Nicolas Jules (né en mars 1973) est auteur-compositeur-interprète français.
LBCMusique-En quelques mots, comment pourrait-on présenter Nicolas JULES ? J’ai suivi des chemins artistiques très jeune, de façon tout à fait intuitive, afin de fuir le monde du travail, les voies d’utilités publiques et de dislocations intimes. Grandir dans un monde d’idéaux idiots et de conformisme, c’était aller vers une disparition avant même d’avoir vécu. De ces chemins, je rapporte des chansons depuis plus de 25 ans. Et je compte faire ça jusqu’à disparaître définitivement. Voilà l’essentiel de ce qui m’amène jusqu’à vous aujourd’hui. Le reste ce sont des histoires d’amour, des joies, des peines, des amis, des errances, des questions, pas trop de réponses, un voyage parmi d’autres, près de ceux qui essaient de vivre de leur vivant.LBCMusique-Nous vous découvrons avec le projet Les Falaises : on sent une authenticité visuelle, pouvez-vous nous expliquer vos influences artistiques, inspirations (nom de titre, ..) ?
D’abord si on parle de visuel, je signale tout de suite que la photo de la pochette est de Thibaut Derien, J’aime beaucoup ses photos et c’est un ami, deux excellentes raisons de lui confier la chose. Et si l’on reste dans le domaine visuel, disons que je promène mes goûts entre James Ensor, Aki Kaurismaki, les complets vestons des films des années 30, des bistrots bruns, les lumières vacillantes et les nuits d’étoiles. Côté chanson, mes goûts sont vastes. Au-delà de ce qui me touche dans une oeuvre musicale, c’est la façon de vivre, généralement rocambolesques, aventureuses et hors normes, qui m’attire. Par exemple, je trouve pas mal réussis les parcours de Jonathan Richman et de Billy Childish, Pour parler de gens encore bien vivants.
LBCMusique-11 titres qui donnent une impression pluriculturelle, qu’avez-vous souhaité apporter de plus dans Les Falaises ?
Un disque qui me ressemble parce-que je l’ai réalisé de A à Z. Comme tout le monde, je ne fais pas vraiment ce que je veux, je fais ce que je peux. Pluriculturel parce-que je suis nourri d’influences éclectiques. Sans regard extérieur je ne mets que ce qui me ressemble, sans négociation et sans retenue. Le plus ? On parle souvent de dépasser ses limites mais je crois qu’il faut laisser ça aux sportifs. Le but d’un geste artistique n’est pas de dépasser mais de plonger au coeur. De chercher en soi ce qui ne saurait appartenir qu’à soi. C’est généralement une chose minuscule. Une évidence. C’est parce-que c’est une évidence pour soi qu’on passe à côté sans voir. Et il faut trouver cette part de fluidité, d’instinct pur, pour le restituer aux autres. Parce-que c’est ça le fond de l’histoire. Nous avons tous la capacité d’une expression unique mais le plus difficile c’est de placer la loupe au bon endroit. Y arriver c’est être juste. Et ça arrive rarement. Je ne parle pas des faussaires, des fausseurs et des mouleurs en série. On en parle assez comme ça.
LBCMusique-Pour cet opus, vous vous êtes entouré de musiciens comme ROLAND BOURBON aux batterie et marimba (2-3-6-7), NICOLAS MORO à la mandoline (3-4), PASCAL THOLLET à la guitare (11) et IVAN HERCEG : basse (7) : vous connaissiez-vous déjà avant de collaborer ensemble ?Je connais Roland, Nicolas et Pascal depuis vingt ans, ce sont de bons amis. Roland Bourbon m’accompagne sur scène et sur disque depuis une quinzaine d’années. Ma plus longue histoire d’amour. Ivan Herceg a mixé impeccablement les deux derniers albums, je le connais depuis moins longtemps, mais pas depuis hier non plus…
LBCMusique-Un titre qui a attiré la rédaction, La Lumière et le Bruit : qu’avez-vous souhaité mettre en avant à travers ce titre ?J’ai écrit le texte de « la lumière et le bruit » entre deux vieilles chansons irlandaises. C’est pour ça qu’on y trouve cette atmosphère alcoolisée de pubs sans âges, d’âmes perdues, de vacarme. Et la solitude mélangée au goût de l’inconnu d’un homme seul, perdu dans ses doutes et dans sa langue. La musique, je l’ai crachée très vite après avoir écouté des disques rocks et russes. Par exemple, j’aime beaucoup Piotr Mamonov et Ersatzmusika. Des poèmes de mélancolie pure sur des rythmes maladroits, des basses bancales et des guitares compressées. Si on ajoute à ça que je marchais entre deux bistrots belges en pensant à toutes ces errances qui font le parcours d’un homme, ça donne ce genre de chanson. Pour que la maladresse persiste, pour que la sincérité gagne, j’ai joué seul tous les instruments sur cette plage.
LBCMusique-Maintenant que le projet est là, pourrait-on se dire qu’un clip va l’accompagner ?
Des clips, réalisé par mézigue, il y en aura quelques-uns très bientôt. C’est une façon de dire qu’un disque existe et pas une fin en soi. Au fond, je pense qu’une chanson réussie gagne à se passer d’images. LBCMusique-A quels prochains événements peut-on vous retrouver ? Des concerts, toujours des concerts. Largement plus de 2000 à ce jour. Je joue parfois au théâtre, j’écris des bazars pour les images ou pour les voix des autres. Souvent pour mes poches. J’ai dessiné pas mal et il est toujours possible que je fasse des expériences diverses. Mais, définitivement, ce que je préfère, c’est aller à la chasse aux chansons. C’est comme trouver des cailloux ou de petits animaux. Quelques-uns ça ne fait pas tout un monde, ça n’est pas indispensable, et c’est ça que j’aime. Une poésie simple et sincère pour que la vie soit moins dégueulasse à avaler. Les rendez-vous en scène on peut les suivre sur le site www.nicolasjules.com LBCMusique-Avant de se quitter, auriez-vous un dernier mot ?Un dernier mot pour dire que je ne fais pas tout ça pour la postérité, alors achetez les albums et venez à mes concerts de mon vivant, merci. Je vous embrasse, pas tout le monde mais pas mal d’entre vous.