manière de contourner l'interdit !
Ce livre est aussi un très bel hommage au père. Et la preuve que la résilience n'est pas un vain mot.
Le confort de l'autruche, de Martine Magnin, Fauves éditions, mai 2019