Je ne serai pas aussi enthousiaste que les nombreux billets élogieux lus sur ce titre… Mais il est possible que je sois une des victimes du syndrome de la deuxième phase, cette fameuse deuxième phase qui fait que l’on va vers un livre après avoir lu de nombreux avis dithyrambiques à son sujet, et que loin de trouver le chef d’oeuvre attendu on se retrouve seulement face à un très bon livre… et que la déception est alors fatalement un peu au rendez-vous. Rien de grave cependant. Car en effet l’écriture de Sylvain Prudhomme est effectivement pleine de charme. Sa présence aussi, ayant eu la chance d’assister dernièrement à une rencontre avec l’auteur. C’est à cette occasion que j’ai d’ailleurs acheté son roman. Lors de la rencontre, la médiatrice et l’auteur étaient restés assez flous sur l’histoire racontée, préférant s’intéresser aux personnages et piochant sans faire attention à la chronologie des extraits au fil du roman. C’était une bonne idée de ne rien dévoiler. Car Par les routes nous raconte en réalité une histoire assez étonnante. Sacha, écrivain, décide en effet un beau jour de s’installer dans un village, appelé V., village dans lequel vit un de ses cousins, mais surtout où le célibataire espère trouver un endroit pour écrire sereinement, et pourquoi pas se réinventer. Invité par son cousin à une fête, il rencontre Jeanne, mais apprend en même temps qu’une ancienne connaissance habite également dans le coin, celui qu’il appelait autrefois l’auto-stoppeur. Sacha est étonné d’apprendre que son ami s’est posé, qu’il vit avec une femme, Marie, et qu’il a eu un petit garçon avec elle. Il reprend contact avec lui, fait la connaissance de Marie et d’Agustin, sans se douter que sa vie va en être bouleversée, ni que l’auto-stoppeur est resté plus fidèle à lui-même que prévu… J’ai aimé, il faut bien le dire, toute l’ambiance assez douce et posée, attentive, du roman. J’ai aimé le personnage de Marie, tourmenté. J’ai été cependant agacée par l’auto-stoppeur, sa façon assez systématique de procéder, son absence égoïste, sa philosophie de vie. Bien qu’installé avec Marie et son enfant, il ne peut en effet s’empêcher de partir sur les routes, de faire de l’auto-stop (pour qui ? pour quoi ?). Fuite ou désir de rencontres ? Il est difficile de le dire, même si les rencontres ont effectivement lieu, photographies à l’appui. Marie les range silencieusement dans un tiroir de la maison. Fatalement, l’absence creuse des sillons dans le couple… et la présence de Sacha est à contrario un réconfort. Je m’attendais sans doute à découvrir de beaux paysages, ou bien à rêver de voyages auprès de l’auto-stoppeur. J’ai été un peu déçue de constater que les aires d’autoroutes le faisaient rêver (bof). Pour autant, il a cette manie charmante de décider de son parcours en fonction de ce que lui évoque les noms des communes, et je me souviendrai longtemps je crois du passage à Orion des personnages. Je ne sais pas comment vous expliquer mieux mon sentiment de lecture. J’ai beaucoup aimé ce livre, mais je suis partagée, partagée entre mon agacement pour l’auto-stoppeur et mon admiration pour Marie, entre mon plaisir de lecture et cette impression que certains passages ont été travaillés, ciselés, plus que d’autres, rendant l’ensemble parfois inégal. Ce livre a été écrit en grande partie dans ma ville, La Roche sur Yon, pendant les deux ans où l’auteur était en résidence. De plus, il est auteur associé du lieu littéraire de ma ville cette année [clic ici]. Parions donc que je n’en resterai pas là.
« Elle était triste. Elle me disait tout cela sur un ton triste. Elle me disait : Je ne suis pas malheureuse quand tu t’en vas. Et elle était malheureuse de me le dire. «
Gallimard – 22 août 2019
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Une autre lecture chez… Nicole
Ce titre a reçu le Prix Landerneau et le Prix Femina 2019