Elbow - Giants of all sizes
Il y a des groupes qui demandent une certaine écoute plus attentive que d'autres. C'est le cas du groupe mancunien d' Elbow. À chaque sortie d'album, il nous faut du temps pour nous plonger dedans correctement - c'est-à-dire sans distraction - et profiter pleinement de cette nouvelle expérience. C'est ce qui explique qu'on ait pas encore parlé de Giants of all sizes, le 8e album d'Elbow sorti le mois dernier. Il nous fallait l'apprivoiser en bonne et due forme. Voilà qui est fait.
Après Little Fictions sorti en 2017, Elbow revient avec un album sombre et pesant reflet comme toujours de ce qui entoure le groupe : Brexit, deuils en tout genre, catastrophes... Tout un programme. Et tout ce poids se ressent dès l'ouverture de Giants of all sizes. La ligne de basse de Dexter & Sinister vient ancrer les choses, dès les premières secondes. On n'est pas là pour rigoler. Pas étonnant de retrouver ce morceau en début d'album, d'ailleurs. Véritable mutant musical de près de 7 minutes qui change d'ambiance constamment au fur et à mesure de l'écoute, c'est aussi le reflet de ce qu'Elbow va faire tout au long de l'album : osciller d'un style à l'autre, d'une humeur à l'autre. Une marque de fabrique du groupe qui n'aime pas se reposer sur ses acquis. On va ainsi passer d'un morceau lourd ( Dexter & Sinister, White noise white heat) à des titres beaucoup plus feutrés et complexes ( Seven Veils, Empires, My trouble). Le seul point commun entre ces neufs morceaux est sans doute le niveau de qualité et d'exigence que le groupe arrive à atteindre.
Car c'est bien là que tout le talent d'Elbow réside : cet équilibre entre textes joliment écrits, enluminés par des arrangements fins et toujours recherchés, et une production léchée. Les albums d'Elbow sont donc naturellement toujours un délice pour les oreilles, si tant est qu'on ait la sensibilité suffisante pour accrocher à ce rock intelligent et profond.
On aime bien comparer les albums d'Elbow à un voyage - tant on voit défiler de nombreux paysages différents au fil de l'écoute. Avec Giants of all sizes, on est entré dans un tunnel bien sombre dès le premier morceau et on ressort avec Weightless, sorte d'hymne lumineuse et aérienne, qui vient marquer la fin du trip. Un voyage intense, mais nécessaire.