Fils d’une artiste-peintre et neveu d’un génie, Léopold Armand Hugo est resté comme l’exemple du raté magnifique, du touche-à-tout loufoque et du mari malheureux [1]
Dans son oeuvre graphique, en grande partie consacrée à sa propre image, trois gravures font exception : non pour leur qualité, mais pour les questions qu’elles posent sur le fonctionnement d’un ego aussi hypertrophié qu’attachant.
« La famille de Victor Hugo, j’entends son ascendance, s’est typifiée depuis à mes yeux dans un très singulier et pas désagréable bonhomme, fils d’Abel Hugo, du nom de Léopold Hugo, et qui disait à l’illustre poète : « Oui, mon oncle. » C’était un personnage aux gros yeux globuleux, grisonnant, représentant à lui tout seul une encyclopédie de connaissances inutiles, un peu peintre, un peu sculpteur,un peu mathématicien, un peu métaphysicien. Doux et modeste comme une bête à bon Dieu, il faisait tapisserie avenue d’Eylau, entretenait à voix basse non les invités de qualité, mais les femmes, enfants et amis de ceux-là. Il était d’une grande urbanité d’autrefois, ainsi que le maître de maison lui-même, s’effaçait devant tout le monde et subissait étonnamment les raseurs. A distance, il m’apparaît aujourd’hui, ce brave homme, comme un héréditaire, comme une réduction dde « son oncle », comme un carrefour de facilités géniales et de trous béants, de chimères et de notions, notations et inventions verbales, fort analogue, pour l’architecture, à la place royale que fut le cerveau de Hugo. » Léon Daudet, [2]
Différents auto-portraits de Léopold
Musée Vivenel, Compiègne
Léopold apprit le dessin de sa mère Julie, mais pratiqua surtout la sculpture et la gravure.
Autoportrait en une seule spirale
Léopold Hugo, musée Rodin
Ici il s’applique à inscrire sa physionomie dans une spirale unique, à la manière de la célèbre Face du Christ de Mellan (voir 1 Sainte face : La ligne sans pareille). Mais l’ajout maladroit de la pipe et de la coiffe disent bien l’ambition démesurée de l’amateur et ses évidentes limitations techniques. Quant à son égotisme désinhibé, il s’exprime dans la triple signature :
- dans le cuivre,
- dans la marge (Léop. Hugo ips del et sc : lui-même l’a dessiné (delineatus est) et l’a gravé (sculpsit)
- dans la dédicace au crayon : « A Auguste Rodin / salutations empressées Léopold Hugo » et « offert à Monsieur A. Rodin / par son dévoué / L. Hugo. »
Double auto-portrait à l’ibis
Maison de Victor Hugo, Hauteville House
Léopold affectionnait des double auto-portraits, dans lesquels un « tableau dans le tableau » expose un aspect complémentaire de sa personnalité.
On le voit ici en zoologiste et marin, en pleine action, la casquette et la vareuse frappées d’un blason en forme d’ancre, venu en barque avec toile et palette pour croquer les oiseaux sur le motif.
La vignette montre le même en atelier, toque d’artiste sur la tête, manipulant d’un air grave une statuette d’ibis à côté d’un chevalet et d’une guitare.
Léopold Hugo étudiant
Maison de Victor Hugo, Hauteville House [3]
Ici le principe est le même, mais inversé : la vignette montre le naturaliste en extérieur, MANUEL en poche. Tandis que le reste de la gravure illustre, en intérieur, l’étendue de son savoir. A gauche les livres GEOMETRIE et CRISTALLOIDES, ainsi que les graphiques et les modèles, font allusion à son oeuvre principale : pas moins que le renouvellement de la Géométrie, à laquelle il s’attellera dans une série d’ouvrages de moins en moins mathématiques et de plus en plus farfelus.
A droite, le livre de ZOOLOGIE rappelle peut être sa contribution de 1874 : « Schema de la reptation de la vipère noire d’Egypte ».
Le livre de SEMANTIQUE évoque possiblement son opuscule de 1866, « Interprétation de l’inscription gauloise d’Alise, par le Cte Léopold Hugo », sur la base de l’allemand moderne (malheureusement réfutée par le spécialiste Alfred Maury).
Enfin le livre de STATISTIQUES évoque sa profession de Chef de Bureau au Ministère des Travaux Publics.
Le même procédé lui permet de s’évader dans des personnalités différentes.
La vignette le montre en bourgeois lisant son journal dans le rue, à côté de deux chiens qui se flairent ; tandis que le corps de la gravure le représente probablement en poète errant, tendant la main à la fois pour mendier et pour décamer.
Sans titre, Léopold Armand Hugo, Maison de Victor Hugo, Hauteville House [4]
Enfin cette dernière oeuvre oppose la figure du ritter, les deux mains sur son épée, et celle de l’ermite, les deux mains sur son chapelet : dans sa grotte en haut de l’escalier, environné de chauves-souris et d’araignées, sur son prie-Dieu fait de deux flasques, il voit apparaître devant lui le soleil noir de la Mélancolie.
Projet pour une boîte en maroquin
Léopold Armand Hugo, 1881, Maison de Victor Hugo, Hauteville House [5]
Cette allégorie complexe est probablement motivée par le palindrome de la date, 1881, autour de l’étoile à cinq branches. A noter le soleil noir (ici sans rayons) coupé par une des arêtes.
A côté d’une branche en fleur, d’une branche de rosiers et d’une branche de chêne avec gland, on reconnait le Lion de Normandie affrontant la Pieuvre d’Oceano Nox sous une branche de laurier, hommage probable à la gloire avunculaire. Les deux orifices allongés étaient probablement destinés au passage d’un ruban.
Comme souvent, il y a trois signatures : l’une pour la gravure, l’autre pour la boîte, et l’autre pour le portrait : ainsi le Léopold peint sur la boîte imaginée par Léopold, dans la gravure exécutée par Léopold, forment une auto-référence qui n’est pas sans rappeler le principe des double-portraits en vignette.
L’oeuvre-testament : le pendant vénitien
Pendant vénitien, Léopold Hugo
Le clou de l’oeuvre graphique de Léopold est sans doute ce pendant, dont le moindre des mystères est le délai de 22 ans qui sépare les deux estampes.
Les dates
D’un côté, la date est inscrite en chiffres romains, sur une banderole entre les deux portraits : forme de solennité propre à commémorer un événement. Mais est-elle vraiment la date de la gravure ? C’est possible : Léopold date rarement ses gravures mais lorsqu’il le fait, c’est de manière ostensible, comme partie intégrante du dessin ( voir « Le Sphinx » et la « Boîte en maroquin »).
De l’autre, la date est inscrite sur un cube orné d’un compas, double symbole de la géométrie. Comme pour le 1881 de la « Boîte en maroquin », les chiffres arabes ont pu être préférés par raison de symétrie, ou par concision ( MDCCCLXXXIII ).
En inversant la gravure, on voit que Léopold s’est probablement trompé sur le dernier chiffre : la date n’est pas 1888, mais bien 1883.
Les signatures du dessinateur
Le texte est quasiment identique des deux côtés : L.HUGO Pinx.IPS.F. (pinxit ipse fecit : a peint et a fait lui-même). Mais dans la gravure la plus ancienne, Léopold a mentionné son statut de comte (nous verrons pourquoi dans un instant).
A propos, voyez-vous ce que signifient les quatre lettres MVSA autour de l’étoile à cinq branches ?
Il s’agit du latin MUSA : « La Muse » au singulier. Notons qu’il ne s’agit pas d’une dédicace : « A la Muse » s’écrirait MUSAE, « Aux Muses s’écrirait MUSIS.
A noter que, dans les deux cas, il n’a pu s’empêcher de signer une deuxième fois juste à côté : sur un livre et sur un médaillon.
Un dessin à la plume porte, à son dos : « Par Léopold Hugo élève d’Horace Vernet. Son portrait ; croquis du marbre exposé en 1874 ».
Le médaillon posé entre une branche de laurier, les outils du sculpteur, la palette du peintre, et les diagrammes du géomètre, est donc l’auto-portait que Léopold avait exposé au salon de 1874.
Les signatures du graveur
On sait que Léopold a confié la gravure de ses oeuvres tardives à la jeune toulousaine Rose Maury (voir Le secret des soeurs Duvidal). Mais ici, de manière, très extraordinaire, c’est un membre de la famille qui s’est chargé de cette tâche fastidieuse.
Tout comme pour la signature de Léopold, seule la première gravure porte la mention de Comte. Reste maintenant à identifier A. de Montferrier : est-ce la même personne dans les deux cas ?
Le comte Anatole de Montferrier (1833-1887)
Né à Pont-à-Mousson le 28 avril 1833, il était le frère du quatrième marquis de Montferrier, Antoine-Edgar, et en tant que cadet portait le titre de Comte. On ne sait pas grand chose sur lui : il écrivit plusieurs opuscules politiques autour de 1870, fut directeur d’un journal éphémère « Le Châtiment », se maria sur le tard le 25 novembre 1873, à Nancy, avec Adèle de Frongoust et mourut à Paris en 1887.
Cousin de Léopold, il aurait donc pu être en théorie être l’auteur des deux gravures : mas un autre candidat est plus problable
Le marquis Antoine-Edgar de Montferrier (1832-1894)
Son frère Antoine-Edgar .était très lié avec Léopold, puisque celui ci fut son témoin de mariage (le 7 mai 1860 à Paris 6ème), avec la fille d’une célébrité du Second Empire, Abel Villemain, Secrétaire Perpétuel de l’Académie Française. Ceci facilita son ascension sociale puisque, de rentier à Metz, il devient en 1861 sous-préfet de Tonnerre, où naît son fils Antoine-Abel le 17 avril 1861.
L’année 1861, celle de la première gravure, est donc très significative pour le quatrième marquis : c’est l’année où il assure sa descendance. De plus, il porte encore le titre de Comte puisque son père, le troisième marquis, ne mourra qu’en 1868. Léopold, quant à lui, était Comte Hugo depuis la mort de son père Abel en 1855.
Il est assez logique que sur la gravure de 1861, les deux cousins aient fait figurer, par symétrie, leur titre commun. Et l’aient omis sur celle de 1883, pour la même raison d’égalité.
Autre conséquence de la mention Comte de Montferrier : la première gravure date au plus tard de 1868 (et ne peut en aucun cas être contemporaine de l’autre). Il est donc très vraisemblable que la date indiquée soit la bonne, et que Léopold Hugo ait fait appel deux fois à son cousin, à vingt deux ans de distance.
Les armoiries
1861
Les armoiries dont exactement les mêmes dans les deux gravures : on reconnaît à gauche celle des Hugo, à droite celle des Duvidal.
Armories familiales
Léopold Armand Hugo, Maison de Victor Hugo, Hauteville Hous
En tant qu’armes d’alliance de ses deux parents, ce sont les armories de Léopold. Mais on peut tout aussi bien les considérer ici comme l’emblème de la collaboration des deux cousins, Hugo et Duvidal.
Deux aspects de Venise
Venise est vue sous deux aspects : vue intérieure d’un palais, et vue extérieure sur l’église de la Salute (représentée très approximativement), depuis la place Saint Marc, de l’autre côté du Grand Canal.
1861 : un tableau et un miroir
Léopold s’est visiblement inspiré d’un portrait de doge, peut être celui-ci.
Le tableau posé de biais sur le sol est observé par la femme dont on voit le profil dans le miroir : une AUG(usta) ou ALL(egra) VENEZIANA, dont les seins nus laissent supposer qu’il s’agit d’une courtisane.
1883 : un diptyque
En 1883, les deux vignettes se retrouvent en place d’honneur, accrochées sur le rideau comme une sorte de diptyque :
- à gauche un lion est marqué au front d’une croix ancrée (l’emblème des Templiers) et est surmonté par les mots SANCTUS écrits en miroir (avec des erreurs) et sans doute le mot MARCUS interrompu faute de place ;
- à droite un vieillard portant une toque d’artiste (analogue à celle de Léopold dans l’auto-portait à l’ibis) nous dit, par le sempiternel IPS FEC et les initiales LH (avec une erreur sur le L) qu’il s’agit d’un tableau dans la gravure, un autre auto-portrait de Léopold.
Sur la banderole à droite, la devise GNOTI SEAUTON est sans doute à mettre en pendant avec cet étrange portrait biface, où Léopold en pyjama se voit en chevalier maudit, et en lion.
Les grandes étapes de la vie de Léopold
On connait mal le détail de sa biographie. Voici néanmoins ce qui est certain :
- 1855 : mort de son père Abel, mariage avec Marie Jeanne Clémentine Solliers ;
- 1856 : naissance de leur fille Zoé ;
- 1861 : premier pendant
- 1865 : mort de sa mère Julie
- 1866 à 1877 : parution de ses écrits mathématiques
- 1869 : Clémentine quitte le domicile familial
- 1870 : Clémentine a une fille avec un officier allemand, elle vit ensuite à l’étranger, utilise le prestige du nom d’Hugo et fait à Léopold de fréquentes demandes d’argent [7] ;
- 1876 : mort de sa fille chérie (« Sainte Zoé » selon une de ses gravures) ;
- 1883 : second pendant
- 1885 :
- 1er mars : mise à la retraite ;
- 25 mars : jugement de divorce avec Clémentine (qui réside à Rome)
- 22 mai : mort de son oncle Victor Hugo ;
- 15 septembre : prononcé du jugement de divorce : le bon cousin Antoine-Edgar est témoin , comme il l’avait été du mariage.
- 1885-89 : parution de plusieurs oeuvres musicales, dont « Les Déchirements trois déplorations pour le piano forte » en 1885
Deux périodes contrastées
Autrement dit, les deux pendants se placent dans des années sans événement marquant, mais dans des phases contrastées de sa vie :
- pour le premier, il est marié, père comblé, et son épouse n’a pas encore – à ce qu’on sait – donné de signes d’infidélité : la femme de la gravure n’est donc probablement pas un portrait à charge de Clémentine en courtisane (Léopold était par ailleurs peu porté sur l’humour et l’autodérision) ;
- pour le second, il a perdu celles qu’il aimait (sa mère et sa fille), s’est séparé de corps d’avec sa femme, et il donne dans ses écrits de sérieux signes de dérangement.
Un souvenir de Léon Daudet, de l’époque ou Rodin faisait le buste de Hugo (1883), jette (s’il n’est pas inventé) une lumière triste sur ces années où Léopold, pour sauver les apparences, se rendait encore en couple chez son oncle :
« Mais celui-ci (Lockroy) aimait surtout faire tourner en bourrique Léopold Hugo, fils d’Abel Hugo, charmant homme, légèrement « demeuré », avec un grand front génial et une parole lente, dont Hugo et Jean Aicard courtisaient concurremment l’aimable femme.
— Mon cher Aicard, disait Hugo, nous avons ce soir à dîner mon neveu le comte Hugo et sa femme, la comtesse Hugo… Aicard haussait dans un sourire sa face barbue et perforée, pareille, selon Mistral, « à une pierre ponce trouvée au fond du Rhône », et répondait :
— Mon cher maître, je serai ravi de me trouver avec eux.
— Vous ne me comprenez pas, mon cher Aicard. Nous avons ce soir à dîner mon neveu, le comte Hugo et sa femme, la comtesse Hugo, ma nièce. .
Aicard cette fois comprenait, bredouillait quelques mots d’excuse et allait prendre son vestiaire. » [8]
La synthèse
Projet de façade
Léopold Armand Hugo, 1883, Musée Rodin [9]
Dans ce document exceptionnel, qui ne porte d’autre date que celle inscrite à l’intérieur de la seconde gravure, Léopold nous révèle la destination des pendants : deux panneaux décoratifs dans un meuble.
Panneaux inversés
Léopold cette fois manié lui-même le burin, sans se compliquer la vie en inversant les gravures : il les a recopiées d’après les tirages papier, avec beaucoup de minutie : tous les détails y sont.
Leur répartition en diagonale et non côte à côte, peut sembler bizarre : à la réflexion, elle fait sens, si l’on considère les deux rideaux comme ceux d’un théâtre vénitien, l’un qui s’ouvre et l’autre qui se ferme…
…et la vie entre les deux comme une mélodie sifflée par une déesse sur une flûte de pan.
Il est alors logique que la jeunesse, la partie gaie, soit associée à la clé de sol ; et la vieillesse, la partie grave, à la clé de fa.
L’emblème du bas, sous un motif composé d’une palette et d’un burin, constitue un nouveau portrait idéalisé de Léopold, assez similaire à la gravure du ritter et de l’ermite : ici LEX (la Loi) est symbolisée par l’épée, et PAX par la peau de lion.
Quant à la femme du haut, il est vraisemblable qu’il s’agisse d’un des deux amours de Léopold : sa mère Julie ou sa fille Zoé.
Conclusion provisoire
La question essentielle est de savoir pourquoi Léopold, en 1861, a confié à son cousin la gravure de la première oeuvre. Le sujet était-il trop scabreux (une rencontre avec une prostituée vénitienne) pour être gravé à domicile ?
Peut être est-ce l’évidence qui nous aveugle : et si, pour une fois, le « doge » n’était pas un Nième autoportrait de Léopold, mais celui de son cousin, qui venait justement d’être nommé dans son « palais » de sous-préfecture ? Et si la femme aux seins nus était Lucie Villemain, qui se préparait justement à allaiter ? Et si la date MDCCLXI était la commémoration de la poursuite de la lignée, de la naissance du cinquième marquis ?
Venise comme métaphore de Tonnerre, et un dessin à graver comme cadeau de naissance, voilà une originalité bien digne de Léopold.
Reste à savoir si la seconde gravure était déjà prévue dès le début : peut être devait-elle initialement représenter la femme et la fille de Léopold, les deux pendants constituant à la fois une oeuvre commune (double blason, fecit et sculpsit) et un photographie de famille échangée entre les deux cousins ? En tout cas cela ne s’est pas fait, et Léopold n’est revenu vers son cousin que vingt deux ans plus tard, pour boucler la boucle avec ce bilan, en lion crucifié et sanctifié, de sa vie.
[7]
[8] « Ric et Rac : grand hebdomadaire pour tous », 22 décembre 1937 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55112919/f5.image.r=%22l%C3%A9opold%20Hugo%22?rk=1094426;0 [9] https://collections.musee-rodin.fr/es/museum/rodin/projet-de-facade/G.08169?auteur%5B0%5D=L%C3%A9opold+Armand+HUGO&media=1&position=2« Le moyen mis en avant pour lui forcer la main était simple : comme Mme Solliers séjournait tantôt à Londres, tantôt à Bruxelles, toujours dans de grandes villes, où l’éclat du nom d’Hugo avait pénétré, elle lui écrivait : « Si je n’ai pas d’argent, je vais donner des leçons de déclamation, de poésie, et j’indiquerai que le cours a lieu chezla comtesse Léopold Hugo. » Et le neveu du grand homme baissait la tête, se laissant ainsi rançonner . Un jour,- exactement le 3 mars 1894, — il avait cette idée précautionneuse de couper complètement les vivres à sa femme, sauf pour le cas où elle se remarierait. Il pensait qu’un second mariage l’arrêterait dans ses fantaisies — et lui serait une sauvegarde. Dans cette hypothèse, il lui assurait une rente viagère de 2,000 francs. Comme de juste, sa résolution était bien prise : enlever toute sa fortune — 500,000 francs environ — à l’ex-comtesse Léopold. Dans ce but, il avait, du reste, dés 1880, institué un neveu, M. le marquis de Montferrier, son légataire universel. » Le Journal, 18 juillet 1896