Pour les PME, aujourd'hui, le règlement et le traitement des factures des fournisseurs font partie des activités les moins automatisées de la gestion d'entreprise. La faute en revient à des systèmes bancaires archaïques qui, au mieux, acceptent de prendre en charge (en général à grands frais) des paiements par lots, à condition de préparer des fichiers d'instructions dans un format propriétaire ou, au pire, exigent de formuler et transmettre des ordres de virement unitaires au sein de leurs applications.
Face à ce fonctionnement d'un autre temps, Xero, qui souhaite simplifier la vie des entrepreneurs et de leurs directeurs financiers, a donc imaginé un service qui leur permettrait, depuis son interface, de déclencher en un clic le paiement d'une (ou plusieurs) facture(s) enregistrée(s) à partir du compte bancaire de leur choix, d'appliquer au passage un filtre de détection de fraude, de réceptionner la confirmation de l'exécution et de réconcilier automatiquement les opérations dans les livres. Évident, n'est-ce-pas ?
Or il semblerait qu'aucun établissement historique ne soit à ce jour en mesure de proposer dans des conditions raisonnables la solution qui rende possible une telle vision (qui ne paraît pourtant pas très complexe à implémenter) puisque c'est TransferWise – dont ce n'est évidemment pas le métier, bien qu'elle en possède les capacités, par essence – qui a été retenue pour gérer les transferts au niveau opérationnel.
La présentation de l'initiative donne de précieuses indications sur les critères qui ont probablement fait pencher la balance vers la startup. En premier lieu, l'intégration par API est soulignée, aussi bien pour l'envoi des ordres que pour la collecte des confirmations, et il s'agit d'un facteur de rapidité et de souplesse de mise en œuvre, que TransferWise sait offrir nativement tandis que les banques traditionnelles sont toujours en retard sur le sujet (et, souvent, se posent encore la question de son opportunité !).
Qu'un acteur comme TransferWise parvienne, sur son activité principale, à conquérir plus de 15% de parts de marché au détriment des banques devrait, en principe, inquiéter ces dernières, à moins qu'elles n'estiment que ce domaine n'est pas stratégique pour leur avenir (?). Quand le même réussit à s'imposer sur un secteur adjacent, où, selon toute vraisemblance, il ne fait guère d'efforts commerciaux, ne serait-il pas urgent de remettre en cause les modèles historiques ? Ne faudrait-il pas commencer à paniquer ?