Nuages et pluie, de Loo Hui Phang et Philippe Dupuy

C’est une histoire étrange qui nous entraîne depuis la guerre 14-18 jusqu’au Laos. Un Allemand blessé, coupable à ses propres yeux de la perte de son ami qui l’a protégé d’une balle mortelle, va se trouver prisonnier dans une forteresse où il devra, sous les ordres de maîtres chinois, se soumettre à des travaux répétitifs et déshumanisants. La rencontre nocturne avec une jeune femme d’une grande beauté va changer sa vie. Ou le condamner définitivement.

Le dessin de Philippe Dupuy ne fait pas qu’accompagner le texte des bulles ni le texte de Loo Hui Phang accompagner le dessin. Un détail, ici, par exemple, montre que le nouvel arrivant dans la forteresse trouve dans son écuelle une nourriture meilleure et plus abondante que, dans leurs écuelles, les autres manoeuvres. On imagine bien, alors, que cette situation ne va pas durer. À chaque nouvel arrivant, le précédent sera poussé vers l’esclavage. Mais Werner a pour se défendre de continuer à parler avec son ami mort, qui le met en garde et lui permet de survivre, ou de franchir le dernier fleuve. 

Ce récit est un conte fantastique. Werner, dans la tranchée, a vu un poisson. Et c’est ce qu’il poursuit. Pour cela, il doit franchir des épreuves douloureuses, accepter d’être emporté par le désir sexuel, et surtout retrouver la mémoire du dernier instant, celui qui fut fatal à son ami.