Les pendants de Watteau

Publié le 31 octobre 2019 par Albrecht

 On connait une douzaine de pendants de Watteau, tous obéissant à des logiques différentes et elliptiques : comme si l’élégance consistait à éviter de se répéter et d’insister.

 Pendants d’histoire

Retour de campagne, gravure de Cochin (inversée comme dans le tableau original)
Le camp volant, 1710, Musée Pouchkine, Moscou (32.8 x 44.9 cm)

Les circonstances de composition de ce tout premier pendant de Watteau sont bien connues : le peintre commença par « Retour de campagne » puis, sur la demande du marchand d’art Sirois, réalisa le second tableau trois mois après. [1]

L’idée du pendant est d’opposer la troupe en mouvement – organisée selon un ordre militaire – et la troupe au repos – dans le délassement de la popote. Pour unifier les deux scènes, Watteau a repris la même composition en diagonale, depuis un motif introductif en arrière-plan en haut à gauche (le chariot pour le mouvement, les tentes pour la halte) jusqu’à un motif conclusif au premier plan en bas à droite (les deux officiers à cheval, les deux sentinelles). Il a également mis en évidence des personnages qui se répètent d’une scène à l’autre : la femme qui allaite et sa compagne, le chien).

Structurellement, la composition joue sur deux contrastes :

  • vue de loin / vue de près ;
  • centre ouvert (sur les lointains) et centre fermé (bouché par l’arbre)


Les fatigues de la Guerre (The Hardships of War) Les délassements de la Guerre (The Idylls of War)

Watteau, 1715, Musée de l’Ermitage, Saint Petersbourg, huile sur cuivre (21 x 33 cm)

On retrouve les principes mis au point dans le pendant précédent :

  • à gauche, une composition dynamique et ouverte, dans laquelle des personnages peu différenciés, poussés par un vent violent , se trouvent expulsés vers les marges d’un grand vide central ;
  • à droite, une composition statique et fermée où un élément central, l’immense toile de tente, unifie des individus qui mènent chacun leur vie propre.

Mais Watteau accentue avec maestria les contrastes dramatiques :

  • à gauche, la difficile progression, pressée par l’orage, se conclut sur un âne qui cale devant un ruisseau, le dos chargé de sacs et de volaille ; certains chevaux ont leur fardeau protégé par une toile, et une seule femme est visible, emmitouflée sur un autre âne à l’arrêt ;
  • à droite, sous la grande toile qui les abrite du soleil, les soldats jouissent du repos, dans la profusion des vivres et des cantinières.


S’échappant des sujets militaires, Watteau a rapidement appliqué les mêmes principes à de vastes compositions campagnardes à nombreux personnages. Le pendant que nous allons voir est considéré comme un pivot dans cette évolution, qui qui débouchera un peu plus tard sur  l’invention des « fêtes galantes ».

L’Accordée de village, Sir John Soane’s Museum, Londres
La Mariée de village, château de Sans-souci, Charlottenburg, Berlin

Watteau, 1712-14 (Gravé en pendant en 1735)

Les deux tableaux ont sans doute été réalisés sur une assez longue période de temps, en commençant par le second [2]. Vu leur état désastreux de conservation, il est préférable des les étudier d’après les gravures de Cochin.

La Mariée de village


Avec son église palladienne et son immense pin parasol s’inclinant comme pour accueillir la noce, Watteau transpose dans une Italie rêvée un sujet tiré de la plus pure tradition flamande.

Entre deux carrosses arrêtés sur la gauche, et des spectateurs assis à droite sur un talus, le cortège se déroule sur toute la largeur du tableau : défilent de gauche à droite les demoiselles d’honneur, les mariés, deux chiens, un couple de parents âgés r  deux musiciens, en direction du prêtre qui les attend sous le porche de l’église.

Watteau semble cultiver une certaine ambiguïté, en décentrant les mariés et en mélangeant cortège et spectateurs (le couple debout derrière les musiciens est souvent pris pour les mariés). L’impression est celle d’une masse humaine contrariée dans son mouvement d’ensemble vers la droite, ponctuée par des spots de lumière et des tâches de couleur aléatoires : conception panoramique qui n’est pas sans rappeler le flux mêlé des soldats, des bagages et des animaux, en marche ou bloqués, dans « Les fatigues de la Guerre ».

L’Accordée de village

Par contraste, cette composition très statique, dispersant des groupes épars autour d’un objet fixe attirant l’oeil, obéit à un principe de morcellement qui n’est pas quant à lui sans rappeler « Les délassements de la Guerre » : la vaste toile rouge derrière la table du notaire faisant écho à la tente au dessus de la table des soldats.

L’oeil sépare facilement des groupes de personnages, tous déconnectés les uns des autres :

  • celui dans le coin inférieur gauche, dans lequel on reconnait traditionnellement Watteau et ses enfants ;
  • celui centré sur une femme, à l’arrière plan dans le sous-bois ;
  • une série de couples se prenant par la main, comme pour se préparer pour un menuet ;
  • ceux qui s’intéressent au contrat de mariage, avec la future mariée assise et le notaire qui tend à son père la plume pour signer ;
  • des danseurs qui font la chenille, hommes et femmes alternés ;
  • un cornemuseux et un vielleux assis sous l’arbre.

La logique du pendant

Dès ces oeuvres de jeunesse, Watteau confirme sa préférence pour les contrastes subtils plutôt que pour les symétries appuyées. Ce pendant se conforme aux principes élaborés précédemment :

  •  centre ouvert /centre fermé 
  • mouvement / repos , 
  • composition panoramique / composition morcelée.

Mais c’est de manière non appuyée, presque allusive. L’opposition entre le village médiéval et le village palladien est secondaire, et sert surtout à casser le pendant en deux sujets nuptiaux séparés, plutôt qu’en deux moments d’une même noce. Et rien dans les costumes ne suggère une opposition entre mariage campagnard et mariage bourgeois.

Seules des allusions discrètes rappellent la différence entre les deux situations :

  • pour les fiançailles,  le chien est solitaire, le futur est assis à gauche de la future et les sexes des participants sont mélangés ;
  • pour le mariage, les chiens forment couple et tous les couples constitués se présentent dans l’ordre héraldique, l’homme à la droite de la femme.

Le contrat de Mariage (47 x 55 cm)
L’Assemblée près d’une fontaine de Neptune (Les jardins de Saint Cloud) (48 x 56 cm)

Watteau, Prado, Madrid

Ce pendant a été extrêmement discuté par les spécialistes : on n’est pas sûr que les deux soient uniquement de la main de Watteau [3] , et le fait même qu’il d’agisse de pendants a été contesté ([4], p 289).

Il est vrai que l’appariement est loin d’être évident : tandis que Le contrat de Mariage est une reprise de L’Accordée de village, resserrée autour de la toile rouge, le second tableau n’a rien du mouvement panoramique de La Mariée de village. En revanche, il démarque un autre tableau disparu, connu seulement par sa gravure :

L’Assemblée près d’une fontaine de Neptune 

Le Bosquet de Bacchus
Gravure de Cochin, 1735 (tableau perdu)

On voit bien que le sujet n’est pas à chercher dans les statues, interchangeables d’une variante à l’autre pourvu que celle de la fontaine soit masculine (Neptune ou Bacchus) et celle de la rive soit féminine (déesse non identifiable dans les deux cas). L’important est le bassin ovale autour duquel se répartissent trois groupes de personnages.

On peut noter que deux de ces groupes (en bleu) dérivent directement de deux groupes équivalents, en dehors de la section reprise pour l’autre tableau (en jaune) : comme si Watteau (et/ou son élève Quillard) avaient dérivé le second pendant à partir de la seule Accordée de village, en rajoutant le bassin et les deux groupes autour des statues (en violet).

Seul le contraste formel entre centre ouvert et centre fermé est conservé, tandis qu’un nouveau thème s’introduit: la promenade aristocratique dans un parc au son du murmure de l’eau, en contraste avec la danse paysanne bruyante et moins formelle.


C’est un autre pendant, avec un nombre réduit de personnages, qui va développer ce nouveau contraste que nous pourrions baptiser apollinien / dionysiaque, véritable inauguration du genre des « fêtes galantes »

La cascade (41 x 31.9 cm), collection privée, Suisse
La danse paysanne (43.2 x 32.4 cm.), Huntington Museum of Art

Watteau, 1713-17

Ces deux toiles en très mauvais état ont connu bien des vicissitudes, passant d’un format rectangle à un format circulaire, puis étant restituées à leur format d’origine. Les parties perdus ont été reconstituées à partir des gravures d’Audran, sur lesquelles il vaut mieux s’appuyer désormais pour l’étude iconographique.


La cascade
La danse paysanne

Gravures d’Audran (inversées)

La cascade (ou la promenade dans le parc)

Le tableau comporte cinq personnages :

  • 1) un couple de promeneurs au centre, l’homme étant dans sa position héraldique à la droite de sa compagne ;
  • 2) un joueur de guitare, allongé sur le sol ;
  • 3) un autre couple derrière lui.

La fontaine qui domine l’ensemble, au centre du bassin, est ornée en bas de dauphins, et en haut d’un groupe de trois putti autour d’une chèvre, qui s’inspire étroitement d’un groupe sculpté par Sarzazin pou Marly (aujourd’hui au Louvre) [5].

La danse paysanne

Le pendant comporte quant à lui sept personnages :

  • 1) un couple de danseurs, la femme tenant sa robe et l’homme en costume espagnol tournant probablement autour d’elle ;
  • 2) un autre homme avec le même costume, assis et jouant de la vielle ;
  • 3) un autre couple derrière lui ;
  • 4) un couple excédentaire, s’enlaçant à l’arrière-plan à côté d’un troupeau de moutons.

La houlette et le panier de fleurs abandonnés par terre à côté du chien endormi expliquent la situation : les deux jeunes gens ont interrompu leurs occupations (garder les bêtes et cueillir des fleurs) pour plutôt s’occuper l’un de l’autre.

La logique du pendant (SCOOP !)

La guitare, instrument aristocratique s’oppose à la vielle, instrument populaire ; de même que les habits des gentilshommes contrastent avec les costumes à l’espagnole ; de même que la promenade compassée dans le parc à la danse fortuite dans les sous-bois.

Autant le couple de promeneurs est digne et légitime, uni par les frondaisons qui se referment en V inversé au dessus d’eux, autant la rencontre de la dame et du danseur participe d’une atmosphère de sensualité et de relâchement, à l’image du couple de bergers et du chien qui dort .

Le groupe caprin de la fontaine, à droite du premier tableau, fait jonction avec le groupe ovin à gauche du second tableau : comme pour signifier qu’au jeux de l’enfance (les amours faisant avancer une chèvre) succèdent des jeux moins innocents (peu concernés par les agneaux).


La surprise (36,3 × 28,2 cm)
Watteau, vers 1718, Collection privée
L’accord parfait (35.5 x 28 cm)
Watteau, vers 1718, Los Angeles County Museum of Art

Ce pendant très raffiné et avéré par les textes [6] a été reconstitué récemment, suite à la résurrection miraculeuse en 2008 de La surprise, disparue depuis deux siècles.

  • A gauche est saisi l’instant du déséquilibre : tandis que les amoureux se jettent dans les bras l’un de l’autre, le musicien se trouve repoussé à l’autre bout du banc, comme par un effet magnétique. Entre eux un ciel immense ouvre tous les possibles.
  • A droite règne au contraire un équilibre qui dure : le couple assis se frôle sans se toucher, le couple debout s’éloigne posément, tous englobés dans la même frondaison touffue qui débouche vers une issue étroite.

Le but des deux compositions semble être de traduire plastiquement une opposition musicale :

  • dans l’une, deux lignes mélodiques s’enlacent fugitivement en se séparant de la troisième ;
  • dans l’autre, toutes les notes se réunissent dans une harmonie prolongée et une résolution unique.


Arlequin, Pierrot et Scapin (18,4 x 23,5 cm)
Watteau, 1719, Waddesdon Manor
Pour nous prouver que cette belle (18 x 24 cm)
Watteau, 1719, Wallace Collection, Londres

Certains ont douté que ces deux tableaux aient été conçus en pendant, tant les thèmes semblent différents : une scène de commedia del arte et un concert champêtre. Les légendes des gravures de Surugue obscurcissent encore la question :

Arlequin, Pierrot & Scapin
En dançant ont l’Ame rauie,
Pendant que le fourbe Crispin
En conte à la jeune silvie
Ce que t’offre ici le pinceau
Quoique pris de la Comedie,
N’est que trop souvent le tableau
De ce qui passe en la vie.
Pour nous prouver que cette belle
Trouve l’hymen un noeud fort doux, 
Le peintre nous la peint fidelle
A suivre le ton d’un Epoux.
Ces enfants qui sont autour d’elle
Sont les fruits de son tendre amour
Dont ce beau joueur de prunelle
Pourroit bien gouter quelque jour.

En premier lieu, remarquons que les deux tableaux obéissent à la règle habituelle des pendants de Watteau : fond fermé/ fond ouvert. En second lieu, que chacun a cinq personnages.

Pour aller plus loin, partons des bords externes des pendants. Nous rencontrons, dans l’ordre :

  • un personnage masculin isolé – Pierrot et le joueur de mandoline ;
  • un couple de témoins facétieux, dont l’un hausse la tête pour mieux voir : Arlequin/Scapin et les deux enfants ;
  • une musicienne – Sylvie et la chanteuse (qui suit la musique de son mari le mandoliniste)
  • un homme en béret noir, qui s’intéresse à la musicienne : le fourbe Crispin, qui « en conte à la jeune silvie », et « ce beau joueur de prunelle », qui pourrait bien « gouter quelque jour «  au « tendre amour « de la chanteuse.

Au théâtre comme dans la vie, un séducteur vient toujours roder en marge des amours des autres.


 Pendants de couple

La leçon de chant L’amoureux timide s

Watteau, 1716-18, Palais Royal, Madrid, (40 x 32 cm)

Encore un pendant composé des principes musicaux, mais à deux personnages seulement. On y retrouve l’équilibrage précis des sexes : à gauche l’homme est assis au dessus de la femme, à droite c’est l’inverse.

Le sujet commun est celui de la « déclaration attendue » : les deux fille sont dans l’expectative, l’une attend que le musicien lui donne le signal de chanter, l’autre que son compagnon lui tende les fleurs ([4] , p 348).

La logique du pendant (SCOOP !)

Cependant le contraste des attitude suggère des états d’âme différents :

  • à gauche, la musique n’a pas encore commencé, l’homme et la femme sont écartés, comme mis à distance par le vide de cette mer de nuages ;
  • à droite l’eau murmure continûment et ils sont rapprochés l’un de l’autre, unis par les deux arbres et les filets de la fontaine.

Watteau a rajouté l’équilibrage précis de ses pendants masculin/féminin (voir Pendants célibataires : homme femme) : à gauche l’homme est assis au dessus de la femme, à droite c’est l’inverse.

Un dernier raffinement ajoute à l’harmonie de l’ensemble :

  • à gauche les gestes de la chanteuse imitent ceux du musicien, au point qu’elle pourrait tenir entre ses mains une guitare virtuelle ;
  • à droite la dame tient l’éventail tout comme son partenaire tient les fleurs, et ses jambes se croisent sous le satin tout comme il croise les siennes sur la pelouse.

Le pinceau de Watteau a inventé le désir mimétique.


 Pendants homme-femme

La fileuse
Watteau, 1715-16, tableau perdu La marmotte (40 x 32,5 cm)
Watteau, 1715-16, Ermitage, Saint Petersbourg

Donald Postner a compris la logique de ce pendant : d’un côté, la quenouille évoquait traditionnellement le sexe masculin, de l’autre la « marmotte » signifiait argotiquement le sexe féminin, ici caressé par un hautbois verticalisé.


L’enchanteur (18,5 x25,5 cm)  L’avanturière (18,9 x 23,7 cm)  [7] 

Watteau, 1710-16, Musée des Beaux Arts, Troyes

Les titres conventionnels  des tableaux n’éclairent pas le sujet du pendant, qui paraît répondre avant tout  à des considérations formelles.  Ici, le titre et le thème des tableaux n’ont pas d’intérêt  pour le fonctionnement des deux pendants. Comme les poids sur les plateaux d’une balance, il s’agit d’équilibrer finement les sexes et les attitudes des  personnages :

  • un homme et une femme debout,
  • deux personnages assis sur un banc (deux femmes et deux hommes, un de profil, regardant le spectacle et l’autre de face, le spectateur),
  • un personnage de théâtre (Pierrot et Mezzetin) debout près d’un arbre.

La guitare, qui lie les deux scènes, passe du personnage debout à l’un des  personnage assis.

On peut noter que le pendant met subtilement en contraste deux modalités de la relation entre un personnage solitaire et un groupe :

  • le musicien, qui vient de nulle part, est relié visuellement au trio par deux dispositifs, son ombre fortement marquée et le pont à l’arrière-plan : on pourrait dire qu’il vient d’arriver ;
  • la promeneuse, est quant à elle séparée du groupe par le gradin et la treille qui pend ; le tambourin délaissé dans le coin droit suggère qu’elle ne souhaite pas se joindre au concert et qu’elle prend congé, pour descendre rejoindre le groupe autour de la fontaine.

Comme si la gageure du pendant était de suggérer, dans l’immobilité, deux mouvements contraires.


L’Indifférent,
Watteau, vers 1717, Louvre, Paris (25,5 x 19 cm) La Finette
Watteau, vers 1717, Louvre, Paris (25,5 x 19 cm)

Satins chatoyant sur le velours sombre des frondaisons :  le jeune homme en équilibre gracieux et la jeune femme jouant du théorbe forment couple, images de la Danse et de la  Musique.


 Pendants spéciaux

 Le Singe sculpteur
Watteau, vers 1710,Orléans, Musée des Beaux-Arts
Le Singe peintre 
D’après Watteau, Musée des Arts Décoratifs, Paris

Il s’agit sans doute ici de se moquer des artistes prétentieux qui se réfèrent au vieil adage « Ars simia naturae », l’Art est le Singe de la Nature, ridiculisé par Molière dans ses Précieuses ( le Singe de la Nature est une périphrase pour le miroir).

Le singe-sculpteur peaufine d’un oeil lubrique le cou de la belle statue, qui de dégoût regarde ailleurs. A noter l’amusante analogie entre les deux  décolletés, celui  de la Belle et celui de la Bête.

Le singe-peintre,  prend  la pose noble du mélancolique, une patte griffue posée sur le chevalet ; derrière lui un buste de philosophe sourit ironiquement. A noter l’amusante analogie entre la robe d’intérieur luxueuse et la toge.

Sous couvert d’illustrer latéralement l’opposition classique entre Sculpture et Peinture, le pendant fonctionne en fait dans la profondeur :   chaque tableau met en balance un humain statufié et sa caricature simiesque.

Gravures de Desplaces [8]

Les gravures ne sont pas inversées (de par la contrainte de la main droite du singe). Celle de la Peinture, fidèle au tableau disparu, montre une différence significative : le cadre sur le mur, représentant Scaramouche, Arlequin et Pierrot, tend à identifier le singe à Watteau lui-même.


Pendants incertains ou faux

Le défilé (The line of March) (39 x 49 cm)
Watteau, vers 1710, York Museums Trust
La halte (32 x 42.5 cm)Watteau, vers 1710, Musée Thyssen Bornemiza, Madrid

Ces deux tableaux de taille différente ont été appariés très tôt (leurs gravures étaient vendues ensemble) et le sujet recoupe celui du pendant avéré de 1710 (Retour de campagne/ Le camp volant) : troupe en mouvement (se préparant à l’assaut d’un village) et troupe au repos. De plus ils obéissent à l’opposition centre fermé / centre ouvert.

Cependant, plusieurs arguments laissent penser qu’ils n’ont sans doute pas été conçus comme pendants ([4], p 250) : format différent, échelle différente des personnages, angles non peints dans l’un des deux).


Les comédiens français, MET, New York (57.2 x 73 cm)
Les comédiens italiens, NGA, Washington (63.8 x 76.2 cm )

Malgré la symétrie des titres, la plupart des historiens d’art considèrent que ces deux tableaux, de taille et de composition très différente, n’ont pas été conçus comme des pendants.


Références : [1] http://watteau-abecedario.org/Camp_Volant.htm [2] « Antoine Watteau », Donald Posner, https://books.google.fr/books?id=JWR6BfbmYpkC&pg=PA21 [3] http://watteau-abecedario.org/Contrat_de_marriage.htm
http://watteau-abecedario.org/assembleeneptune.htm
http://watteau-abecedario.org/bosquet_bacchus.htm
http://watteau-abecedario.org/accv000.htm#jdej [4] Pierre Rosenberg, Margaret Morgan Grasselli, « Watteau – 1684 – 1721″, 1984 [5] Dans ce groupe, aujourd’hui au Louvre, il n’y a que deux putti : l’un donne à manger à la chèvre et l’autre tient une écuelle à la main (allusion probable à l’enfance de Bacchus) ; dans la sculpture peinte par Watteau, un putto tire la chèvre par son licol, l’ autre s’accroche par en dessous et le troisième pousse par derrière, l’idée étant probablement de la faire avancer.
http://watteau-abecedario.org/cascade.htm [6] http://watteau-abecedario.org/accp001.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Surprise_(Watteau) [7] http://watteau-abecedario.org/Avanturiere.htm [8] http://ostium.sk/language/sk/les-singes-de-watteau/