Macron parle dans Valeurs Actuelles, combien de castors, ces grands promoteurs du "barrage contre l'extrême droite" sont allés acheter ce canard de l'extrême droite ? La diversion est aussi belle que le faux barrage contre l'extrême droite que Macron remet en selle pour 2022. Le prix du gaz explose, le nombre de pauvres aussi, et les réductions de droits des chômeurs entrent en vigueur ce 1er novembre.
Macron parle dans Valeurs Actuelles, vive Halloween !
Parlons valeurs
Emmanuel Macron a des valeurs, bien sûr, qui dépassent et orientent son action: dans son pamphlet publicitaire rédigé avec l'aide de quelques cadres de Havas en 2015 et sobrement intitulé "Révolution",le jeune monarque évoquait son social-libéralisme "enthousiasmant". Il applaudissait les "progressistes réformateurs qui croient que le destin français est d’embrasser la modernité". Il est attaché au libéralisme politique, la liberté individuelle, la concurrence, l'esprit d'entreprise, et la prise de risque. Plus récemment, il a embrassé la défense de l'environnement et même une laïcité conciliante comme nouvelles revendications.
On peut les lire et les relire dans les nombreuses adresses qu'il a livré aux Français depuis trois ans qu'il a fait irruption au premier plan de la scène politique nationale. Dans son dernier courrier, en janvier 2019, il évoquait encore la fraternité le travail louant "une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail".
Depuis deux ans et demi qu'il a tous les pouvoirs centraux de la République - présidence, assemblée nationale, on a pu mesurer l'écart entre les valeurs et l'action. Les valeurs de Macron sont apparues comme une bouillie recrachée en novlangue pour rhabiller la réalité de ce qu'il fait.
- En fait de libéralisme politique, Macron a durci la répression, dans la loi, les mots et les actes; réduits les droits politiques des plus fragiles (les réfugiés) et de l'opposition; assumer des violences policières massives inédites depuis le massacre du métro Charonne; accéléré les ventes d'armes à la dictature islamiste saoudienne pour sa guerre au Yémen; et couvert des barbouzes à l'Elysée qui trafiquaient des contrats de protection privée avec des oligarques russes. La répression française fait désormais l'objet d'études scientifiques étrangères.
- De "social", son libéralisme n'avait aussi que la novlangue qui habille les communiqués publicitaires de son gouvernement: pour ce premier novembre 2019, environ 2 millions de chômeurs perdent des droits avec le durcissement des conditions d'indemnisation. Depuis la fin 2017, les Ordonnances Travail ont permis de fragiliser les salariés. Macron a aussi asphyxié les services d'urgence, poursuivi la dégradation du rail public pour préparer sa privatisation; gelé les prestations sociales, y compris les minima sociaux (sauf le minimum vieillesse) tandis qu'il "rendait" des milliards d'euros d'exonérations aux foyers les plus riches.
Ce choix révèle d'abord le caprice d'un homme. L'entretien a été réalisé dans l'avion de retour de la réunion, après quatre longues semaines de polémiques sur le voile, alimentée par Jean-Michel Blanquer ministre de l’Éducation nationale, à propos des sorties scolaires, l'irruption télévisuelle quotidienne d'un prédicateur d'extrême droite sur une télévision nationale propriété d'un oligarque dont le groupe apporte son concours logistique privé aux forces militaires en Afrique quand elles en expriment le besoin, et un attentat islamiste au cœur du renseignement français qui avait ridiculisé le ministère de l'intérieur. Macron a pris de court son propre entourage.
Ce choix révèle une fidélité, une relation personnelle de Macron et quelques proches avec l'hebdomadaire réactionnaire: pendant le quinquennat Hollande, Macron était la taupe élyséenne de Yves de Kerdrel, un ami rencontré à la Commission Attali sous Sarkozy, qui pris la direction de "VA" en 2012 (fut condamné pour provocation à la discrimination en 2015 puis pour diffamation en 2017). Sylvain Fort, ex-plume de Macron, fréquentait Louis de Raguenel pour préparer la campagne de Macron.
Dans cette interview, Macron reprend, et légitime ainsi, les propos de l'extrême droite: il caricature les manifestants contre l'islamophobie - "tiers-mondisme non-aligné aux relents marxistes.” Il qualifie les collectifs d'aide aux migrants de d'associations "droits-de-l'hommistes main sur le coeur". Il reprend le fantasme Blanquer, jamais étayé par des chiffres ni des études, sur les "enfants qui sont déscolarisés". Il s'attaque à l'AME: "il y a un sujet que personne n'a vu (...), ce sont les gens qui viennent avec un visa touristique, qui reste trois mois et ensuite se mettent à l'AME." Et le voici qui suggère un délai de trois mois de carence. Rappelons que l'AME ne concerne que 300 000 bénéficiaires. Et que les fins limiers du contrôle des abus du dispositif n'ont trouvé que 571 dossiers frauduleux l'an dernier...
Les valeurs d'Emmanuel Macron s'arrêtent-elles là où commencent son ambition politique ? Il a besoin d'un duel final avec Le Pen. "Emmanuel Macron est le premier président de la Ve République à accorder une interview durant son mandat à un titre aussi marqué à droite." commente un politologue. En accordant cet entretien de 12 pages, écrit, relu et validé, "le président de la République, par des marqueurs sémantiques qui correspondent parfaitement au lectorat de Valeurs actuelles et à l'idéologie de ce journal, ne se situe plus au centre de gravité de LREM."
Ce n'est pas sans raison. Macron va porter l'argument là où il veut que le débat politique se clive, c'est-à-dire sur l'immigration et l'islam, pour mieux faire oublier son échec social et ses partis pris économiques. Sa seule issue politique pour faire oublier sa présidence des ultra-riches est de forcer un tête-à-tête contre l'extrême droite. La presse dominante emboite d'ailleurs le pas avec gourmandise. Ainsi le Monde, sous la plume d'Ariane Chemin et de François Krug, qui "décryptent" la tactique politicienne du jeune monarque, dans un article qui débute par un grossier mensonge: "Depuis 2017, les Français attendaient les réflexions d’Emmanuel Macron sur la laïcité, le droit d’asile, l’immigration, l’islam." C'est faux, même les sondages le disent.
Cette "minute d'allégeance à l'extrême droite" est un moment clé de cette séquence de rentrée. Macron est sorti de l'été en tentant de jouer sur un nouveau positionnement, la bienveillance et l'écologie - "J'ai changé" clamait-il sur le le site de l'agence de brand content "Konbini". Mais cela ne suffit pas. La grève réussie des syndicats contre son grand projet de réduction des retraites l'a fait reculer, très loin. Désormais, promet-il, sa réforme des retraites n'affectera pas celles et ceux avec déjà 15 ou 20 ans de carrières... En d'autres termes, rien de neuf avant quatre ou cinq quinquennats... L'ardeur réformatrice du président des riches serai-elle émoussée ?
Cachez cette présidence des riches...
Le 5 décembre, un appel à la grève général fiche la trouille en Macronie. La presse dominante, encore elle, commence son intoxication, comme ces sondages pour "prouver" que la grève est déjà impopulaire. Cette surimpression fasciste du débat politique par la Macronie n'est pas sans rapport.
Il faut divertir l'attention, souffler sur d'autres braises, faire oublier la police que l'on envoie matraquer à ciel ouvert et sans sommation contre les Gilets Jaunes pour leur 51ème acte. Il faut cacher cette guerre contre les pauvres. Son gouvernement envisage même de supprimer l'un des themomètres, l'Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Le gaz augmente (encore) de 3% pour 4 millions de foyers. Mais bonne nouvelle... les pensions de retraite sont revalorisées de ... 1%. L'allocation aux adultes handicapés (AAH) progresse de 40 euros par mois, soit +4,65%. Quel bel effort ! Merci messieurs. Le "pôle de gauche" de la Macronie peut espérer faire oublier le gel des autres prestations sociales qu'il vient de voter comme des godillot pour l'an prochain. Ou la hausse du nombre de pauvres que la réduction des aides au logement a provoquée.
C'est la Toussaint, 50% des demandeurs d'emploi voient leurs droits réduits à compter de novembre à cause des nouvelles règles d'indemnisation: 1,3 million de personnes sur les 2,7 millions qui bénéficient actuellement d’une indemnisation (sur 6 millions de personnes inscrites à Pôle emploi). Les dégâts sont considérables. Plus particulièrement visés, les CDD, les intérimaires, les mi-temps thérapeutique, les jeunes et les temps partiels (majoritairement des femmes). Pour 850 000 personnes, les indemnités vont diminuer de 20% en moyenne avec la réforme. Comment Muriel Pénicaud, ministre du travail, le justifie-t-elle ? "On corrige une situation. Aujourd'hui, en alternant des contrats, on gagne plus quand on entre au chômage qu'au moment où on travaillait. Ce n'est pas logique." La ministre ment: ces 40% des chômeurs ne touchent pas plus que lorsqu'ils travaillaient. L’objectif annoncé de la réforme est d'économiser 3,4 milliards d’ici fin 2021.
Et de quelles indemnités faramineuses parle-t-on ?
- D’après l’UNEDIC (organisme qui gère l’assurance-chômage), 850 000 personnes verront leur indemnité baisser de 905 à 708 euros (-22%).
- Pour 280 000 personnes, l’allocation diminuera de 897 à 679 euros (-25%).
- Pour 7 % des chômeursc(190 000 personnes), l'allocation sera réduite de 868 euros à ... 431 euros par mois (-50%).
Aujourd'hui, on paye moins d'impôts sur les revenus de la spéculation et les dividendes que sur ceux du travail dès que l'on paye plus de 12% d'impôt sur le revenu.
Ami castor, as-tu acheté Valeurs Actuelles cette semaine ?
Quand les macronistes n'aimaient pas VA
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