Marie Darrieussecq est dans la bibliothèque familiale mais je ne crois pas l'avoir déjà lue. C'est plutôt le thème de son dernier roman qui m'a fait sauter le pas.
Rose est en croisière avec ses enfants. Elle se pose des questions sur son mariage, sur son travail. Et puis, c'est le choc quand, en une nuit comme les autres, l'énorme bateau en croise un tout petit. Les migrants sont accueillis temporairement avant d'être laissés à un port. Il ne s'est rien passé, personne n'a rien vu, ou presque. Rose, un médecin et quelques autres ont croisé des regards, serré des mains. Et la vie continue, sauf que Rose suit Younès, de loin en loin, après lui avoir donné le portable de son fils. Elle déménage, s'installe comme psychologue mais finit guérisseuse, ne répond pas aux appels de Younès sauf lorsqu'ils se font trop pressants.
C'est l'histoire d'une rencontre, de deux mondes qui se croisent rapidement, qui s'effleurent. C'est surtout celle d'une femme, pas héroïque très longtemps, mais humaine à plein temps, qui ne laisse pas ternir son regard, qui ne joue pas l'indifférence, qui tente quelque chose, fait confiance parfois. Ce n'est pas tout le temps, c'est de temps à autres, ce n'est pas dans sa vie de famille par exemple, qui coule toute douce, c'est un peu dans sa vie pro, c'est ailleurs. Une belle façon de se laisser toucher par un sujet essentiel, réduit dans nos médias à une masse informe "les migrants", alors que des histoires et des traumas habitent ces humains qui fuient l'indicible.