C’est d’une beauté et d’un style que l’on ne peut oublier. Les oeuvres de Sophie Dherbecourt sont originales, pleines d’émotions et de sensibilité. Je suis tombée totalement amoureuse de ses tableaux, pour l’un d’entre eux vu en grand format lors d’une soirée avec la marque Absolution. Et là, on se dit qu’être autodidacte, avoir autant d’imagination et d’émotions à transmettre, ce n’est pas donné à tout le monde. Sophie Dherbecourt en a le don et elle nous raconte son parcours, de son premier dessin à sa vie Parisienne aujourd’hui.
Hello Sophie, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour Stéphanie, j’ai 27 ans, je suis originaire du Nord de la France et je suis artiste peintre basée à Paris depuis 3 ans maintenant, je jongle aussi avec le graphisme et la direction artistique. J’ai grandi en dessinant et cela a été mon premier langage.
Quel est ton premier souvenir de dessin, petite ? Tu t’en souviens ?
Je me souviens d’avoir dessiné une femme habillée d’une robe verte, avec deux tresses et de la dentelle, bien apprêtée et elle tenait une tellière ou un balais, enfin quelque chose qui reflétait l’idée de la femme au foyer modèle, c’est un code que j’ai rapidement eu besoin de casser dans mes dessins par la suite. Mais sur ce dessin je me souviens surtout de l’énorme « 1997 » que j’avais écris au jaune fluo. C’est ça qui me permet de me souvenir de ce dessin, j’avais donc 5 ans.
View this post on InstagramI have always wanted to look like the girls on my paintings
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Quel est ton parcours ? Je crois que tu as fait pas mal d’études avant de te mettre à ton compte.
Après mon bac, j’ai fait une année préparatoire aux écoles d’art durant laquelle j’ai énormément amélioré mon trait et découvert les cours de modèle vivant, ca a été ma matière préférée. Après ça, j’ai étudié le design graphique et la communication visuelle pendant 5 ans à l’ECV. Une fois le diplôme en poche, je suis partie en agence de publicité parisienne en tant que directrice artistique. Au bout de deux ans, le dessin me manquait beaucoup et les sujets d’agence ne m’intéressaient plus trop, je me suis mise à mon compte début 2018.
La main a une mémoire et une intuition qu’il ne faut pas négliger.
Où as-tu grandi ? A quoi ressemble ta vie aujourd’hui à Paris ?
J’ai grandi près de la mer sur la Côte d’Opale, jamais loin des plages du nord et le ciel qui change de couleurs toutes les 10 minutes. Ce sont des images qui ne me quittent jamais même quand je n’y vais pas pendant longtemps. Ma vie à Paris est assez bien installée désormais, j’ai un atelier dans le 10ème arrondissement dans lequel je vais travailler tous les jours.
Etant autodidacte, je me force à avoir une routine assez rigoureuse, cela me rassure d’avoir un emploi du temps construit. J’essaye d’avoir le même rythme de travail que mes amis et mon copain qui travaillent en tant que salariés, histoire de trouver des moments pour se voir le midi, le soir ou les week-ends. Je vais souvent à la piscine vers les Buttes Chaumont et je ne suis pas une grosse fêtarde, je préfère les ciné, les expos, les resto ou les bars, mais je ne sors quasiment jamais en boite.
Comment et à quel rythme dessines-tu ? As-tu des rituels, des moments ?
J’adore le matin, donc je préfère travailler tôt le matin que tard le soir. Je dessine quasiment tous les jours et quand ce n’est pas le cas je travaille sur des projets de graphisme ou de DA. J’essaye d’aller voir des expo régulièrement, ou de voir et revoir les dessins/ peintures d’artistes que j’admire. Je fonctionne beaucoup à l’admiration, c’est un moteur qui me donne envie de faire mieux tout le temps.
Je commence toujours un dessin sur le papier avec un crayon de bois, à force j’ai appris que la main a une mémoire et une intuition qu’il ne faut pas négliger. J’aime énormément les premiers traits d’un dessin, ils sont imprécis mais exacts dans l’idée. Il m’arrive de ne pas réussir à reproduire un dessin car les premiers traits intuitifs du premier dessin correspondent plus à ce que je voulais dire.
Quelle est un peu ta ‘touche’, si tu devais définir ton art ?
Je pense que mon style trouve sa force dans le fait qu’il est déconstruit, mais proche du réel. Il s’inspire des arts décoratifs et des figures néoclassiques et raconte notre époque de façon mythologique, mélancolique et contemplative. Il y a ce contraste entre les références antiques et la symbolique contemporaine. Techniquement, le travail des dégradés est essentiel pour moi ainsi que le travail de la lumière. J’essaye de faire attention à ne pas peindre l’exactitude visuelle, je cherche toujours réinterpréter les formes et les lumières de façon à traduire une émotion.
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Mural about women for TALLY WEiJL at Les Halles, Paris . . . . #tallyweijl #ownyourvoice #mural #illustration #drawing #linework #womenofillustration A post shared by Sophie Dherbecourt (@sophiedherbecourt) on Aug 28, 2019 at 11:03am PDT
Parle-moi de cette magnifique illustration / oeuvre pour Paulette et Absolution. A quoi as-tu pensé en la réalisant ?
Je voulais avant tout une composition graphique pour pouvoir être adaptée sur un packaging mais aussi délicate, presque fragile, tout comme l’est la peau. Les 4 filles sur le tableaux se composent l’une à l’autre comme un puzzle et créée un équilibre doux. Je tenais aussi à ce mélange éthnique, des épidermes différents qui peuvent nécessiter des soins différents auxquels l’huile Addiction répond avec brio. Chacune des femmes sur le tableau ramène sa main près du visage, qui traduit le moment intime du « self-care ».
Es-tu féministe ?
Oui, j’ai rapidement ressenti une aversion pour les clichés sur le rôle des femmes dans la société. J’ai été élevée et entourée de femmes que j’aime et admire mais qui se sont rangées pour laisser place à leur conjoint, qui ont tiré un trait sur leur passion ou carrière de façon à ne pas faire d’ombre. Je ne me suis jamais retrouvée dans ce schéma, je n’aime pas la pression de maternité que chaque femme subit à cause des moeurs et du jugement des autres. On ressent beaucoup ça dans mes figures féminines (et masculines), je cherche à peindre des femmes et hommes uni(e)s au delà du genre, des conventions sociétales et j’aborde aussi beaucoup la notion de sororité/ fraternité.
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Enfin, pourrais-tu me donner tes adresses à Paris, tes spots ou les gens que tu aimes suivre ?
J’aime beaucoup le nord-est Parisien, Gambetta, Belleville et le canal St Martin. Je vais souvent manger des Raviolis chez Guo Xin rue de Belleville, et (tous les restos dans le 10ème sont rarement un échec) mais je viens de découvrir un resto vraiment cool qui s’appelle Early June. Et pour sortir c’est souvent le Takaramono rue de La Fidélité, le Martel ou les bars de la rue des Petites écuries.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de Sophie Dherbecourt ou son Instagram.