Mais c’est un mannequin grandeur nature en tissu d'écorce attaché à des cadres en bois qui retient son attention. Il représente une silhouette féminine équipée d'une jupe faite de fibres, dotée d’une tête énorme et ridicule avec des cheveux frisés et un nez creux. L’un des hommes enfile le masque et effectue une courte danse au cours de laquelle il imite une femme en chantant d'une voix aiguë en se balançant d'avant en arrière.
Les maisons aussi sont différentes de ce qu’ils ont vu jusqu’à présent : elles sont installées sur des piliers et l'avant du pignon possède des ouvertures qui permettent de représenter une paire d'yeux, un nez et une bouche “souriante”.
Le 17 mai, un peu plus en amont sur le Sepik, c’est à Angerman que Schurcliff découvre une imposante maison cérémonielle possédant quatre ouvertures dans le pignon sur lesquelles étaient posés des crânes humains. À l’intérieur, sont disposés huit ou neuf tambours horizontaux, sculptés avec des têtes et queues de crocodiles Pour sûr, ils étaient ainsi entrés dans le territoire des “chasseurs de têtes”… tel était l’état d’esprit de Schurcliff qui relate encore l’achat d’un crâne par Cornelius pour un shilling !
Le jour suivant, ils sont à Ambunti : “l'avant-poste de la civilisation de l'homme blanc dans le Sepik”. Le niveau de l’eau est haut et ils espèrent pouvoir remonter le Sepik encore sur une centaine de miles… Le 20 mai l’Illyria est effectivement à Wogumash, près de la jonction avec l’April River. Les hommes leur apparaissent impressionnants, soixante-dix à quatre-vingts individus armés d’arcs et de flèches, de lances ou encore de couteaux en os se pressent le long du navire dans des canoës. L’équipage n’est pas vraiment rassuré et il se tient prêt à pouvoir démarrer en urgence ; cependant, Cornelius et d’autres vont réussir à faire du troc.
Encouragés par ces élans, le Père Kirschbaum, Cornelius et le Dr Moss demandent la permission de débarquer. Permission accordée mais devant un mélange de pressions et de peurs des indigènes, ils remonteront très vite à bord ; terriblement effrayés, sans être parvenus jusqu’au village…
À suivre...
Photos in Jungle Islands de Sidney Schurcliff, 1930.