Que les spectateurs les moins friands de courses automobiles se rassurent immédiatement, si Le Mans 66 évolue bel et bien dans le milieu automobile, l’intérêt du film réside toutefois davantage dans la relation entre ses deux personnages principaux. A travers leur folle épopée, James Mangold livre effectivement un long-métrage profondément humain, confrontant habilement la passion à l’économie, les apparences à la réalité, l’image à la communication. Guidés avant tout par leur amour de la course, les deux hommes ont la lourde tâche de parvenir à imposer leur savoir-faire « artisanal » au sein d’un environnement « industriel ». Certes, les deux camps sont animés par un même but, construire une voiture capable de vaincre Ferrari au Mans, mais les motivations derrière ce but ne pourraient pas plus différer. Là où les industriels Ford voient une occasion en or d’asseoir encore un peu plus leur position capitaliste dominante, le constructeur et son pilote perçoivent, quant à eux, une opportunité de marquer durablement l’histoire du sport automobile. Plus que l’affrontement entre Ford et Ferrari, c’est ainsi surtout cette opposition complexe que le film aborde. Avec une efficacité redoutable puisque, malgré une construction narrative relativement balisée, le récit s’avère palpitant.
Avec Le Mans 66 (Ford v. Ferrari en VO), James Mangold signe donc un biopic fascinant, porté par deux acteurs complètement habités. Plus que l’affrontement entre Ford et Ferrari, le film traduit surtout l’amour du sport automobile et l’approche romantique des passionnés qui le pratiquaient à l’époque. Une œuvre exaltante, à la fois spectaculaire et profondément intime.