Je devenais fou, je le sentais.

Par Vertuchou

Je devenais fou, je le sentais. À cause de son odeur, là, qui venait contre moi. Un mélange simple, sensuel et curieux de sueur légère et de lait. Un parfum farineux et sucré de femme, que je n’avais plus en mémoire. Je pouvais voir de plus près ses cheveux blonds, virant au roux franc. Ce n’étaient pas les grandes cascades noires des filles du village, qu’elles ramenaient en chignon ou en architectures compliquées de volutes saines et de mèches rebelles, c’étaient des cheveux d’une finesse absolue, qui tombaient en boucles délicates le long de son visage. Je devinais les oreilles, petites elles aussi, et la naissance du cou, où palpitait un réseau veineux d’un bleu tranchant.
À nouveau, j’étais comme un dingue. Un prédateur. J’avais envie de la mordre, là où les veines battent, et de ne lâcher son cou que lorsqu’elle aurait fini de se débattre. Me revenait en mémoire une scène similaire de renard étouffant une caille, la froideur scintillante de ses yeux patients et déterminés.
Bénédicte Belpois, Suiza

Partager cet article

Repost 0 &version; Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Vous aimerez aussi :

Ça aussi, c’est un émerveillement inépuisable Devant lui, souriante se tenait une jeune fille Mon amour dis moi Mon bonheur, mon merveilleux bonheur doré

Emois

« Article précédent