Lucette Almansor est la véritable vestale du temple célinien, "C'est Céline qui importe, moi je ne suis rien", habitait toujours la maison de Meudon où il ne reste guère de souvenirs, deux incendies ayant ravagé le pavillon. Couverte de dettes, elle avait dû le vendre en 2018 à un voisin, "vente à terme avec droit d'usage d'habitation". Elle empêchera les velléités de réédition des écrits antisémites de Céline "Bagatelles pour un massacre", "L’Ecole des cadavres" et "Les Beaux Draps", puis finira par l'autoriser mais devant la polémique l'éditeur Gallimard renoncera.
Après la mort de l’écrivain qui ne quittait jamais leur domicile, elle s’émancipa quelque peu, passa son permis de conduire, acheta une voiture et fréquenta les cinémas et les théâtres. Madame Céline suivant le titre de son biographe David Alliot, fréquente assidument Arletty, Michel Simon ou Marcel Aymé aussi bien que Charles Aznavour ou Françoise Hardy notamment et jusqu’à la fin de sa vie accueillait le tout-Paris littéraire toujours enchanté d’entendre parler de l’éminent écrivain dont elle parle toujours au présent.
Elle va le rejoindre au cimetière des Longs Réages de Meudon où il repose depuis le 4 juillet 1961. Elle avait fait inscrire sous le nom de son mari "Lucie Destouches née Almansor, 1912-19...". Elle n'avait manifestement pas imaginé qu’elle survivrait près de 60 ans à son époux, au siècle suivant. C'est un bien triste record que le Collectif féministe #NousToutes pour dénoncer les féminicides a annoncé ce week-end. 2019 aura vu plus de femmes tomber sous les coups de leurs conjoints que 2018. Un record dont évidemment tous nous se serions...