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Joan Boix fait partie de ces auteurs – dessinateurs dont on avait un peu zappé le travail, et surtout le nom, même si à l’occasion, une ou deux de ses histoires ont bien du nous passer sous les yeux dans quelques revues de bande dessinée, nous marquer et immanquablement la rétine.
Toujours est-il que les éditions Mosquito, après avoir proposé un recueil de son « Robny le Clochard » en 2016, ont récidivé en février de cette année, avec ce recueil des histoires du gardien de phare Jonathan Struppy.
Lorsque l’on parcoure les récits remplis de tristesse et de fatalité, souvent, des ancêtres aventuriers de ce vieil homme, isolé dans son phare , dernier d’une lignée de navigateurs et seul qui n’a jamais quitté la terre ferme, on ressent une partie des émotions éprouvées à la lecture des classiques d’horreur des années 70. Il faut préciser que Joan Boix n’est pas un amateur découvert en 2016, à l’occasion du premier recueil espagnol de ces histoires, chez Aleta, publiées originellement sous la forme de trois « tebeos » en 1998 et 2000 en auto édition (1), mais est présent dans le métier depuis les années cinquante. Il a cependant concrètement marqué à sa manière ces fameuses années soixante-dix, avec des récits d’horreur ou de suspense justement, que ce soit pour Marvel avec les Monsters Unleasehd, Eerie (Rufus en Espagne), Creepy (Wampus), Fog (chez Arédit), ou dans les années quatre-vingt dans les revues Thriller, Circus, ou Cimoc, Totem, mais encore 2000AD. Son style graphique, certes relativement classique, au trait noir et blanc, dans la ligne assez traditionnelle des auteurs espagnols que l’on a pu découvrir dans ces années-là , bien que l’on puisse y trouver aussi un peu de réminiscences d’autres bandes, italiennes celles-ci, de l’écurie Bonelli , délivre néanmoins toute sa qualité dans les pages moyen format de l’édition Mosquito, dont les cases sont couchées sur un papier au grammage adéquat et à l’impression éclatante. Quant aux scénaarii, Joan Boix fait partie de ces auteurs dont le talent de conteur n’est pas à démonter. Ce qui peut paraître impénétrable au premier regard, avec des filiations anciennes et des souvenirs lus par le gardien de phare, via de vieux manuscrits, prend rapidement le ton d’un livre du soir, que l’on a adoré écouter, enfant, blotti sous ses draps. Le vieux Jonathan réagit à l’occasion, de ses remarques outrées, et redonne du rythme au récit. Tout un art… Que l’on voyage en arctique sur les traces de Jérémy, lors d’une expédition polaire qui tournera mal, du hollandais volant, co équipier de Joan, Mateo, amant de la femme esclave de son capitaine, alors que la peste fait rage, Morgan le corsaire, Ofir le péhnicien, Lucrecia riche propriétaire en Jamaique, tous ces récits donnent l’occasion de voyager au fil des siècles par procuration, mettant en avant cet amour de l’aventure et de l’histoire, si propre à certaines BD classiques. Cette édition permet de réaliser l’aubaine que l’on a de pouvoir se délecter de récits, restés trop longtemps oubliés dans les pages jaunies de revues maintenant assez anciennes. Il est cependant un peu dommage que la politique éditoriale des éditions Mosquito ne juge pas utile la présentation de quelques pages sur l’auteur dans ses publications « classiques ». C'est pourquoi on se reportera sans retenu sur excellent travail patrimonial produit par Gilles Ratier sur BDzoom.com : http://bdzoom.com/97925/patrimoine/joan-boix-un-maitre-espagnol-inconnu-en-france/ FG (1) Tebeos toujours commandables sur son blog d’ailleurs : https://joanboix-art.blogspot.com/
« Le Phare » de Joan Boix
Éditions Mosquito (18€) – ISBN : 9782352835134