On l'attendait impatiemment, la nouvelle manne sérielle de HBO vient de commencer et le premier épisode de His Dark Materials : à la croisée des mondes remplit (presque) toutes ses promesses.
Dans un monde semblable au notre, l'âme humaine prend l'apparence d'une petite créature, un daemon. Lyra, une jeune orpheline, et Pan, son daemon, partent pour le grand nord dans une aventure incroyable. Difficile de résumer His Dark Materials sans trop en dévoiler. Or, le moins que l'on puisse dire, c'est que HBO et BBC One viennent de concocter une adaptation des romans de Philip Pullman qui semble au plus près de la perfection. Ou presque...
Après le film de 2007, La Boussole d'Or, lui aussi adapté du premier tome les Royaumes du Nord, donner vie à His Dark Materials semblait perdu d'avance, sauf que Jack Thorne entre dans le game, fort de la mise en scène de pièces de théâtres fantastiques telles que Harry Potter et l'enfant maudit. Un bon choix pour les plateformes qui misent ainsi sur une approche plus réalistes, au plus près des personnages, sans toutefois négliger les fortes notes de fantasy inhérentes à l'œuvre originale.
Bienvenu à Poudlard
La première chose qui saute aux yeux, réside dans le soin apporté à la réalisation de Tom Hooper et aux décors. BBC One a mis le paquet et n'a pas tardé à convaincre les spectateurs puisque HBO a enregistré un record d'audience pour le season premiere. Signe que l'univers est particulièrement respecté. D'une Angleterre Victorienne aux allées sombres et crasses aux couloirs d'un château fantastique, tout est particulièrement léché. Notamment dans le traitement des daemons, petites créatures qui passeraient presque inaperçues tellement le traitement graphique y est appliqué et minutieux. On jurerait des vrais. Par contre, à couvert de cette mignonnerie, la forme un peu kitsch de ce conte propret peine à dévoiler l'étendue de sa dramaturgie dans un pilote trop presser de cocher toutes les cases.
Enfin, difficile de parler d'une valeur ajoutée visuelle sans mentionner l'excellent casting de His Dark Materials. James McAvoy est comme toujours parfait, tandis que Ruth Wilson promet d'être une méchante retorse exceptionnelle. Les rôles secondaires sont tous fous et l'on peut trouver Clarke Peters, James Cosmo ou encore la voix de Helen McCrory si l'on prête l'oreille. Cependant, le jeu de la jeune Dafne Keen et de son copain Lewin Lloyd mériteraient un travail plus approfondi, à moins que ce ne soient les dialogues qui sonnent un peu creux devant une telle débauche visuelle.
Pour l'instant très bien adapté, His Dark Materials souffre néanmoins d'un faux rythme. Les ambitions visuelles et démesurées de HBO, désespérément à la recherche de son nouveau Game of Thrones, peinent à convaincre et surtout à nous proposer autre chose que de la poudre aux yeux. C'est beau mais l'épisode semble par moments artificiel, dénué d'intérêt ou de personnalité mais surtout de relief narratif alors qu'on est pris dans une suite de scénettes attendues et parfois déconnectées... Mais attendons de voir où et comment cette fable nous conduira au sein d'un multiverse qu'on espère fantastique.