On attendait le verdict des dix membres de l’Académie réunis depuis 11h30. Quatre écrivains en lice, et Il a fallu deux tours de scrutin pour les départager, avec 6 voix contre 4 à Amélie Nothomb. Ce 117e prix a donc été attribué à l'ancien journaliste toulousain Jean-Paul Dubois, 69 ans, pour "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" et déjà prix Femina en 2004 pour "Une vie française". L’annonce en a été faite vers 13h. Par la voix de son président le jury a déclaré "On a fait le choix d'un écrivain aguerri, et populaire. Et on consacre aussi une œuvre". Le 22e titre de l’écrivain est publié chez "L’Olivier", ce n’est donc plus le monopole de Gallimard, Grasset et Seuil, Galligrasseuil comme on dit plaisamment. "Tout arrive! C’est adorable. Je ne suis pas fait pour ce genre de choses, ce n’est pas mon univers. C’est assez irréel" a confessé Jean-Paul Dubois à la presse. Il reste en lice pour le Goncourt des lycéens qui sera décerné le 14 novembre.
La favorite, la romancière belge Amélie Nothomb qui enchaîne les succès de librairie, pour son roman "Soif" en a déjà vendu 150.000 exemplaires. C’était la troisième fois qu'elle était sélectionnée pour le Goncourt, après "Stupeur et tremblements" en 1999 et "Ni d'Eve ni d'Adam" en 2007. Elle révélait avant l'élection "Je suis au comble de l'excitation, je suis déjà extrêmement joyeuse d'être sur cette short list, c'est un honneur considérable". Elle jugeait ses chances "extrêmement faibles" compte tenu de la qualité des autres finalistes.
En 256 pages, Jean-Paul Dubois raconte l’histoire d’un homme, Paul Hansen incarcéré depuis deux ans dans la prison de Bordeaux à Montréal, il est doux et bienveillant. Le lecteur apprendra à la fin du roman pourquoi un tel homme est en prison. Pendant ce temps remonteront les souvenirs d’un bonheur anéanti. Jean-Paul Dubois raconte l’histoire d’un monde en train de disparaître et être remplacé par un autre où dominent l’injustice et le mépris.
Le lauréat va recevoir un chèque de 10€ mais si l’on en croit le président Bernard Pivot le prix rapporte "une gloire certaine mais surtout, il va gagner beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent".
Une étude a d'ailleurs précisé que pour la période 2014-2018, un prix Goncourt se serait vendu en moyenne à 367.100 exemplaires, l'auteur perçoit 15% sur le prix de chacun. Il n’est pas interdit de faire le calcul…
Un autre rite lors de la remise du prix Goncourt est celui du repas qui suit l’élection. Dans le cadre rénové par les frères Gardinier qui sont les nouveaux propriétaires de l'établissement, le menu a répondu aux usages des produits nobles comme huîtres, caviar, foie gras, gibier à poil les années paires, et à plume les années impaires... Il est certain que si les académiciens aiment la littérature, ils apprécient aussi la bonne chère. Le chef Emile Cotte leur a donc proposé: huître juste tiède, poireaux, champagne, caviar; tourteau et homard, royale de céleri au paprika fumé; Saint-Jacques, viennoise, oignons doux, infusion de parmesan; bar, gnocchis vert tendre au cresson, crème de champignons; canard colvert et foie gras, chou vert, jus de civet; brie de Meaux aux truffes; choux, chocolat noir chaud Guanaja 70%, glace vanille Ouganda… Le tout accompagné des meilleurs crus naturellement...
Sylvain Tesson ne figurait pas sur la liste des finalistes pour le prix Renaudot, cela est déjà arrivé et ne l’a pas empêché de le recevoir pour "La Panthère des neige" chez Gallimard. Un plaidoyer en faveur de l'écologie et de la défense des animaux menacés. L’écrivain-voyageur était déjà couvert de prix. Sylvain Tesson entraîne son lecteur à 4.000m d'altitude sur un vaste territoire aux confins du Tibet où l’on ne rencontre qu’une faune exceptionnelle et souvent menacée, antilopes, chèvres bleues et des troupeaux de yacks. Avec le photographe animalier Vincent Munier, il traverse d’immenses étendues pour accéder au royaume de la panthère des neiges qu’il faut guetter pendant des heures à parfois -30° C, pour ne la voir qu'un court instant.
Le prix Renaudot a été créé en 1926 par des journalistes et critiques littéraires qui attendaient impatiemment les résultats de la délibération des Goncourt. Son nom rappelle celui de Théophraste Renaudot, créateur de la presse française avec "La Gazette" au début du XVIIe siècle. Il est l'un des plus prestigieux prix littéraires et du point de vue des ventes, il se situe après le Goncourt et le Goncourt des lycéens, on a enregistré 219.800 ventes pour la période 2014-2018.
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