… une technique bien connue pour ne rien changer !
En effet ces institutions remaniées le sont pour tous et il serait dommage d’oublier l’extrême virulence de François Mitterrand dans l’opposition, décrivant le « coup d’Etat permanent ». Devenu Président il s’empressa de ne rien modifier. Si coup d’Etat il y avait, le PS pendant ses 14 années de « règne » s’est bien acclimaté à cette situation. On a l’impression qu’il en redemande même s’il fait semblant du contraire et comme Mitterrand, à son époque, crie au scandale.
Nicolas Sarkozy propose un droit de réponse à l’opposition après chaque propos du président de la République concernant la politique intérieure. Le renforcement des droits du parlement progresse avec un ordre du jour bien mieux maîtrisé par ce dernier. Le chef de l’Etat se déclare favorable à l’égalité du temps de parole lors des questions d’actualité. L’opposition participera à la commission indépendante qui sera créée en vue du redécoupage électoral rendu nécessaire par les flux de population ; elle sera également associée à la détermination du mode d’élection des députés des français de l’étranger.
« La réforme n’est pas mince. Plus de la moitié des articles de l’actuelle Constitution sont modifiés. Certains sont créés de toute pièce. Au total, 47 mesures nouvelles ! Les avancées positives sont diverses et parfois audacieuses - certaines à l’initiative de la gauche. Pas une seule disposition ne constitue un recul pour les libertés.
Les nouveaux pouvoirs du Parlement donnent au législateur une meilleure maîtrise de la loi, même si elle est encore trop imparfaite. Ils accroissent surtout les moyens de contrôle sur l’exécutif : évaluation des politiques publiques, vote de résolutions, approbation des opérations militaires extérieures après un délai de quatre mois, augmentation du nombre de commissions permanentes, caractère public de leurs travaux, extension des questions d’actualité aux périodes de session extraordinaire. Parallèlement, trois mesures nouvelles encadrent les pouvoirs du président de la République : limitation à deux mandats, audition publique devant le Parlement des personnalités appelées à exercer de hautes fonctions, retrait du chef de l’Etat du Conseil supérieur de la magistrature. » J.Lang
En fait, le PS, parti de gouvernement qui a vocation à l’alternance et à revenir au pouvoir, ne veut pas que son opposition puisse bénéficier de tout ces progrès. L’attitude d’aujourd’hui doit donc se lire à la lumière de sa volonté hégémonique pour demain, lorsque l’alternance aura eu lieu.
Lettre au président de la République, par Jack Lang
LE MONDE | 15.07.08