« On commence, dit Werner Lambersy, à Coimbra, où, regardant le soleil descendre la colline et rejoindre Santa Clara a Velha qui s’enfonce de quelques millimètres en plus dans les berges du Mondego, fleuve côtier qui renoue avec l’imaginaire et l’irrationnel de l’océan, J’AI VU Orphée rejoindre Eurydice, s’enfoncer avec elle, la ramener au jour et la perdre à nouveau dans la confusion du quotidien et la beauté des choses ». C’est cette image-là que nous donne le poète : le soleil est Orphée, Eurydice est cette église qui s’enfonce doucement dans le fleuve.
C’était dans les années 1980. Il était venu, avec Patricia Castex-Menier, rencontrer Miguel Torga, poète portugais à qui l’on doit cette phrase : « L’universel c’est le local moins les murs. »
Coimbra, c’est aussi le Portugal, la révolution dite des oeillets, l’engagement de Werner Lambersy dans l’époque, contre le fascisme, les dictatures.
Et c’est d’amitiés que, ce soir-là, Werner va nous parler, des poètes qu’il admire ou qu’il côtoie, cette amitié qui ne connaît pas de frontières. Impossible de tous les nommer ici. Il y aura Jean-Louis Giovannoni, Seymus Dagtekin, Lokenath Bhattacharya, et d’autres. Il dit son admiration pour Henri Michaux, Ezra Pound, Fernando Pessoa.
Dans La perte du temps, dont il nous lira le début puis la fin puis le milieu, il nous entraînera dans une lecture faite de courts textes, de cette simplicité qui nous ouvre les yeux, apporte à nos lèvres le sourire, et nous révèle que « le vent n’a pas d’ombre ».
TOUT CE MOBILIER DE MOTS
et pas de maison
tout ce bazar
de beauté brocante d'âme
braderies sur le trottoir du
monde
kermesses
et vide-greniers des temps
salut Michaux je me mêle
aux minuscules
de l'encre
tant pis si tu fais la gueule
et Pessoa qui
pisse les portos hors d'âge
des anges