Les poésies, les pensées
Poésies, d’Isidore Ducasse, fait évidemment écho aux Fusées de Baudelaire, et manifestement reprend les Pensées de Blaise Pascal. J’apprends…
J’apprends comment les écrivains se relient et relisent.
En empruntant à Marcelin Pleynet (L’enseignement de la peinture), je dirai que la poésie m’enseigne le fonctionnement du langage, son rapport aux idées, aux sensations. Le langage poétique ne fait pas que « traduire » les pensées, il les suscite et découvre. J’en fais l’expérience intérieure. Mais je suis prêt à croire que les lecteurs, en majorité, ont davantage de goût pour l’identification (avec les personnages, ou l’auteur, d’un roman).
Dans ses Poésies2, Ducasse notait : « Faut-il que j’écrive en vers pour me séparer des autres hommes ? Que la charité prononce ! » La réponse à la question est difficile, elle porte sur la séparation. Quant à la « charité », elle n’est communément pas comprise dans le sens que lui donnait Pascal.
L’homme est déchu, c’est posé. Mais avec la poésie (dans la poésie) je vais de surprise en surprise. Au tournant des années 1970, Denis Roche n’a plus vu la poésie comme enseignement, il l’a vue comme fabrication répétitive. La photographie le surprenait (l’utilisation du « retard »), mais de la poésie il n’attendait plus rien.
Je m’attends à… J’attends. De tout cœur et en toute logique.
Claude Minière