Ne laissez pas l’amour s’échapper de ses pommes.
Ce sont des fruits mordus, sucrés, puis oubliés.
On trouve dans l’herbage ce qui reste d’un homme ;
pulpes mortes et fraîches, chair qui perdit son nacré.
Le pommier a fleuri dans le gel d’hiver ;
ses pétales ont été emportés au loin par un vent sec.
L’écorce s’est fendue, la mousse est sa misère ;
une roue a écrasé ses pépins, la neige les enterre.
L’amour charnu bouge dans le vent froid,
pomme jaunie par les soucis :
c’est un nomade abandonné sans être en vie,
quel amant a choisi d’être un dieu sans carquois ?
Amour rouge et rond telle une pomme douce,
on retrouve des traces de dents sur la peau neuve.
Est-ce un baiser perdu dont la sève s’abreuve ?
On oublie le pas discret d’une saison trop rousse.
Amour, quoi de plus secret, perdu, abandonné,
la guêpe a mordu son cœur qui fut le tien.
Tu roules sur le chemin avec les chiens,
tu te laisses enfermer dans un blanc compotier.
Amour comestible dont le jus fait du bien.
Jean Cayrol
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