Par "védique", je n'entends pas les imitations vishnouïtes (comme celle des "Harés Krishnas"), ni les margoulineries de la "Méditations Transcendantale" et autres flibusteries mercantiles, mais simplement la tradition védique (=shrauta, smârta).
Très ancienne : il y a de bonnes raisons de penser qu'elle est antérieure à -1000.
Elle forme un corpus d'environ 100 000 versets, si l'on emploie cette manière de mesure.
Cet ensemble a été transmis de bouche à oreille, au moins jusque vers l'An Mille, date des plus anciens manuscrits.
Comment un tel exploit, unique en ce monde, a-t-il été possible ?Grâce à des méthodes de récitation et de mémorisation.
Par exemple, on prend un vers, mettons la première ligne de la Gâyatrî.
On peut la réciter telle quelle (samhitâ pâtha), avec les liaisons et les accents.Ensuite on la récite en séparant bien chaque mot, sans liaison.
Puis on peut la réciter en prenant les mots deux à deux : 1-2, 2-3, 3-4, etc.
Puis on peut réciter ce vers à l'aide de diverses combinaisons, de plus en plus complexes,
expliquées dans cette vidéo :
Voici le document correspondant, en anglais bien sûr :
https://ghanapati.com/wp-content/uploads/2013/04/asirwada-ghana-sanskrit-vol-1.pdf
Ces méthodes peuvent être transposées pour apprendre et savourer n'importe quel texte.
Deux principes sont d'accompagner la récitation de mouvement, en marchant par exemple ; et le second est de bien mettre l'accent sur les voyelles, en distinguant bien les longues des brèves, sachant que "e", "o", "au" et "ai" sont toujours longues. Ne pas hésiter à exagérer.Ensuite on peut étudier les versions chantées des hymnes védiques :
On peut aussi écouter le célèbre style Namboudiri du Kérala, très typé, quoi que peut-être un peu moins consonant :
Une autre source d'inspiration est le rituel de la sandhyâ-vandanam, la "louange [au Soleil] durant les jonctions" de l'aube, de midi, du crépuscule et de la mi-nuit. En général, seule les trois premières sont pratiquées. C'est un rite central, dont il existe des versions dans chaque tradition tantrique, calquées sur l'archétype védique, autour de la célèbre Gâyatrî. A l'origine, c'est un verset de louange au Soleil, ensuite adapté de mille manières selon les divinités que l'on désire adorer.
Une version vishnouïte mais "non-sectaire" (=smârta) du Sandhyâ-vandanam :
Notez les gestes et l'omniprésence des liquides.
Comme cette pratique est celle des jonctions, elle correspond bien sûr aux quatres grandes fêtes annuelles des solstices et des équinoxes. La jonction avec les traditions occidentales, si j'ose dire, est donc assez facile.L'autre grand rituel védique est le rituel du feu. Je n'en trouve pas de version védique sur Internet, mais voici des versions approchantes, d'abord de l'Ârya Samâj, la tradition dans laquelle j'ai reçu mon upanayana. La voix off est en hindî, le reste en sanskrit :
Aujourd'hui le homa est devenu une cérémonie collective et ponctuelle. Mais à l'origine, c'est le rituel védique principal, domestique et quotidien, qui ressemble plutôt à ceci :
Ce sont des sources d'inspirations très riches et je ne peux que les recommander à ceux qui sont intéressés et qui sont prêts à s'y investir.
Et puis, juste pour je-ne-sais-qui, une leçon en sanskrit, très claire, un aperçu de l'ambiance traditionnelle :
N'oublions pas que tout ceci a été et peut à nouveau être transposé. Que l'on soit marcassin, vate, druide ou néo-chamane, tout cela peut être inspirant, à condition de faire l'effort et de renoncer à la soupasse new age.