Lorsqu'en économie il est question de l'Italie, c'est rarement pour la Dolce Vita mais le plus souvent en raison de son économie malade. De la démission de Matteo Renzi en 2016, jusqu'à l'actuelle coalition entre le Mouvement 5 étoiles (M5S) et le Parti démocrate, en passant par l'improbable « contrat pour un gouvernement de changement » entre le M5S et la Ligue de Matteo Salvini en 2018, la crise politique semble sans fin en Italie. La crise économique également ! Dans ce billet, je m'attacherai à vous présenter la question de la dette publique, qui a atteint dans ce pays un niveau très inquiétant...
Déficit public et dette publique
Pour l'instant, le déficit public permet de stabiliser plus ou moins le taux d’endettement public, malgré l'absence de gains de productivité et le vieillissement de la population :
[ Source : Natixis ]
Il est vrai qu'au vu du niveau stratosphérique atteint par l'endettement public (près de 135 % du PIB !), il vaut mieux qu'il n'augmente plus :
Vous trouverez plus d'infographie sur StatistaExiste-t-il un risque de défaut sur la dette publique ?
A priori, tant qu'un État peut augmenter sa pression fiscale pour redevenir solvable, la question du défaut ne se pose pas. Mais celle-ci est déjà très élevée en Italie :
[ Source : Natixis ]
Heureusement, la politique monétaire ultra-expansionniste menée par la BCE depuis quelques années a conduit à une compression des taux d'intérêt dans la zone euro, qui permettent à l'Italie d'assurer temporairement sa solvabilité :
[ Source : Boursorama.com ]
Hélas, à moins d'imaginer un monde (fou) où les taux d'intérêt resteraient perpétuellement bas, il faudra bien un jour que l'Italie affronte ses difficultés avant que les taux ne remontent. Si cela n'est pas fait, je crains fort que la hausse des taux d’intérêt ne déclenche une crise de la dette publique en Italie et partant la spéculation sur l’éclatement de la zone euro, comme à l'époque de la crise en Grèce !
Et si l'Italie décidait alors de faire défaut sur une partie de sa dette publique, détenue aux deux tiers par des résidents domestiques, je vous laisse imaginer la dépression économique dans le pays et la déflagration au sein de la zone euro, où l'économie italienne pèse 20 % du PIB ! En dernier ressort, le gouvernement italien pourra toujours espérer une monétisation de sa dette publique, c'est-à-dire un rachat de ses titres de dette publique par la Banque centrale, mais cela se fera au prix d'une perte de souveraineté que les Italiens ne sont certainement pas prêts à accepter !
Dans ce contexte, s'imaginer qu'il est encore possible d'échapper à une crise de la zone euro relève d'un voeu pieux !