19 h 56, lundi 25 juin. Une dizaine de cinéphiles patientent en silence à l'extérieur de la salle 22 du Liberté, à Brest. Dans un instant, celle-ci sera pleine comme un oeuf. Il est vrai que la fête du cinéma bat son plein et que les allées du multiplexe fourmillent de cinéphiles, toutes générations confondues. D'emblée, alors que les premières images de "Fragile(s)" emplissent l'écran, un frémissement est perceptible. A première vue, ce public-là sait ce qu'il est venu chercher... Et Martin Valente saura faire montre d'une indéniable créativité pour le tenir en haleine jusqu'à la fin.
Film "choral", à la manière du désormais classique "Magnolia", "Fragile(s)" réunit les préceptes de ce genre désormais très en vogue. D'abord présentés isolément, les personnages finissent donc par se croiser, mais pas forcément dans les conditions qu'on aurait imaginées... Entre chacun de ces protagonistes, se découvriront en effet des liens insoupçonnés...
Divertissant à souhait, parfois extrêmement drôle (quelques "running gags" plutôt réjouissants), "Fragile(s)" n'en est pas moins une comédie dramatique en forme de parabole sur la fragilité de l'être et de l'existence. Tout ne tient bien sûr qu'à un fil, et le tisserand Valente manie l'aiguille avec dextérité. Tirant d'adroites ficelles, le réalisateur se révèle particulièrement convaincant.
Outre le casting de rêve (pour n'en citer qu'une poignée : Marie Gillain, Sarah Martins pour les filles ; Jean-Pierre Darroussin et François Berléand côté mecs), Fragile(s) mérite aussi qu'on s'attarde sur les quelques chansons qui ponctuent l'opus (An Pierle, entre autres), et la musique originale signée Denis Mériaux, qui épouse avec un certain bonheur les multiples rebondissements du film.
A voir d'urgence dans toutes les bonnes salles !