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Lenny Popkin trio: l'essence du Cool Jazz au Sunset

Publié le 02 novembre 2019 par Assurbanipal

Paris. Le Sunset.

Vendredi 1er novembre 2019. 21h.

Lenny Popkin: saxophone ténor

Gilles Naturel: contrebasse

Carol Tristano: batterie

Aller à un concert du trio de Lenny Popkin, c'est comme se rendre sur une plage que vous connaissez déjà. Rien n'a bougé depuis votre dernier passage. La mer, le sable et les rochers sont toujours à la même place et pourtant selon la lumière, le vent, le jeu entre soleil et nuages, quelque chose a changé. Vous ne pouvez l'expliquer mais vous pouvez le ressentir. Je ne donnerai pas de nom de plage car il y a bien assez de monde dessus. Pour Lenny Popkin, je ne me lasse pas de le recommander car son style est un défi à la médiocrité ambiante. Son trio est une affaire familiale car Carol Tristano est la fille de Lennie Tristano (1919-1978), Maître de Lenny Popkin et l'épouse de Lenny Popkin. Gilles Naturel contribue au développement de ce dialogue conjugal en musique.

" All the things You are " pour commencer. Ce soir, nous révisons nos classiques. Lenny a toujours ce son d'oiseau sur sa branche, si fluide, si léger. Le bassiste pose les fondations. Le batteur ponctue aux baguettes. Le thème avance, sinue. C'est du massage cérébral, en douceur, mais constant. Duo contrebasse-batterie plutôt qu'un solo de contrebasse accompagné. Je sens la vibration de la contrebasse dans mon ventre, celle de la batterie dans les oreilles.

" These foolish things (remind me of You) ". Carol est passée aux balais. La rythmique marche à pas feutrés. Le sax ondule doucement. La musique habille le silence. Chaque note pèse son poids d'émotion mais sans aucun sentimentalisme. Cette musique est un baume pour l'esprit. Le public est concentré. Il n'applaudit pas les soli.

" I am getting sentimental over You ". Retour aux baguettes. Une nouvelle chanson d'amour mais sur un rythme plus vif. Toujours ce jeu Cool sans attaque. Ce n'est pas lisse mais les transitions sont douces. Je ferme les yeux et me laisse bercer par la vague. Impossible de s'y noyer. Il suffit de se laisser flotter. Sans cier garde, en partant de thèmes connus, le trio de Lenny Popkin nous emmène dans l'inouï. Je ne sais où je suis mais peu importe puisque je suis bien. La musique est raffinée, sophistiquée mais ni pédante, ni précieuse.

Nous allons maintenant jouer " Out of nowhere ". En bon pédagogue, Lenny Pokin présente chaque morceau avant de jouer. Une ballade. Carol Tristano est aux balais. L'onde est si bonne que j'ai l'illusion d'un massage des cervicales et des épaules. Solo de batterie sec, nerveux mais en douceur, aux balais. Soutenu par la contrebasse. Jouer vite et doucement, c'est ce qu'il y a de plus difficile.

Cette fois, Lenny enchaîne directement, sans présentation. Un standard que je ne reconnais pas. Carol roule aux balais. Un air vif et léger. Dialogue en finesse, en souplesse entre batterie et contrebasse.

Une ballade. Thème inconnu de mes services. Carol reste aux balais. Effet de vibrato du saxophone.

" All of Me ". Thème qui conclut le premier set. Retour aux baguettes. Billie Holiday habitait ce thème. Joué sur un tempo rapide. Toujours aussi fluide. Solo de batterie aux baguettes. Carol accélère progressivement. Maintenant, elle malaxe les peaux mais juste ce qu'il faut. Pas d'excès de notes. Le trio repart tranquille.

PAUSE

Reprise aux balais pour une petite marche légère, subtile.

" You don't know what love is ". Ballade somptueuse. La voix de Chet Baker surgit dans mon cerveau. Obligé sur ce thème. La musique avance à pas lents et calmes.

Retour aux baguettes. Un tempo plus animé mais toujours joué dans le relâchement. Thème inconnu de ma mémoire vive. Solo de batterie aux maillets. Belle résonance. Ca sonne tout de suite plus mystérieux. Passes rapides et légères sur les cymbales.

" I remember April ". Là, je reconnais tout de suite. Batteuse aux baguettes. Contrebasse et batterie semblent suivre un chemin rectiligne mais le saxophone, lui, sinue subtilement. Un solo de contrebasse à l'archet subtilement ponctué par le tic tac incessant des baguettes sur les cymbales et les bords de caisse. La contrebasse vibre. Mme M-H poursuit son initiation au Jazz en découvrant que la contrebasse peut se jouer à l'archet, comme dans la musique classique. En classique, les passages en pizzicato sont l'exception. En jazz, c'est l'inverse. Pour slapper une basse, il faut prendre les cordes à pleines mains.

Aux balais un air vif et léger est joué.

PAUSE

Carol Tristano a repris aux balais. Je ne connais pas ce thème. Ca coule toujours de source. La musique marche à petits pas comme un danseur de java.

" Body and Soul ". Aux balais. Le sax sonne suave et velouté à souhait. Ca marche. Le couple d'amoureux devant moi s'enlace tendrement.

" Best thing for You ". Retour aux baguettes. Un air rapide. Toujours ce chant d'oiseau du saxo.

" You go to my head ". Baguettes. Superbe ballade jouée superbement. Je crois entendre les paroles tant les notes jouées sont chantantes.

Le trio joua un autre morceau puis un rappel. Nous eûmes notre dose de beauté.


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