Il est près de minuit mais au sous-sol du centre commercial, il n’y a plus de temps qui passe, plus de conscience du monde extérieur. L’univers se réduit à une piste de bowling et à des quilles qui, inlassablement, tombent et sont balayées par le râteau automatique qui les replace sur leurs repères. Il ne reste que des silhouettes vaguement simiesques qui répètent les mêmes gestes, tour après tour. Quand ils placent leurs doigts dans les orifices de la boule, ils ont la sensation de maîtriser quelques instants une vie qui dégringole comme un jeu de quilles.