Suite de mes articles sur la Nouvelle-Guinée allemande. Ce protectorat prend fin en 1919, et nous nous étions intéressés aux expéditions plus particulièrement centrées sur le territoire qui s'appelait alors Kaiser-Wilhelms-Land. Nous reprenons donc l'historique, non-exhaustif, de quelques expéditions dans cette région...(Le dernier article, Les Missionnaires de Steyl dans le Sepik, date de juin 2019).
Vers où vogue cette belle brigantine, l'Illyria ? Son propriétaire est un jeune homme très aisé, puisque c’est son père qui lui a offert ce superbe bijou comme cadeau de diplôme. Cela n'est pas sans rappeler La Korrigane, expédition mythique qui se déroula de 1934 à 1936 sous les auspices du musée d'Ethnographie du Trocadéro.
Mais nous sommes quelques années plus tôt, précisément le 14 septembre 1928, et c'est un Américain, Cornélius Crane qui est à bord de son yacht de 90 mètres de long : il vient d’appareiller d’Italie où le bateau a été construit, et vogue vers New York afin d’embarquer l’équipage. Parmi eux, ses amis… mais pas que… il ne s’agit pas d’une croisière ordinaire, son père n’est-il pas membre du Trustees du Field Museum de Chicago ?
Les deux hommes ont mûri l’idée d’une expédition scientifique afin de répéter à petite échelle, notamment dans la région du Sepik, la fameuse Kaiserin Augusta Fluss Expedition de 1912-13 ? Personne, depuis que les territoires n’étaient plus allemands, n’avait vraiment mis les pieds sur les régions situées en amont d’Ambunti, et cela semblait excitant de remonter ce fleuve !
Les scientifiques embarquent, un docteur, un zoologiste, un herpétologiste (chargé d’étudier les reptiles), un ichtyologiste (spécialiste des poissons), un ornithologiste… bref une belle équipe de naturalistes… Rien de plus normal, l’expédition n’est-elle pas placée sous les auspices du fameux musée d’histoire naturelle de Chicago ?
Les compagnons de Cornélius sont sortis d’Harvard : Murry N. Fairbank, Charles R. Peavy et Sidney Nichols Shurcliff ; ces trois là s’occuperont de la photographie et des films ! La collecte d’artefacts n’est pas dans leurs priorités, mais ce qui l’est et ce qui va constituer leur apport des plus précieux, ce sont les témoignages visuels qu’ils vont rapporter !
Stanley N. Shurcliff relate dans son ouvrage Jungle Islands, paru en 1930, leur départ avec des malles de médicaments, des motos et même un avion à ailes repliables ! Ce dernier et les motos (à l’exception d’une seule ! )… ainsi qu’un chien mascotte seront très vite débarqués !
Après Cuba, Haïti, Panama, les Galapagos, Les Marquises, Moorea, Tahiti, les îles de la Société, Fidji, les Nouvelles-Hébrides, les Salomon, un voyage plus ou moins haut en couleur et plus ou moins passionnant du point de vue des collectes d’espèces naturelles, les voilà en mai 1929 à Rabaul en Nouvelle-Bretagne.
À suivre...
Sources et Photos in Jungle Islands de Sidney Schurcliff, 1930.