Cette étude de la Norwegian University of Science and Technology (NTNU), présentée dans le Lancet Public Health, réaffirme l’impact d’une bonne condition physique sur la santé neurologique et cognitive et précise ses bénéfices en termes de durée de vie en bonne santé. L’exercice de type High Intensity Interval Training (HIIT) est à nouveau plébiscité et recommandé au moins 2 fois par semaine même chez les plus âgés. Rester en forme ou améliorer sa forme physique au fil de l’âge doit donc rester l'objectif pour réduire son risque de démence.
« Il n'est jamais trop tard pour commencer à pratiquer l'exercice », rappellent les chercheurs du Cardiac Exercise Research Group (CERG) de la Norwegian University. L’amélioration de la condition cardiorespiratoire est possible après 60 ans, et dans cette étude, les participants qui y sont parvenus, bénéficient d’une réduction et d’un report du risque de développer une démence. Ainsi, à 60 ans ou plus, décider d’améliorer sa condition physique permet de vivre au moins 2 années de plus sans démence », conclut l’auteur principal, Atefe Tari, chercheur à la NTNU.
Une mauvaise condition physique est un facteur de risque indépendant de démence et de décès
La démence, dont la maladie d’Alzheimer, implique un déclin progressif des fonctions cognitives, suffisamment sévère pour interférer avec la capacité de fonctionner de manière autonome. On estime que 150 millions de personnes dans le monde seront atteintes de démence d’ici 2050, et ainsi, en seulement 30 ans, l’incidence de la maladie pourrait tripler. Il n’existe aucun traitement définitif et le pronostic, après diagnostic, est une survie à 5 ans et à 7 ans, respectivement chez les hommes et chez les femmes. « Comme il n'existe actuellement aucun médicament efficace contre la démence, il est important de mettre l'accent sur la prévention ».
L'exercice, la première des préventions : la pratique de l’exercice qui améliore la condition physique est confirmé comme le première des préventions contre la démence. Si de nombreuses études ont fait valoir ce lien entre une bonne forme physique et un risque plus faible de démence, cette étude est la première à mesurer le niveau de condition physique de plus de 30.000 participants et à le rapprocher de l’incidence de la démence sur une durée de suivi de 30 ans :
- L’amélioration de la condition cardiorespiratoire « de médiocre à bonne », est associée à une réduction de 50% du risque de démence et du risque de décès par ou avec la démence ;
- chaque augmentation de 1 MET (une mesure qui évalue le rythme auquel une personne dépense de l'énergie par rapport à son poids corporel) est associée à un risque réduit de 16% de démence et un risque de décès par démence réduit de 10%.
- le risque de démence est réduit de 40% chez les participants faisant partie des 80% présentant la meilleure condition physique à l’inclusion ;
- le risque de démence réduit de 48% chez les participants qui sont passés, durant la période de suivi, d’un niveau de condition physique faible à supérieur.
Quelle relation exacte entre la forme physique et la démence ? Comme il s’agit d’une étude d’observation, la question peut se poser sur la relation exacte entre condition physique et démence : est-ce une mauvaise forme physique qui affaiblit le cerveau ou est-ce que les personnes souffrant de déficience cognitive sont moins physiquement actives ? L’étude répond, au moins partiellement à la question : alors que la forme physique des participants a été évaluée pour la première fois dans les années 80 et les cas de démence et les décès recherchés à partir de 1995, les chercheurs ont pu mener des analyses séparées en excluant les patients souffrant de déficience cognitive et de démence au cours des premières années de la période de suivi. Les analyses aboutissent toujours à cette même association : il est donc plus que probable, soulignent les chercheurs, que c’est bien la mauvaise condition physique qui augmente le risque de démence. Quid des facteurs de confusion possibles ? Les facteurs de mauvaise condition physique tels que l'hypertension artérielle, le faible niveau d'études et des antécédents familiaux de maladies neurologiques pourraient également expliquer cette incidence plus élevée de démence. Cependant, les chercheurs nousrappellent qu’ils ont bien pris en compte tous ces facteurs de confusion possibles.
Alors quel est l’exercice idéal, après 60 ans ? Les exercices à haute intensité améliorent la condition physique plus rapidement que les exercices modérés. Les chercheurs recommandent donc, lorsque cela est possible, la pratique d'exercices qui élèvent la fréquence cardiaque et au moins 2 fois par semaine. « Les exercices réguliers qui vous font transpirer et vous essouffler vous assureront une bonne condition physique pour votre âge ».
Une bonne forme physique pourrait au bas mot retarder l’incidence de la démence, d’au moins 2 ans.
Source: The Lancet Public Health 1 Nov, 2019 DOI : 10.1016/S2468-2667(19)30183-5Temporal Changes in Cardiorespiratory Fitness and Risk of Dementia Incidence and Mortality – results from the HUNT Study: a population-based prospective cohort study
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Équipe de rédaction Santélog Nov 20, 2019Rédaction Santé log