La duplicité caractérise ce qui est double : ce qui transmet deux messages (par ex. un verbal et un non verbal), ce qui pense ou agit une chose sans la dévoiler ou en en disant une autre… La simplicité ne peut « techniquement » pas en émerger, car la duplicité contient sa propre division, actuelle et future.
Système infernal : la duplicité menée à ses limites fabrique donc confusion et complexité ; mais vivant dans un monde complexe, il nous est, pour y fonctionner « normalement », quasi-impossible d’échapper à la duplicité.
Qu’est-ce que la simplicité, et qu’est-ce qu’elle n’est pas ?
Du latin simplex (semel – une fois, plecto – plier) et de l’indo-européen sim (l’unité, l’identité), est simple ce qui est non composé, formé d’un seul élément, « plié une fois ». La simplicité est l’unité intérieure et la quête métaphysique de l’Unité.
La simplicité n’exclut pas la prudence (« prudents comme les serpents et simples comme les colombes » dit l’évangile), et n’a rien à voir avec la sottise, la bêtise, l’ignorance, la candeur ou la naïveté. Il s’agit juste « d’être d’un seul bloc ».
- Ainsi le sabre (le Bokken, fait d’un seul bloc de bois dur) – le simple, non la force – tranche les noeuds gordiens nés de l’ambivalence et de la confusion.
- Ainsi, en mathématiques, l’unité est simple, parce qu’indivisible.
- Ainsi la justice est simple parce qu’im-partiale : non par le nombre et le formalisme des codes et des lois, mais parce qu’elle cherche à intégrer les réalités pleines et entières de toutes les parties.
- Ainsi l’économie (la gestion de la maison-monde) est la simple prise en compte de tous ses habitants. Son piège, de déporter le regard sur des signes illusoires : « l’argent (…) l’emporte sans peine sur les autres mobiles parce qu’il demande un effort d’attention tellement moins grand. Rien n’est si clair et si simple qu’un chiffre. » (Simone Weil)
- Ainsi en philosophie, « les vérités fondamentales sont simples » (Simone Weil, écrits de Londres). Mais elles requièrent une attention – une forme d’effacement de soi pour intégrer le monde sans l’altérer – : c’est « cette qualité du regard et de l’écoute, cette présence au monde suffisamment détachée de soi pour opérer l’air de rien de véritables petites révolutions dans le domaine de la pensée, de l’art ou dans la vie quotidienne. » (Figures Libres)
“ La vertu n’est récompensée que quand elle prend ses armes à la duplicité. ”
– Robert Hollier
“ Que celui qui donne le fasse avec simplicité. ”
– Romains 12:8
Source de l'article La simplicité : Blog-notes | Corinne Dangas.