On pourrait dire de lui qu’il a voulu être important mais inconnu. S’il est quelques portraits de lui (ci contre, par Paul Signac), on sait aussi qu’il répugnait à poser. Au ministère de la guerre où il a travaillé plusieurs années, ce n’est que tardivement qu’on lui a su des convictions anarchistes.
Aucun parti, semble-t-il n’a obtenu son adhésion. Il a cependant réagi aux « lois scélérates » muselant la presse au prétexte de préserver « les libertés publiques », encourageant à la délation, et qui déboucheront notamment sur le « procès des trente ». Il sera parmi ces trente inculpés (dessin de Maximilien Luce) dont trois seulement seront condamnés. C’était en 1894.
C’est par son activité de critique littéraire (il publie Les Illuminations de Rimbaud et se lie avec Mallarmé) et de critique d’art (il découvre Seurat et les « néo-impressionnistes ») qu’il est aujourd’hui célébré au Musée de l’Orangerie, après l’avoir été au Musée du Quai Branly - Jacques Chirac.
Il a mis en évidence l’intérêt des « arts lointains », comme il les nommait, ce qui est beaucoup plus juste que nombre d’autres appellations (primitifs, par exemple). De superbes masques et objets sont exposés dans le Musée de l’Orangerie.
Les visiteurs y circulent dans un espace ouvert et lumineux où les oeuvres de Seurat tiennent une place de choix. On découvre des toiles de Maximilien Luce. On croise ceux de la Revue blanche, Bonnard, Toulouse Lautrec, Signac, Matisse, Modigliani, Vallotton et d’autres que Félix Fénéon exposait à la Galerie Bernheim-Jeune et qu’il a su montrer et collectionner.
Luce - Matisse
Bonnard
Enfin, c’est aussi par ses Nouvelles en trois lignes qu’il s’est fait connaître, racontant en peu de mots, avec humour et style, des faits divers.
L’exposition est visible au Musée de l’Orangerie, à Paris, jusqu’au 27 janvier 2020.