Titre : Formica
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2019
Depuis « Zaï Zaï Zaï Zaï », chaque sortie d’un nouvel ouvrage de Fabcaro est un événement. Après que ses éditeurs aient réédité de nombreux ouvrages et après un « Pause » où l’auteur expliquait la pression qui lui était tombé dessus d’un coup, voilà « Formica ». Ce livre est une histoire longue sur une famille qui ne trouve pas de sujet de conversation au repas du dimanche midi. Si l’angoisse des repas de famille a depuis longtemps été décrite par Fabcaro, « Formica » est plutôt dans la lignée d’un « Et si l’amour, c’était d’aimer ? » Le tout paraît chez 6 pieds sous terre.
La tragédie du quotidien
Une famille se retrouve pour le repas dominical. Les parents, les deux filles et leur mari et leur enfant. Mais de quoi parler ? Silence. C’est le drame. La tragédie en trois actes comme est sous-titré le film. S’engage alors une lutte pour trouver un sujet de conversation : parler de politique ? De racisme ? De la nourriture ? Au fur et à mesure, des personnages chutent, doutent, meurent…
Fabcaro utilise une nouvelle fois son humour absurde si personnel. Il est assez unique dans sa façon de détourner les codes du quotidien en un grande tragédie grecque. Le passage où les enfants jouent aux 7 familles dysfonctionnels est un petit bijou, mais c’est surtout dans l’humour de répétition que l’auteur excelle. Ce n’est pas nouveau, mais là c’est le ressort majeur de l’ouvrage. Une petite remarque en page 5 va revenir quatre, cinq fois, avec des petites variantes nous faisant sourire d’autant plus à chaque itération.
« Formica » est réussi. Sans être aussi génial que « Et si l’amour c’était d’aimer » qui avait le côté parodique en plus, ce livre est à la fois un pur Fabcaro sans être une redite. Après 40 livres (d’après l’auteur, c’est dit par l’un des personnages), Fabcaro arrive à ne pas se répéter pleinement. On retrouve tous ses thèmes. Et on rit. Fabcaro est vraiment l’un des rares auteurs à être capable de me faire rire en lisant ses ouvrages.
Au niveau du dessin, Fabcaro adopte son trait réaliste. C’est du noir et blanc avec quelques touches de couleur. Je ne suis pas très fan de ce dessin, mais il sert plutôt bien le propos. Les personnages sont bien identifiés, ça fonctionne. Mais surtout, l’auteur parvient à ajouter une scène où il critique lui-même cette façon de dessiner… C’est fort.
« Formica » fait le boulot. Si les sorties de Fabcaro ont toujours été inégales, entre le sympa et le génial, ce livre est un bon cru. Ceux qui ne sont pas sensibles à son humour n’adhèreront pas, les fans adoreront. Bref, encore un bouquin de Fabcaro à ajouter à votre bibliothèque.