D’ordinaire, si l’on vous parle « télépathie », vous traduisez « paranormal », irrationnel. (Enfin, considérons aussi avec modestie qu’à l’heure actuelle, une partie des mécanismes de l’empathie est encore au-delà de nos capacités d’analyse scientifique !)
Mais la télépathie stricto sensu se définit comme l’échange à distance de pensées ou de sentiments. Rien de bien surnaturel là-dedans.
L’objet de la connexion, c’est la télépathie.
De façon caricaturale, aboutie, et tout à fait dénuée de pensée magique, la télépathie n’est que l’empathie ultime. La captation contrôlée (sur commande), directe, absolue, de bonne qualité (non brouillée par nos propres schémas mentaux et émotionnels) et non intermédiée par un support physique limitant (structurant la forme et rationalisant le contenu) de ce que contient l’esprit de l’autre – et qui nous intéresse aussi -.
On a vu dans de précédents billets l’importance qu’auront les qualités empathiques dans l’avenir d’une humanité connectée, d’une civilisation de l’attention, où la connexion – relation devient prégnante.
- Les supports de l’échange homme – homme sont en train de se dissoudre dans l’environnement.
- La dématérialisation de nombreux biens et services, l’élargissement de la robotique, à qui seront dévolues toujours plus d’attributions créatrices de valeur, et des modèles économiques collaboratifs (partage, peer-to-peer, etc.), tous ces facteurs feront porter plus de poids sur la relation, sans doute plus que sur la transaction telle que pratiquée aujourd’hui (au temps pour l’avenir des systèmes financiers !)
- Et toute l’importance de la relation tient évidemment au fait qu’elle s’exprimera désormais dans un référentiel élargi : le village planétaire.
La qualité de cette connexion – relation, reposera notamment sur la qualité empathique : comprendre l’autre.
Parallèlement, voyez comme se développent les tentatives d’interconnexion entre la pensée humaine et les ordinateurs, ainsi qu’également toutes les formes d’expérimentations d’enrichissement sensoriel, qui vont élargir le champ de ce que nous appelons aujourd’hui bien prétentieusement « multimedia ». De nombreuses expériences explorent déjà ces voies avec succès :
- Dans cet ancien billet je vous montrais une expérience de télépathie 2.0 qui donnait une idée de ce que sont les interfaces brain-to-brain (cerveau ordinateur cerveau).
- Tout récemment, des scientifiques ont pu grâce à l’IRM modéliser et reproduire (de façon floue) des images mentales. C’est la voie ouverte à la conversion et l’encodage de nos pensées, de nos rêves…!
- De même, les technologies peuvent enrichir nos sens ou se substituer à eux, comme ici cette jeune femme, sourde, qui a entendu le son de sa voix pour la première fois à 29 ans.
Demain, vos facultés intellectuelles, vos sens, seront enrichis, complémentés, renforcés, connectés.
A son extrême, le croisement de ce rôle déterminant des facultés empathiques, et de leurs enrichissements technologiques, tendra donc probablement vers l’émergence de propriétés télépathiques…bien réelles. Une empathie enrichie.
Imaginez-vous un monde où la relation instantanée à un autre humain nous permettra d’intégrer en une seconde ce qui est dans son esprit… avant de se déconnecter et passer à un autre ! Civilisation du zapping de connexions et interconnexions… neuronales ?
Pas si vite, me direz-vous, c’est de la science-fiction. Oui, mais si vous considérez l’accélération des évolutions, cela viendra plus vite qu’on ne le pense. Et reste que, sauf à supposer vivre sur Mars (et encore…), être c’est communiquer : on est pour autrui, et l’on est pour soi : à travers l’autre. Nous n’existons qu’en relation à l’autre. Et au XXIe siècle, ce devrait être de plus en plus vrai. Qu’en pensez-vous ?
Verstehen de kodomut, sur Flickr. Licence CC BY 2.0.
Source de l'article L’empathie technologiquement enrichie : vers une humanité télépathe ? : Blog-notes | Corinne Dangas.