Le Carlitablog world tour se poursuit avec cette fois ci une étape étrangère, Vienne nous voici.
L'onirisme géométrique du maître du Bauhaus se pose chez Albertina à Vienne. Heureuse Albertina! Elle expose une donation de 65 oeuvres de Paul Klee qui vient d'enrichir ses collections. Comme toujours, l'identité immédiatement reconnaissable de ses travaux n'empêche pas un effet de renouvellement permanent. C'est que le maître de Bauhaus a un don rare : celui d'inventer des formes inconnues et suggestives, des images jamais aperçues auparavant, des expressions condensées d'une poésie personnelle et universelle. A l'écart de la lignée triomphale des mouvements de la modernité, c'est une peinture qui fait figure mais qui n'est pas figuration, qui ne s'encombre pas de la réalité ou de la lisibilité. Possédant ce qu'on peut nommer "l'oeil intime", l'artiste a l'audace d'explorer des terres jusqu'alors interdites. Comme les rêves, ses oeuvres ignorent le principe de la contradiction, la distinction entre l'imaginaire et la vision, les contraintes que nous imposent la pesanteur. C'est encore le réel et c'est déjà ailleurs. Parfois grave, la production plastique de Klee se caractérise toutefois par son ironie, plus allusive que soulignée, qui doit "permettre de surmonter toute chose". Ainsi, les Carrés magiques, où la régularité sévère d'une forme géométrique se voit envahie par un désordre qui nie toute possibilité de stabilité définitive, sont une parfaite illustration de l'humour plastique.
On l'aura compris, "Jeu de formes" n'est pas seulement le titre de l'exposition.
Et n'oubliez pas Google est votre ami au cas où.