La métamorphose, de Pascal Martin

Par Goliath @Cayla_Jerome

Corbus a quitté son costume trois pièces, les belles voitures, la vie facile et luxueuse que lui offrait son métier de trader, pour se refaire une vie dans un squat. Certes, c’est une existence qui peut sembler un peu étriquée, mais si riche d’humanité. Il y trouve une solidarité, une joie de vivre et une notion de partage qu’il ne pouvait concevoir dans le tourbillon de son ancienne vie. Il brassait des millions, désormais il découvre l’économie parallèle assurant le minimum sans lequel la pauvreté ne vivrait pas. Il y a peu, mais dans le squat, de rien on fait un tout ; d’une ruine ils ont construit un îlot où la vie peut s’épanouir. Corbus, avec l’aide de tous fonde une petite entreprise de livraison de repas que cuisinent les mamas. Ils font construire des tuk-tuks pour faire les livraisons : une singularité qui ne passe pas inaperçu. Corbus innove dans ce monde de la débrouille en faisant des fiches de paies pour le personnel ! Il voit loin, cette entreprise sauvera sûrement ce petit monde de la précarité. Mais dans le meilleur des mondes il y a toujours un os, une épine pour empêcher de tourner rond. Un promoteur a des vues sur leur quartier afin de faire une grosse plus-value, ce qui mettrait tout le monde à la rue. De plus, Corbus apprend qu’un voyou et sa mafia sont parties prenantes dans ce projet. Une brute qu’il a connu alors qu’il était incarcéré après sa chute du monde de la finance. Les deux hommes engagent un duel. La mort violente de Madu, 15 ans et fervent défenseur de leur entreprise, révolte Corbus. Il n’a plus qu’un souhait : désormais il mettra tout en œuvre pour sauver leur fraternité et leur manière de vivre, quels qu’en soient les moyens…


Pascal Matin, colle au plus près de la réalité : ce pourrait être un fait divers défrayant les chroniques de la presse. Il décrit parfaitement la vie de ceux qui, démuni de tous, font un paradis de rien, affichent une joie de vivre insolente et gardent le sourire pour conjurer leur sort. Ça sent le vrai, presque la narration d’un vécu. L’esprit du journaliste y est, l’auteur a bien étudié ce monde d’en bas qui crève en sourdine sans jamais disparaître. Mieux, il continue de prospérer et tous ne deviennent pas des voyous. Parmi eux, beaucoup auraient à apprendre sur l’altruisme au monde d’en haut. Son roman, démonte le mécanisme de la débrouille, seul expédient de ceux sur qui nul ne placerait un kopeck. Mais dans cette douceur de vivre apparente, la voyoucratie est omni présente. Ce qui ont eu vraiment faim sombrent parfois dans la grande délinquance. Souvent issus d’un même milieu, le recours à la violence reste l’arme dont les deux bords disposent afin de faire valoir leurs droits. Et quelle violence ! Combines, coups bas et meurtres alimentent les lutes pour se construire une vie meilleure. Chez eux, le politiquement correct est particulièrement différent du nôtre !

C’est un roman noir qui marque le lecteur. Un livre riche d’enseignement, qui malgré sa face sombre reste lumineux ! Pascal Martin signe ici un livre qui griffe les aprioris de ceux qui ont le temps de lire sur ceux qui tentent de survivre. Prison, misère et meurtres n’excluent pas la générosité. Ça sent bon la cuisine dans les couloirs et les escaliers, ça pue le cadavre et les ordures autour de l’immeuble… C’est horrible mais cela fait du bien. Un livre qu’on ne lâche pas tant il prend aux tripes. Un roman que l’on vit avec Corbus, faisant nôtre sa cause, jusqu’à justifier les méthodes dont il se sert pour atteindre son but. Pour moi, c’est le meilleur roman de Pascal Martin !

Présentation de l’éditeur

Cobus, ancien trader cousu d’or clochardisé après un séjour à Fleury-Mérogis, est sur le point de sortir de la galère après avoir transformé le squat dans lequel il vit en une entreprise de fast-food haut de gamme, Le Monde de Juju, cuisine labellisée tradition française. Afin d’être à l’abri de la convoitise d’un groupe de promoteurs véreux qui s’est acheté les services d’un caïd sanguinaire, d’un fasciste patenté et d’un flic ripou, Cobus souhaite que la mairie préempte le bâtiment qui abrite son petit business. Mais un soir, le squat est ravagé par un incendie criminel dans lequel la vieille cuisinière qui était à la fois l’âme et la cheville ouvrière du Monde de Juju trouve la mort. Cobus, écœuré, est sur le point de renoncer lorsque Madu, son jeune associé malien de quinze ans, est à son tour victime d’une violente agression. Alors que rien ne le prédisposait à ce genre d’exploit, Cobus va, en une seule nuit, bouleverser la donne et combattre le mal par le mal … Mais va-t-il pour autant gagner la partie ?

Ses personnages de fiction en les inscrivant dans une dimension sociale et environnementale.

Un peu de l’auteur

Pascal Martin est né en 1952 dans la banlieue sud de Paris. Après une formation en œnologie, il devient journaliste, fonde sa boîte de production et parcourt le monde comme grand reporter. Ses reportages, très remarqués, sont alors diffusés sur toutes les chaînes de TV. En 1995 il crée les Pisteurs, des personnages de fiction qui reposent sur son expérience de journaliste d’investigation, pour une série de films diffusés sur France 2. Après avoir enseigné quelques années au Centre de formation des journalistes, il développe avec Jacques Cotta une série de documentaires Dans le secret de… qui compte aujourd’hui plus de 40 numéros. Il réalise à cette occasion Dans le secret de la prison de Fleury-Mérogis et Dans le secret de la spéculation financière. C’est sur la base de ces deux enquêtes qu’il crée le personnage de Victor Cobus, jeune trader cousu d’or qui se retrouve du jour au lendemain dans l’enfer d’une prison. Pascal Martin s’est toujours inspiré de ses enquêtes journalistiques pour nourrir ses romans.

Source photo : Lisez-com 

Détails sur le produit

• Broché : 216 pages
• Editeur : Jigal Editions (17 septembre 2019)
• Collection : Polar
• Langue : Français
• ISBN-10 : 2377220835
• ISBN-13 : 978-2377220830
• Dimensions du produit : 19,5 x 0,2 x 12,5 cm



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