Vous méprisez l’hypocrisie ? Lisez ce texte !

Publié le 26 novembre 2019 par Batihouman @batihouman

Entendons-nous d’abord que nous sommes tous hypocrites à certains égards.

Nous en faisons tous usage, même inconsciemment. Que ce soit sur le plan social, émotionnel, économique, politique, professionnel, l’hypocrisie a toujours sa place.

Nous en faisons usage également,  aussi bien dans la vie réelle que virtuelle sur les réseaux sociaux.

Qui n’a pas flatter un ami à contre cœur rien que pour ne pas le blesser ou le déconcerter ?

Qui n’a pas « aimer » « adorer » et mis des commentaires élogieux sous la photo d’un(e) ami(e) outrageusement retouchée ou maquillée ?

Comment définit-on ce sentiment ?

Selon le Petit Robert, le mot « hypocrisie » vient du latin hypocrisia et du grec hupokrisis, qui qualifient le jeu de l’acteur ou la mimique.

Il s’agit donc d’une attitude qui consiste à déguiser son véritable caractère, à manifester des opinions, des sentiments et spécialement des vertus que l’on n’a pas.

« L’hypocrisie est un sentiment naturel de l’être humain qui se reflète comme un système d’autodéfense. C’est un sentiment ingrat envers autrui parce que l’on porte un masque pour cacher sa personnalité », soutient Dil-shaad Chaumoo, psychologue.

Pour Sabrina Puddoo, qui est également psychologue, l’hypocrisie peut être une action ponctuelle ou être un mode de fonctionnement de la personnalité qui peut basculer dans la pathologie. « Ce comportement fascine, car il témoigne de la capacité de dissimulation de l’être humain. Mais il dérange et effraye, car il annule toute confiance et donc toute sécurité.

Une explication de ce malaise peut être donnée en partie par l’Échelle des besoins de Maslow. En effet, cette mesure indique les besoins essentiels de l’individu pour qu’il se sente bien. La sécurité et la confiance en font partie ; or l’hypocrisie empêche de faire confiance à l’autre et donc de se sentir en sécurité », déclare-t-elle.

Mais qu’est-ce qui nous pousse à être hypocrites ?

Il existe plusieurs raisons. En général, on ne veut pas blesser les autres. Parfois on a recours à l’hypocrisie pour sortir gagnant

Mais l’hypocrisie a parfois ses bons côtés.

En général, nous ne la condamnons que lorsqu’elle nous porte préjudice. C’est le même processus pour la vérité. Celui qui énonce une vérité qui nous dérange, qui nous dévalorise, qui remet en cause nos certitudes les plus rassurantes, nous l’excluons.

Ne préférons-nous pas celui qui ment et qui nous flatte ? N’encourageons-nous pas celui qui cultive les illusions qui nous rassurent et nous réconfortent plutôt que celui qui nous mettrait face à une réalité déplaisante ?

De ce point de vue, on peut dire que l’hypocrisie sert à protéger l’ego de l’autre. En même temps, si l’autre se sent en confiance, nous bénéficions alors de tous les avantages que cette confiance crée.

 Un sentiment ancré dans nos mœurs

Par exemple, si vous avez mis des heures à confectionner une oeuvre d’art, préférez-vous que l’on vous dise réellement ce que l’on en pense ou alors qu’on vous complimente pour ne pas vous saper le moral ?

Certes dans les relations humaines, l’hypocrisie est nécessaire.  Mais de manière ponctuelle, elle ne doit pas être à la base de la relation avec l’autre car l’hypocrisie est alors destructrice pour celui qui la découvre.

Non seulement, elle a des conséquences sur celui qui la découvre, mais également sur celui qui l’exerce dans certains paramètres.

Dans le cas de l’hypocrisie maximum, on cherche à détruire la vie de l’autre. On va médire de lui pour le pousser à bout, le blesser dans son estime. On va enfoncer le couteau dans la plaie. On va essayer de dire des choses à son conjoint pour le détruire ou pour porter atteinte à sa carrière

Que doit-on faire dans ce cas ?

 Être franc, sincère, et honnête autant que possible.

Mais en même temps, l’hypocrisie est un sentiment ancré dans nos mœurs, auquel nous avons tous recours, volontairement ou involontairement. Là où ça fait vraiment mal !

Comment réagit une personne face à l’hypocrisie des autres ?

 On se sent blessé, voire détruit. Surtout si on avait beaucoup d’estime pour l’autre et que l’on découvre son hypocrisie. La confiance est bafouée et on se sent rejeté.

On peut réagir de diverses façons quand on découvre l’hypocrisie d’autrui.

On peut chercher à se venger ou alors essayer de pardonner. Le pardon est une bonne chose, car il permet de restaurer l’équilibre de la personne mentalement.

Par contre, si à cause de l’hypocrisie d’autrui, quelqu’un se met en colère, « cela produira des toxines et il peut développer des maladies psychosomatiques », écrit  Christophe Vallée, professeur de philosophie « Un pur jeu d’apparence »

Qu’est-ce qui pousse les gens à être hypocrites ? Quelles sont les origines de ce sentiment ?  

La dissimulation est l’instrument de gommage des différences sociales. La simulation sert à ne pas offenser autrui, voire s’il ne s’en rend pas compte, à le manipuler.

 Quelle différence faites-vous entre l’hypocrisie et le mensonge ?

Dans le mensonge, je cherche à tromper autrui alors que lorsque je suis hypocrite, je sais que l’autre l’est et il sait que je le suis. L’hypocrisie, c’est un pur jeu d’apparence.

Comment vivre avec ce sentiment ? Est-ce un mal nécessaire ?

L’hypocrisie évite la guerre civile, ce qui n’est pas négligeable. Il faut aussi savoir jusqu’où jouer, comme tout bon acteur.

Mazarin dans Le bréviaire des politiciens résume, en cinq préceptes, l’essence de l’hypocrisie :

  1. simule,
  2. dissimule,
  3.  ne te fie à personne,
  4. dis du bien de tout le monde,
  5.  prévois avant d’agir.

Pour aller plus loin je vous propose de télécharger l’excellent ouvrage d’Olivier Babeau : Éloge de l’hypocrisie

(Cliquez sur le format qui vous convient pour sa lecture)

Présentation :

L’hypocrisie est mal comprise. En la classant dans la catégorie des maladies sociales, nous passons à côté de sa véritable valeur. Nous oublions qu’elle est le socle de notre société. Une méprise d’autant plus inquiétante que le monde actuel est en train de se bâtir sur son déni. C’est ce nouveau puritanisme qu’attaque et déconstruit ce livre. Le numérique donne des armes décisives à ces nouveaux parangons de la vertu. Ils ont à leur disposition des techniques de persuasion et de contrôle qu’aucune dictature d’hier n’a pu posséder. La société de la transparence, qui est fatalement celle de la surveillance permanente, va stopper la roue de l’histoire. Finies les ambiguïtés fécondes, les ombres protectrices, les obscurités où l’on se réfugie. Nous serons tenus de participer à la grande farandole des gens honnêtes. L’hypocrisie traditionnelle était la condition indispensable de notre liberté. Donc de notre existence. C’est l’individu qui meurt avec elle. Une charge contre les tartuffes du XXIe siècle.