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Leila Olivesi Nonet: la Suite Andamane colore le Studio de l'Ermitage

Publié le 07 novembre 2019 par Assurbanipal
Leila Olivesi Nonet: la Suite Andamane colore le Studio de l'Ermitage

Glenn Ferris par Juan Carlos HERNANDEZ

Concert de sortie de l'album " Suite Andamane "

Paris. Studio de l'Ermitage.

Mercredi 6 novembre 2019. 20h30.

Leila Olivesi: piano, composition, direction

Yoni Zelnik: contrebasse

Manu Codjia: guitare électrique

Donald Kontomanou: batterie

Glenn Ferris: trombone

Quentin Ghomari: trompette

Baptiste Herbin: saxophone alto, flûte

Adrien Sanchez: saxophone ténor

Jean-Charles Richard: saxophone baryton

Chloé Cailleton: chant

Pour commencer, la Suite Andamane, titre de l' album encensé sur ce blog. La Mer d'Andaman est une partie de l'Océan indien qui lui même est une des 5 parties du grand Océan qui couvre environ 70% de la planète Terre. C'est une journée sur ses rivages que décrit cette musique.

Cela commence avec l'aurore et un " Jeu de vagues.I. ". Cf extrait audio au dessus de cet article. La musique s'étire, se déroule. Les rayons du soleil percent, surgissent de la mer. Cela commence comme une flânerie. Leila Olivesi et Manu Codjia installent l'ambiance. La pulsation de la rythmique s'installe alors que les cuivres jouent des vagues douces. Le groupe est mieux rodé que lors d'un précédent concert le 20 décembre 2018. Le travail a porté ses fruits. La musique se fait plus animée, plus vive. Le soleil donne. La Nature bouillonne de vie. Tout le groupe décolle, groupé, écartant les nuages, faisant surgir le soleil.

Yoni Zelnik et Donald Kontomanou installent une pulsation bien swinguante. C'est très Dukish tant dans le concept (le carnet de voyage), que dans l'écriture musicale et l'interprétation. En 2013, Leila Olivesi gagnait le concours Ellington Composers, exploit salué sur ce blog. Elle reste dans cette belle filiation. Entre les grognements du trombone de Glenn Ferris (cf. photographie au dessus de l'article) et de la trompette bouchée de Quentin Ghomari et les souffles des saxophones. Ca swingue, c'est coloré, chatoyant et nous raconte une belle histoire de voyage. Solo de Baptiste Herbin à l'alto bien poussé par le groupe.

Après l'agitation, le calme. " Fleur andamane ". Une jeune fille pleure à l'ombre d'une pagode au sommet de la montagne. Baptiste Herbin est à la flûte pour jouer les pleurs de la demoiselle. Les saxs sont nostalgiques à souhait. Batteur aux balais. C'est le chagrin d'amour dans un décor paradisiaque. Le trombone grogne. Les saxs nous jouent les soupirs de la jeune fille en pleurs. Ils jouent même le chant des bonzes dans la pagode pour accompagner le solo de flûte puis de guitare. Ca semble aller mieux pour la jeune fille. La musique se déploie de nouveau joyeusement, laissant entrer le soleil.

Tous les souffleurs quittent la scène. Chloé Cailleton y paraît.. " Black widow ". Une histoire d'amour triste. Cette veuve noire n'est pas une araignée mais elle vous trotte dans la tête tout de même. Solo de piano en introduction. Jeu en double dames entre piano et chant. La rythmique se lance et la guitare ajoute ses traits tranchants et métalliques. La chaleur froide propre à Manu Codjia. Premier solo de guitare bien rock. Avec de la saturation maîtrisée comme il le fait si bien. Solo de piano où les notes de piano sont distillées par grappes.

" Satin Doll " ( Duke Ellington). Retour du nonet avec la chanteuse pour invitée. La poupée de satin brille toujours autant depuis sa création en 1953. Mamzelle Chloé s'en sort bien quoiqu'elle ne soit pas une vamp. Echange entre le piano de Leila Olivesi et le saxophone baryton chaud et clair de Jean-Charles Richard. Un hommage au dialogue entre Duke Ellington (le passager) et Harry Carney (le chauffeur de la voiture). En effet, Duke Ellington voyageait sans son orchestre dans une voiture individuelle conduite par le sax baryton de l'orchestre, Harry Carney, maître de la respiration circulaire, technique qui lui permettait de tenir les notes si longtemps et si bien. Solo de flûte rejoint par le groupe pour un final voluptueux.

Un poème écrit par la mère de Leila, Djamila Olivesi, " Les amants ". Un hommage à Aïcha Kandicha, la sorcière du désert. Leila lit le poème, hermétique à mes oreilles. Les souffleurs sont partis. Chloé chante le poème. Une ballade. Je n'accroche pas au texte mais la musique est agréable. Batteur aux balais. Joli solo de contrebasse.

Solo du batteur aux baguettes sur les tambours pour commencer. Ca roule en douceur. Donald accélère et fait vibrer les tambours comme une mémoire d' Afrique. Il repart à mains nues puis aux balais, bien poussé par la contrebasse. La rythmique accompagne le scat de Mamzelle Chloé. Le quartet est reparti propulsant la voix. Le poème devient une suite pour quartette et voix de femme. Glenn Ferris fait sa pause syndicale à côté de moi. Je peux témoigner qu'il marche à l'eau claire, écoute attentivement et applaudit ses camarades de jeu.

La chanteuse sort de scène. Le trompettiste y retourne. " Geri's house " une composition de Leila Olivesi à la pianiste Geri Allen, une de ses inspiratrices majeures comme femme, créatrice et pianiste. Elle se souvient d'un concert de Geri Allen au sein du groupe d' Ornette Coleman. Elle ne comprenait rien à ce Free Jazz si différent de tout ce qu'elle connaissait. En se concentrant sur le jeu de la pianiste, une femme sur le même instrument qu'elle, elle s'est identifiée et a fini par entrer dans le jeu apparemment déréglé d'Ornette et de ses complices. Un morceau vif, passionné qui met en valeur la trompette de Quentin Ghomari, magicien de l'instrument. Beau solo de piano, bluesy, soutenu par le bassiste et le batteur aux baguettes. Le quintet part avec un beau dialogue entre le tranchant de la guitare et la rondeur de la trompette.

" Skype tear ", un poème sur les chagrins d'amour sur la Toile de nos désirs. Le trompettiste a quitté la scène. Retour la chanteuse et d'A lexis Sanchez (sax ténor). Ballade. Batteur aux balais. Beau son de ténor, nostalgique à souhait. Une ville, la nuit, sous la pluie. L'eau coule sur les vitres dehors et sur les joues dedans.

Dernier morceau. Glenn Ferris quitte le rôle de spectateur et redevient acteur en revenant sur scène. " Acacia Tree ", poème de Karine Ancelin, dédié à cet arbre du désert à l'ombre bienveillante. Duo piano&voix pour commencer. Honneur aux Dames! Puis un duo hanté entre trompette et piano. La contrebasse pèse de tout son poids, en souplesse, pour remplacer le piano dans le duo. La rythmique s'y remet et nous joue la pulsation du désert. Le sax ténor ajoute un souffle de simoun.

RAPPEL

Reprise du 3e et 4e mouvement de la Suite Andamane par le nonet augmenté de la chanteuse. Cette fois, le public doit verser sa part en chantant.

Il y avait presque un an entre le précédent concert de ce groupe et celui-ci. Du moins pour ceux auxquels j'ai assisté. Depuis, l'album " Suite Andamane " est sorti et le programme est de mieux en maîtrisé, tant pour la technique utilisée que pour l'émotion déployée. Leila Olivesi sait ce qu'elle veut, elle s'y tient et elle l'obtient. Pour le plus grand bonheur des spectateurs. Souhaitons nous, égoïstement, lectrices agiles, lecteurs habiles, de nombreuses occasions de savourer cette musique sur scène, dedans comme dehors, automne comme été.

La photographie de Glenn Ferris est l'oeuvre du Vertueux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales .


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