Entre tenir bon,
et laisser tomber,
je me demande
comment faire
la différence.
Ce doit être un peu comme
la différence
entre le paradis et l’enfer,
mais comment, à l’avance,
le savoir ?
Si laisser tomber
c’est dire non,
alors que veut dire
tenir bon ?
Allons.
Peut-on retenir quelqu’un ?
Le puis-je ?
L’impossible énigme,
le cercle fermé,
pourquoi
la foudre frappe-t-elle cette maison
et pas une autre ?
Ou, est-il vrai
que l’amour est aveugle
jusqu’à ce qu’il soit défié par le pont-levis
de l’esprit ?
Mais, cela dit,
on doit admettre que ses propres définitions
sont irréelles.
Nous n’en savons pas assez sur l’esprit,
ni comment l’énigme de l’imagination
dicte, découvre,
ou peut disséquer ce que nous ressentons,
ou ce que nous trouvons.
Peut-être
faut-il apprendre à faire confiance
à sa propre terreur :
tenir bon,
laisser tomber,
c’est faire erreur :
la foudre n’a pas le choix,
le tourbillon a une voix.
*
Conundrum (on my birthday) (for Rico)
Between holding on,
and letting go,
I wonder
how you know
the difference.
It must be something like
the difference
between heaven and hell
but how, in advance,
can you tell?
If letting go
is saying no,
then what is holding on
saying?
Come.
Can anyone be held?
Can I—?
The impossible conundrum,
the closed circle,
why
does lightning strike this house
and not another?
Or, is it true
that love is blind
until challenged by the drawbridge
of the mind?
But, saying that,
one’s forced to see one’s definitions
as unreal.
We do not know enough about the mind,
or how the conundrum of the imagination
dictates, discovers,
or can dismember what we feel,
or what we find.
Perhaps
one must learn to trust
one’s terror:
the holding on
the letting go
is error:
the lightning has no choice,
the whirlwind has one voice.
***
James Baldwin (1924-1987) – Jimmy’s Blues (1983) Jimmy’s Blues & Other Poems (Beacon Press, 2014) – Traduit de l’américain par Stéphane Chabrières.