A ce jour, combien reste-il de castors, convaincus que leur vote en faveur de Macron a sauvé la République du pire, c'est-à-dire de l'extrême droite ? J'espère que l'illusion d'un Macron « et de droite et de gauche » a fait long feu.
Dès les premiers jours du quinquennat, l'enfumage du « en même temps » a disparu. Suppression de l'ISF, rabotage des APL, doublement du CICE, vraie fausse suppression de la taxe d'habitation, création de la flat tax, gestion de la pénurie à l'hôpital public, suppression de postes dans le secteur public et dégradation de la fonction publique, loi travail n°2, réforme de l'assurance chômage et bientôt des retraites, casse de l'éducation nationale et ainsi de suite, le macronisme est au service d'une minorité, oligarchie ou bourgeoisie.
Après l'échec des mobilisations institutionnelles des syndicats contre la loi loi Pénicaud et le démantèlement de la SNCF, ont surgi du paysage les gilets jaunes. Essentiellement des personnes exploitées jusqu'à la moelle par le système capitaliste, ces classes populaires qui, année après année, ont vu leurs conditions de vie se dégrader, vivotant d'expédients, de "petits" boulots, de cdd en missions d'intérim, d'allocations chômage puis de RSA. Ces classes populaires abandonnées par la gauche dominée et représentée par le parti socialiste de 1981 à 2017, sont les grandes perdantes de la financiarisation du capitalisme et de la mondialisation heureuse. Un abandon par les pouvoirs successifs, théorisé par DSK et le think tank Terra Nova...
Ce qui a fait sortir dans la rue et sur les ronds-points les gilets jaunes, ce n'est pas le racisme anti-juif ou musulman, l'homophobie ou le complotisme, mais un réflexe de survie pour soi et ses proches qui se matérialise par des non choix tels que se priver de repas, de chauffage, de consultations médicales, de biens et de services essentiels qui, privatisés, sont devenus hors de prix.
Aujourd'hui, nous sommes à un moment particulier où le néo-libéralisme, d'une part, ne fait plus illusion en raison des dégâts sociaux et environnementaux, et même industriels qu'il cause, et, d'autre part, est contraint de s'imposer par la force (propagande médiatique, répression policière et judiciaire, lawfare,criminalisation de l'action syndicale, non respect des institutions républicaines notamment au Parlement à coups de votes répétés sur un même texte).
Au macronisme correspond un changement radical du maintien de l'ordre qui s'apparente à une guerre, larvée l'essentiel du temps, avec des pics de violence le jour des manifs. Certes, expérimenté par ses prédécesseurs avec le nassage, le recours abusif aux gaz lacrymogènes, mais avec Macron le degré de violence s'est considérablement élevé avec l'usage systématique du flashball et de lacrymogènes dont la composition est tenue secrète. Cela s'est traduit par des estropiés à vie, une vingtaine d'éborgnés parmi lesquels de simples passants, et au moins deux morts. Le niveau des violences policières n'a pu être caché par les médias du CAC40 que deux mois avant que ces derniers ne les évoquent enfin !
Enfin, la mobilisation des gilets jaunes s'étendant aux personnels hospitaliers et aux milieux écolos, le régime macronien a lancé le vieux et faisandé débat sur le voile pour faire diversion et omettre dans le débat public le mécontentement social et écologique. Comme aux heures des plus fortes mobilisations des gilets jaunes, l'extrême droite et l'arrière ban de la droite de LR qui avaient soutenu le gouvernement Philippe contre les manifestants, ont accouru pour répandre la haine et la division.
Aussi, faut-il être encore naïf pour s'étonner de la dernière couverture de l'emblématique magazine de la droite de la droite et de l'extrême droite, tant ces forces et LREM convergent politiquement sur l'essentiel pour servir les intérêts de l'oligarchie et réprimer toute opposition au capitalisme ou seulement à ses pires logiques. Jeudi 31 octobre 2019, un nouveau palier a été franchi avec l'arrestation à Bobigny d'un cadre de la CGT, secrétaire général de la confédération de la Seine-Saint-Denis, assortie d'une garde à vue de 7 heures (!).
Manifestement, le régime macronien ne tolère plus la moindre opposition, même institutionnelle, dans l'espace public, signe tangible que la techno-structure incarnée par ce régime devient autoritaire. Aussi, le choix de Macron d'accorder une interview exclusive à Valeurs Actuelles est logique et cohérent avec sa politique. A ce rythme-là de dérive, Macron prendra bientôt Le Pen et l'extrême droite sur leur droite !
Deux ans et demi ?