ANTIBIORÉSISTANCE : En 20 ans Helicobacter pylori est devenu deux fois plus résistant

Publié le 12 novembre 2019 par Santelog @santelog

La résistance aux antibiotiques couramment utilisés pour traiter les bactéries nocives responsables de différents troubles digestifs, a plus que doublé en 20 ans, révèle cette étude présentée à la UEG (United European Gastroenterology) Week Barcelona 2019. L’étude estime dans les différents pays d’Europe les taux de résistance d’Helicobacter pylori à la clarithromycine, des données qui concordent avec les rapports de décès liés à l’antibiorésistance.

La résistance aux antibiotiques se produit lorsque les bactéries développent la capacité de survivre à l'exposition aux médicaments antimicrobiens indiqués pour les éliminer ou arrêter leur croissance. L’antibiorésistance est l’une des plus grandes menaces pour la santé publique, elle cause déjà plus de 750.000 décès chaque année. La résistance de H. pylori est elle-aussi devenue, ces dernières années, un problème majeur : en 2017, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a identifié H. pylori résistant à la clarithromycine comme une superbactérie dangereuse prioritaire en regard du développement de nouveaux antibiotiques.

L'exemple d'une infection courante, complexe et extrêmement résistante

L’étude a suivi 1.232 patients de 18 pays européens, a étudié la résistance aux antibiotiques pris régulièrement contre l’infection à Helicobacter pylori (H. pylori), cette bactérie nocive associée à un ulcère gastrique, au lymphome et au cancer gastrique. La résistance à la clarithromycine, l’un des antimicrobiens les plus couramment prescrits pour éradiquer H. pylori, est passée de 9,9% en 1998 à 21,6% l’année dernière. La résistance à d’autres antibiotiques comme la lévofloxacine et le métronidazole a également augmenté.

L’infection à H. pylori est déjà une maladie complexe à traiter, nécessitant une combinaison de médicaments. L’auteur principal, le professeur Francis Megraud, alerte : « Les taux de résistance aux antibiotiques couramment utilisés, tels que la clarithromycine, augmentent à un taux alarmant de près de 1 % par an, les options de traitement pour H. pylori deviennent progressivement limitées et inefficaces. Cette moindre efficacité des thérapies actuelles pourrait favoriser des taux élevés d’incidence du cancer gastrique et d’autres affections telles que l’ulcère peptique, en cas de pharmacorésistance croissante ».

L’infection à H. pylori est l'une des infections bactériennes les plus courantes chez l'homme. On estime qu'elle est présente chez la moitié de la population mondiale. H. pylori provoque une inflammation de la muqueuse gastrique, à savoir une gastrite, pouvant entraîner des ulcères peptiques. H. pylori est également le principal facteur de risque de cancer gastrique, la septième cause de décès par cancer en Europe et la 3è dans le monde.

H. pylori présente un taux de résistance extrêmement élevé à la clarithromycine. En particulier, dans le sud de l’Italie (39,9%), en Croatie (34,6%) et en Grèce (30%). Ces niveaux élevés de résistance sont documentés comme liés à la surconsommation d'antibiotiques pour des pathologies telles que le rhume et la grippe, et à un manque de stratégies de bon usage des antibiotiques.

Les taux de résistance « primaire » de H. pylori à la clarithromycine en Europe en 2018 (%) ont été estimés à :

  • Italie du Sud : 36,9
  • Croatie : 34,6
  • Grèce : 30,0
  • Pologne : 28,5
  • Bulgarie : 26,9
  • Irlande : 25,6
  • Autriche : 23,5
  • France : 22,5
  • Allemagne : 22,2
  • Portugal : 20,0
  • Belgique : 17,4
  • Espagne : 17,1
  • Slovénie : 16,0
  • Lituanie : 13.0
  • Pays-Bas : 9.2
  • Norvège : 8,9
  • Lettonie : 6,8
  • Danemark : 5,0

Des résultats donc plus que préoccupants, en particulier lorsqu’il s’agit d’H. pylori, la principale cause de cancer gastrique.

Source : UEG Week Barcelona 2019 20-Oct-2019 Resistance to antibiotics doubles in 20 years, new study finds (Diagramme UEG)

Plus sur l’Antibiorésistance

Équipe de rédaction Santélog Nov 12, 2019Rédaction Santé log