Il a bien fallu s'y résoudre : Takeshi Kitano a dit adieu aux drames et/ou polars beaux et simples dont il nous a abreuvés jusqu'au début des années 2000. Après un Takeshis' copieusement agaçant, le revoici donc avec ce Glory to the filmmaker ! dont le titre annonce bien la couleur. La première moitié du film est en effet une sorte d'auto-hommage parodique où Kitano retrace la carrière d'un cinéaste qui est à peu près lui en revisitant quelques-unes des scènes qui ont marqué son cinéma. Cet exercice burlesque et narcissique est souvent amusant mais montre rapidement les terribles limites de son auteur, dont on a l'impression qu'il va passer le reste de sa carrière à s'auto-congratuler pour ses oeuvres passées, sans jamais rien créer d'autre qu'un vague souffle de dérision.
Et puis, cédant sous le poids de l'ego et de la scatophilie de Kitano, Glory to the filmmaker ! se met à l'humour pipi-caca, avec à nouveau maintes références à d'autres univers (un énième gag utilisant le bullet time de Matrix) et même à des sujets d'actualité (dont le désormais célèbre coup de boule de Zidane sur Materazzi). Ces deux petits exemples, dont il semblait inconcevable qu'ils soient réunis dans un même film, montrent l'aberration du projet tout entier, une sorte de grand n'importe quoi voulant créer le mystère mais se révélant aussi sordide qu'un jeudi soir au Théâtre des Deux-Ânes, à écouter une bonne vieille revue de presse de Jean Roucas. Venant du type qui nous a offert Hana-bi en d'autres temps, ça fait un tout petit peu de mal au coeur.
4/10