Chacun de nous est l’enfant de quelqu’un, rappelle Yvon Le Men. De quelqu’un qui est l’enfant de quelqu’un. Qu’on habite une île, un phare, un port. C’est de rencontres que nous sommes faits. De pas encore connus peut-être, mais semblables. Ceux qui nous ont précédés, nous ont embrassés, ont envoyé à la mer des bouteilles pour dire des mots au monde lointain, aux proches. Des mots faits de couleurs, de volonté, de tendresse. Car, après ceux qui nous ont précédés, c’est notre tour. À nous de courir sur la plage avec celui qui dessine, Simone Massi, de regarder au loin, d’ouvrir la fenêtre d’un livre pas rangé dans la bibliothèque, ce livre qui nous attendait, que nous tendait une main.
Avec ce quatrième livre de la Collection Poés’histoires dirigée par Murielle Szac, les éditions Bruno Doucey inscrivent l’enfance dans une continuité. Et cela complète bien les approches des trois premiers : l’amour et le pays (La vie est belle), la fratrie et les questions (Lune n’est lune que pour le chat), la maternité et la guerre (La femme à sa fenêtre). L’ensemble place l’enfant dans le monde et le monde dans le regard de l’enfant.
Yvon Le Men a reçu le Prix Goncourt de la poésie en 2019.