Jusqu’au 14 mars, la Galerie Gagosian, au Bourget, 26 avenue de l’Europe, expose Simon Hantaï. « Les noirs du blanc, les blancs du noir ». mardi au samedi, 11-19h. (vous pouvez agrandir les visuels en cliquant dessus)
Un mot sur monsieur Gagosian, le plus grand marchand d’art, homme d’affaires spécialisé dans l’art moderne, homme de pouvoir, étonnant stratège. Son empire s’étend de New York (4 Galeries) à Hong-Kong, en passant par Los Angeles, San Francisco, Londres (2 Galeries), Bâle, Athènes, Paris (2 Galeries) etc. Et si ce big commerçant avait malgré tout une vraie passion pour l’art et les artistes? Allez! On y croit!
Un mot maintenant sur cette Galerie du Bourget, car le cadre vaut le détour! Née en 2012, à partir d’un immense local industriel des années 50, réhabilité par Jean Nouvel (eh! oui! carrément! mais c’est tant mieux!). Boîte blanche géante, sans colonnes, avec mezzanine métallique qui court là-haut, quelques « corridors » plus cachés…La lumière traverse les anciennes fenêtres de cet atelier, en verre opaque criblé… Et ne pas oublier que nous sommes tout à côté des pistes de l’aéroport! Pratique quand on arrive en jet privé!!!!
Les grands formats de Simon Hantaï, ici, feraient presque figure de petites toiles!! Mais non! Tellement présents, les Noirs et Blancs. Dans le coeur de la Galerie. Dans ce grand espace vide… tellement rempli par les pliages du peintre.
Kaléidoscopes géants. Des milliers d’éclats de couleurs blanches et noires qui donnent l’illusion de bouger, de tourner, de se déformer, de se métamorphoser. Ces toiles, que le peintre malmenait tant, donnent le meilleur d’elles-mêmes. Plissées, pliées, froissées, nouées, mutilées, piétinées… Elles ont été peintes presque à l’aveugle, laissant une grosse part d’aléatoire. Quand on pense au nombre vertigineux de combinaisons possibles! En tout cas, la démarche de Hantaï est étonnante. Le pliage était, au départ, pour lui, juste une expérience artistique (il est d’abord passé par la peinture surréaliste, puis abstraite). C’est devenu une obsession. Un principe. Et il l’a décliné à l’infini.
L’expo montre, dans ses endroits plus intimes, quelques peintures d’avant 1960 (année où il a débuté les pliages), quelques pliages de couleurs aussi, et des photos et une vidéo qui expliquent comment il procédait avec ses surfaces à peindre: un vrai corps à corps parfois. Il violentait ses grandes toiles souples, les coupait au cuter, les réutilisait différemment. Avec lui, la peinture est une entité…Ou, au moins, une matière redéfinissable.
Ce qui est étrange et intéressant, c’est que, en s’approchant des toiles, on peut prendre les traces de plis pour des traits de crayon, des tentatives, des essais, des brouillons! Eh! Non! Le travail de l’artiste n’est pas là où on l’attend! C’est bien!