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Ça ne prévient pas, ça arrive

Publié le 12 novembre 2019 par Morduedetheatre @_MDT_

Ça ne prévient pas, ça arrive

Critique d’Un jardin de Silence, de L, vu le 27 octobre 2019 à La Scala Paris
Avec L, Thomas Jolly, et Babx mis en scène par Thomas Jolly, mis en musique par Babx

Allons-y carrément : il est de notoriété publique que je n’apprécie pas les mises en scène de Thomas Jolly. Je n’ai pas été convaincue par les deux spectacles que j’ai vus, Thyeste et Arlequin poli par l’amour. Mais Un jardin de silence, c’était autre chose. Je me suis dit que c’était l’opportunité de renouer avec le travail d’un metteur en scène peut-être plus surprenant que je ne l’imaginais. J’espérais même faire taire les mauvaises langues – et la mienne en premier – pensant que je ne pourrai changer d’avis sur ses spectacles. Je ne peux pas dire que j’ai totalement changé d’avis, mais on tient quelque chose.

Dans Un Jardin de silence, L incarne Barbara. Sans chercher à l’imiter, elle cherche à la ramener sur la scène le temps d’une soirée : extraits d’interviews diffusés ou joués sur scène, tenue noire, quelques éléments importants de sa vie, et ses chansons bien évidemment alimenteront ce spectacle. Si certains choix sont surprenants et bien trouvés, d’autres m’ont moins convaincue.

J’ai eu l’impression à plusieurs reprises d’être à nouveau confrontée aux écueils déjà pointés du doigt lors de Gainsbourg point barre à la Comédie-Française : nourrir son spectacle d’extraits d’interviews a quelque chose de superficiel qui ne prend pas. Et je pense que le problème est le même pour Barbara qu’il l’était pour Gainsbourg : ce sont des personnages tellement uniques, tellement hauts en couleur, que confronter ce qu’ils étaient avec ce qu’on propose sur scène produit un décalage qui me dérange. Résultat : plus le spectacle avance, plus les extraits audio s’accumulent, plus on se détache du spectacle. D’autant qu’entre la voix de Barbara, la lumière tamisée et les musiques douces, le moment se transforme lentement en une douce berceuse qui n’aide pas au schmilblick.

Cependant, je dois dire que j’ai été plutôt convaincue par le reste du spectacle. Je veux dire, au-delà des chansons qui sont très bien interprétées par L – et tout particulièrement La Solitude – que tout ce qui n’est pas directement Barbara est très réussi. Ou plutôt tout ce qui est Barbara sans qu’on le sache déjà. Je pense à ce qu’on apprend de son engagement dans la lutte contre le Sida, mais aussi les chansons qu’elle a interprétées sans en être l’auteur (les chansons des débuts ?) ou encore l’ouverture du spectacle qui, pour le coup, a un lien moins direct avec la chanteuse mais est tout aussi chouette à présenter – mais je laisse le suspens !

Et puis je suis contente d’avoir aperçu un autre pan du travail de Thomas Jolly. Evidemment mon côté morue ne peut s’empêcher de pointer du doigt ses petits travers de cabotin mais la mordue qui est en moi doit reconnaître que j’ai découvert un comédien bien différents :  j’arrive à l’écouter sans pester et sa voix est douce et chaude à mon oreille. Son interprétation des Amis de Monsieur est un régal ! Pour ce qui est du metteur en scène, on est aussi sur une petite réconciliation : je connaissais son amour pour les spots de fond de scène éclairant les comédiens par l’arrière mais si j’ai toujours trouvé ça agressif et un peu « trop » dans ses mises en scène, j’ai été bien plus réceptive ici. Le dispositif a quelque chose de bien plus doux malgré sa puissance, qui confère aux comédiens une sorte d’aura câlinante les mettant très en valeur. J’apprivoise petit à petit ce magicien des lumières qui propose un montage de lumières intéressant au-dessus de la scène avec une disposition en escaliers qui parviennent à créer de superbes atmosphères. Me voilà presque prête pour Starmania.

Un spectacle… apaisant.

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Ça ne prévient pas, ça arrive


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