Ce sont des observation dérangeantes.
On entend souvent les gens parler de l'objectification des corps féminins.
Très souvent de la part des femmes elles-mêmes.
Cette pensée, que son corps n'est que jouet pour un(e) autre, mène à la faible estime de soi, à soucis narcissiques et a`des pertes de confiance et d'autonomie.
Bien que le sujet ne soit pas à la hauteur de l'inégalité salariale, il se retrouve très souvent au coeur des intérêts féministes.
Si vous êtes une femme, vous vous êtes surement déjà sentie "objectifiée".
Peut-être pas non plus.
Mais votre corps a surement été un (inconscient ou non) facteur de décision dans une soirée.
Peut-être même un sujet de conversation à votre insu.
Voici 9 moyens subtils que la société inflige aux Femmes, en les marginalisant, et en les niant dans leur propre subjectivité. Ne se concentrant que sur ce qu'elles ont l'air.
1. Le langage autour de la conquête amoureuse.
Trop souvent, en anglais comme en français, notre manière de parler de relations entre hommes et Femmes, objectifie la Femme. "Did you score?" "Did you get it in?", "L'as tu pinée?". La femme n'est ni un but de hockey, ni un panier de basketball, ni une punaise. On enseigne aux Femmes de ne pas êtres faciles, et quand elles ne se montrent pas intéressées par quelqu'un qui la pourchasse, on les traite d'agaces. Comme si le jugement personnel féminin n'était qu'une frontière à ne jamais franchir avec les hommes. Ces quelques phrases de tous les jours apprennent aux Femmes que leur rôle sociétaire est d'emblée d'être conquise, gagnée comme un trophée, et non d'être une individus avec des besoins à combler comme celui qui la chasse.
2. En contrôlant leur sex appeal.
Encourager les Femmes à ne pas se définir sexuellement peut être aussi dommageable que de les présenter exclusivement par la sexualité qu'elles dégagent. Quand on leur dit de ne pas s'habiller de manière trop sexy, on leur dit que leur tenue sera une invitation pour un entrepreneur de Femmes et qu'elles envoient le mauvais message. On leur enseigne que la beauté de leur corps sera à blâmer pour peu importe ce qui pourra lui arriver. Même si l'autre partie est lourd en intoxication de tous genre, on leur dit que ce qui arrive à LEUR corps, ben ce sont les autres qui en choisissent les finalités.
3. En critiquant leurs corps publiquement.
Quand les Femmes entendent les gens critiquer publiquement les stars ou les personnalités publiques sur leur apparence, elles accordent une importance démesurée à ce type de superficialité, nourrie par toutes les compagnies de cosmétiques, et obsèdent sur leur propre apparence qu'elles jugent parfois, à tort, être leur unique valeur. Leur indiquer qu'elles sont trop lourdes pour se montrer en tenue de plage, trop quelconque pour être à la télévision, trop vieille pour un rôle ou trop libre pour être en politique, c'est leur dire que ce qu'elles ont l'air est la seule mesure de leur valeur. Leur apparence peut être aussi importante que celle de Pierre Bruneau, Patrice Roy ou Stéphane Bureau.
4. Par harcèlement sexuel.
Le corps féminin, sans consentement n'est pas la propriété de personne d'autres. Harcelée, elle apprend que son corps serait peut-être propriété publique. Que son corps, n'est qu'à saisir.
Trop souvent, les comportements masculins dans l'espace public sont excusés sous le parapluie du "boys will be boys". Ce fût le triste cas du terrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrible juge Kavanaugh aux États-Unis. Et du "grab'em by the pussy" présidentiel. Splendide manière de dire aux Femmes que le viol de leur consentement n'est pas un si gros drame.
La nudité peut être libérisant et valorisant, mais dans les médias les gens "observés" sont nettement plus souvent des Femmes que des hommes. Et ceux qui bavent devant, presque toujours des hommes. Dans une dynamique à deux, il est évident qu'un des deux fera toujours ou souvent des choses de plus que l'autre. Mais dans le cas de la nudité dans les médias, c'est du 10 pour 1. Avec la diversité sexuelle maintenant plus assumée, les médias se doivent d'offrir plus que du divertissement pour mâle hétérosexuel. Les menus sont beaucoup plus variés et nuancés en 2019.
Il me semble normal que celles qui veulent se changer les cheveux, retirer leurs poils pubiens, leurs poils sous les bras, les poils partout, celles qui se maquillent, le fasse au nom de la beauté ou d'un certain esthétisme personnel. Les rituels de mise en beauté existent depuis toujours. Mais se faire dire à tout prix et tout le temps que c'est une obligation chez la Femme respectable est une ignominie. Plusieurs fois dans ma vie, une femme m'est apparue très séduisante 100% au naturelle. Non enchaînée aux dogmes cosmétiques. J'espère qu'elle se trouvait belle aussi.
Je suis mâle, je les connais. Et plus encore car on m'a présenté tous les modèles de désir masculins. Mais ceux des Femmes, beaucoup plus rares. J'ai appris des fantasmes de bien des hommes, exposés partout. Mais les Femmes apprennent assez peu, je suppose, de leurs territoires de fantasmes puisqu'on les expose rarement. Ou pire, on les raillent.
9. Par les idées prétendues scientifiques sur les mâles et les femelles.
Les hommes seraient plus visuels, les Femmes seraient plus intérieures. Les hommes plus dominants, les Femmes plus soumises et sacrificielles. Les hommes plus sexuels, les Femmes, capables d'en abandonner l'idée. Sournoisement cousin des justifications afin de consacrer la Femme comme un objet de conquête.
En vous parlant d'une fille fière de son corps, j'ai longuement reconsidéré mon texte depuis.
J'aurais pu choisir de parler d'une fierté assumée. D'une confiance volontairement remise en question. Je n'ai pas choisi cet angle.
N'ai rien retouché ensuite. J'assume toujours.
Puis, le lendemain, par hasard, j'ai lu une BD sur une fille qui était son contraire.
Haïssant son corps toute sa vie. Son corps définissant toute sa vie. Parce que la vie lui en envoyait tous les signes. Tu n'as pas ce qu'il faut.
Zêtes autre chose, mesdames.
Et serez toujours intéressantes autrement.
Mais ce ne serait pas à moi de vous le dire.
Mais à nous tous de vous le montrer.
En tant que société.