Paru sur la plateforme Netflix, il est victime de son succès et écope des critiques très positives. Banlieusards raconte l'histoire de trois frères de la banlieue de Champigny. Demba, l'aîné, incarné par Kery James, trempe dans les affaires louches et le trafic de rue tandis que Souleymann prépare un concours d’éloquence dans le cadre de ses études d'avocat. Le plus jeune, Noukoumé, tiraillé entre les deux milieux, doit choisir quelle voie prendre. Le film est emprunté de la réalité, entre les scènes de violence, de vols, de trafic, le spectateur est confronté au quotidien des habitants de quartier. L'épisode final du concours d'éloquence entre Souleymann, incarné par Jammeh Diangana, et Lisa incarnée par Chloé Jouannet, est le point culminant du film. "De l'art par écrit" constatent certains spectateurs qui voient le banlieusard défier la jeune parisienne du 5ème arrondissement sur le sujet "L'Etat est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues en France?". “C’est pas que le sujet des banlieues a disparu mais au fil des années, il a été transformé. On ne parle finalement plus vraiment des banlieues mais des gens qui y vivent." conclut Kery James pour le Huffington Post. Depuis quelques temps ce débat est au coeur d'actualité. S'intensifiant au fil des années il n'est pas aidé par les violences policières dont sont victimes certains jeunes de banlieue. Zied et Bouna, Adama Traoré, Amine Bentounsi pour ne citer qu'eux y ont laissé leur vie. Rachida Brahim, auteure d'une thèse sur les crimes racistes témoigne que "pour la police, les jeunes de banlieue sont des corps déviants qui doivent être disciplinés." Cette constante friction depuis à peu près 50 ans entre les forces de l'ordre et les jeunes, souvent issus de l'immigration, créée une séparation accentuée des classes sociales et marginalise les banlieusards en instaurant un climat de méfiance des autorités, donc de l'Etat.
D'un autre côté la vie est une question de choix et un jeune à le choix de poursuivre ses études ou de tomber dans la délinquance. Le plus souvent cette décision est guidée par des raisons pécuniaires et le problème réside là. Le taux de chômage élevé ainsi que la difficulté à être reçu dans d'autres espaces de la société enferme les habitants des cités dans leur lieu de vie. Entre faire des longues études compliquées ou avoir de l'argent instantanément mais de manière illégale pour certains le choix est vite fait.
De plus, notre société actuelle ne facilite pas les études pour les habitants issus de ces secteurs en périphérie des villes. Depuis les émeutes de 2005, en région parisienne, le terme "banlieusards" a une connotation péjorative, ces quartiers ont été labellisés comme "quartiers sensibles" ou "ghettos". Leurs habitants bien qu'issus de l'immigration et de classe sociale pauvre sont souvent français depuis des générations et devraient avoir les mêmes opportunités que tout le monde. Les chiffres alarmants le prouvent, en 2017 40% de la population des quartiers vivent dans la pauvreté, 25% sont au chômage dont 45% de jeunes de moins de 25 ans, l'accès aux services publiques est divisé par deux (médecins, postes, éducation).
La politique de la ville instaurée par l'Etat il y a 42 ans pour résoudre le problème des quartiers défavorisés a échoué. Il est nécessaire que dans un premier temps le gouvernement prenne des mesures pour régler les problèmes des banlieues et que dans un second temps les banlieusards s'entraident mutuellement et fassent preuve de solidarité face à une délinquance grandissante. C'est un bien triste record que le Collectif féministe #NousToutes pour dénoncer les féminicides a annoncé ce week-end. 2019 aura vu plus de femmes tomber sous les coups de leurs conjoints que 2018. Un record dont évidemment tous nous se serions...