Nicolas Sarkozy a livré un large entretien au quotidien LE MONDE mercredi 16 juillet. L'essentiel de son intervention traite de la réforme des institutions. Le Président tente de convaincre la majorité suffisante des parlementaires pour faire passer le texte. Une dizaine de députés UMP restent hostiles, comme la gauche à l'exception des Radicaux.
La vraie "surprise" est l'incohérence générale de la démarche de réforme qui se révèle au cours de l'entretien.
1. Sarkozy l'a promise pendant la campagne
2. Sarkozy a quand même créé une commission (Balladur)
3. Ses recommandations sont quasi-identiques aux promesses du candidat
4. Sarkozy décide seul des ultimes ajustements.
Le Président accorde en effet davantage de parole à l'opposition, tant dans les médias qu'à l'Assemblée pendant les questions d'actualité, le droit à créer un certain nombre de commissions d'enquête, et sa participation à la commission indépendante sur le redécoupage électoral, et qu'elle sera "associée à la détermination du mode d'élection des députés des Français de l'étranger. " Que les "socialistes sincères" se réveillent !
Extraits.
De l'utilité de la Commission Balladur
" Je n'ai pris personne en traître : j'avais annoncé durant ma campagne que je réformerais les institutions. Les mesures annoncées, à une ou deux exceptions près, figuraient toutes dans mon programme présidentiel."
Sur l'esprit de clan
"Je veux dégager la pratique du pouvoir de l'esprit de clan, de secte et de "partisannerie", en donnant plus de pouvoir au Parlement, plus de possibilités de recours aux citoyens et en encadrant davantage les pouvoirs du président de la République."
Sur la parole présidentielle sans limite.
"Je prends l'engagement que des garanties seront apportées pour que l'opposition puisse répondre chaque fois que le président de la République tiendra un propos qui concerne la politique française."
Est-il un despote éclairé ?
"Je rappelle qu'à la différence d'un despote, je suis élu"
"Honnêtement, je ne suis pas un fanatique de la dissolution depuis l'exemple de 1997, mais, dans certains cas de blocage, cela peut servir."
Déléguer quoi ? La présidence de l'Union européenne ne se délègue pas, même si nous nous sommes partagé les voyages en Europe avec François Fillon. La présidence de l'Union pour la Méditerranée non plus."
Sur les syndicats
"jamais les discussions avec les syndicats n'ont été aussi fructueuses. Jamais un président n'a autant vu les syndicalistes. Je ne les bouscule pas. Quand je dis qu'on peut faire grève sans paralyser le pays, c'est la vérité."
Le même jour, l'Assemblée National adoptait le projet de loi de service minimum à l'école.
Il" impose l'accueil à l'école des enfants de maternelle et de primaire en cas de grève ou d'absence "imprévisible" d'un professeur qui n'a pu être remplacé. Cette obligation a été étendue aux élèves des écoles privées sous contrat avec l'Etat." Ce texte a pu passer avec 77 voix favorables. Il est examiné "en urgence" en session d'été. Hasard ?
Le même jour, les syndicats échouaient à se mettre d'accord avec le patronat sur la prise en compte de la pénibilité dans l'âge du départ en retraite. Trois ans de discussions pour rien.
Les organisations syndicales demandaient, en effet, que soit créé un dispositif de départ anticipé en retraite pour les salariés ayant exercé des tâches pénibles, ce que la délégation patronale a interprété comme "la mise en place de nouveaux régimes spéciaux". Les employeurs proposaient un régime de départ progressif deux ou trois ans avant l'âge normal de la retraite, sous forme d'un mi-temps payé 60 % de l'ancien salaire, à condition que l'Etat paye les 40 % complémentaires.