Pour la sortie de leur nouvelle gamme « NA puissance 2 », les éditions Les Nouveaux Auteurs et Babelio vous proposaient le jeudi 11 octobre une rencontre avec quelques auteurs de la maison d’édition. Retour sur une soirée sous le signe du polar.
Maison fondée en 2007 par Jean-Laurent Poitevin, Les Nouveaux Auteurs se sont donné pour ambition de lancer des auteurs de premier roman grâce à une communauté de lecteurs inscrits sur leur site. La nouvelle gamme « NA puissance 2 » permet ensuite d’accompagner les auteurs dénichés par Nouveaux Auteurs dans leurs prochains romans. Trois auteurs étaient présents à cette rencontre : Frank Leduc, Christophe Vasse et Nicolas Druart ; l’occasion d’en savoir un peu plus sur leur parcours et sur leur travail d’écrivain.
Trois auteurs pour trois romans noirs
Avec Cléa, Frank Leduc (gagnant du Grand Prix Femme Actuelle 2018) nous emmène au Vatican, cadre de meurtres, de complots, d’enquêtes et de mystères à la suite de l’élection d’un nouveau pape. Christophe Vasse (gagnant du Prix Femme Actuelle 2018) nous propose avec La Porte de Bosch un thriller haletant autour d’un mystérieux tableau de Jérôme Bosch dont les créatures semblent prendre vie. Enfin, le troisième livre présenté est Jeu de dames de Nicolas Druart (gagnant du Prix du Suspense Psychologique 2018) qui met en scène trois témoins d’un meurtre à une sortie de périphérique à Toulouse où sévit un tueur en série.
Avec trois polars, la question se pose de savoir si les trois auteurs ont une appétence particulière pour ce genre en question. Nicolas Druart et Christophe Vasse se définissent eux-mêmes comme de grands lecteurs de polars, thrillers et romans noir, ce qui explique leur envie en tant qu’auteur de baigner dans cet univers pour leurs propres romans. Frank Leduc a une conception plus particulière du thriller et conçoit ses intrigues comme des ascenseurs émotionnels : « Il y a peu de sang, peu de violence, peu de sexe, pas de poursuites en avion. J’essaie de susciter l’intérêt par la réflexion et l’émotion plus que par l’action. »
Chaque auteur a été marqué par une scène ou par une thématique particulière qui leur a inspiré leur roman. Pour Christophe Vasse, il s’agit de sa passion pour le peintre flamand du XVe siècle : « Devant un tableau de Jérôme Bosch, je pourrais passer des heures. C’est noir, c’est sombre, il peint des créatures fantastiques complètement délirantes, c’est juste fascinant. C’est en restant bouche bée devant un tableau de Jérôme Bosch que m’est venue l’idée de ce thriller. » L’idée de départ du roman de Nicolas Druart est un lieu particulier, une sortie de périphérique à Toulouse qu’il empruntait très régulièrement pour aller travailler. Toute l’histoire s’est ensuite articulée autour de ce cadre où trois personnes sont témoins d’un meurtre. Pour Frank Leduc, l’idée du roman est tiré d’une scène à laquelle il a réellement assisté en visitant la basilique Saint-Pierre au Vatican : « Je suis tombé sur une messe privée de l’ancien pape Jean Paul II, de manière complètement fortuite. Il y avait une cinquantaine de personnes pour un baptême, cela m’avait marqué. Je me suis inspiré de cette anecdote pour écrire la première scène de Cléa. »
Comment écrit-on un polar ?
Lors de la rencontre, les auteurs ont pu partager leurs méthodes d’écriture. Les trois se rejoignent sur l’importance des recherches en amont de l’écriture de leurs livres. Christophe Vasse relève notamment l’accessibilité à l’information et l’infinité de support disponibles, que ce soit sur Internet ou en bibliothèque. Il partage également l’idée que les recherches doivent être constantes pendant l’écriture du roman et ne se limitent pas aux recherches préalables pour s’imprégner d’un univers : « Si c’est pour écrire quelques lignes sur la foudre par exemple, je vais m’arrêter dans mon histoire et je vais prendre une journée ou une demi-journée pour faire des recherches sur le sujet, même si ce n’est que pour écrire seulement 2-3 lignes dessus. »
Pour son roman, Jeu de dames, Nicolas Druart est également passé par la phase de recherches : « Mes recherches se sont surtout portées sur les procédures judiciaires. Je n’y connaissais pas grand-chose mais j’ai eu la chance de rencontrer des commissaires de police dont les réponses m’ont aidé à être le plus exact possible. »
Frank Leduc, quant à lui, est un passionné d’histoire et de théologie et utilise ses connaissances pour écrire ses romans ainsi que diverses recherches pour étoffer son texte : « Lorsque j’écris, je trace un cadre sur mon intrigue puis je vais l’alimenter en travaillant comme un historien, plus par rapport à des livres que sur Internet. Je cherche des informations précises mais je cherche surtout à m’imprégner d’une vision, d’un contexte, d’une époque. » Son objectif, en parlant d’un sujet aussi pointu, était de vulgariser le sujet, de le rendre accessible à tous les lecteurs et de leur donner le sentiment de connaître le sujet après quelques pages.
Trouver l’inspiration…
Les sources d’inspiration des trois auteurs sont variées. Pour l’atmosphère, Christophe Vasse a notamment pris pour référence le film culte Le Nom de la rose : « J’espère avoir donné ce genre d’atmosphère à mon roman. Tous ces films et séries qui rappellent cet univers fantastique et d’épouvante (comme The Haunting of Hill House plus récemment) sont des sources d’inspirations constantes. » Pour la préparation de son livre, Nicolas Druart s’est mis à la lecture de romans policiers écrits par des policiers eux-mêmes ou par des anciens membres de la police. L’influence des films et des séries est également citée par Nicolas Druart mais un auteur précis constitue une source d’inspiration majeure : « Il y a un auteur qui m’inspire en particulier, il s’agit de Franck Thilliez. Je me suis inscrit au prix du suspense psychologique parce que c’était Franck Thilliez qui le présidait. Je lis principalement en français, pour éviter la barrière de la traduction, cela m’aide en tant qu’écrivain à enrichir mon vocabulaire et mes phrases. » De la même manière selon Frank Leduc, l’influence est partout et un roman ne peut pas être écrit en partant d’absolument rien.
Galerie de personnages
Les trois romans mettent en scène des personnages forts qui sont confrontés à des situations peu communes. Dans Cléa, Frank Leduc introduit le personnage d’Adrian Sandgate, un théologien écossais un peu has been qui a fait ses heures de gloire en dénonçant les dérives de christianisme et qui est convoqué au Vatican à cause de la disparition d’une jeune adolescente. Avec Jeu de dames, Nicolas Druart a préféré prendre des personnes assez quelconques. Pour reprendre une formule de Stephen King, toute l’ambition de son roman est de prendre des personnages ordinaires pour les mettre dans des situations extraordinaires : « Ce sont trois personnes prises au hasard qui se retrouvent à cette sortie de périphérique. Ce sont des profils quelconques, comme n’importe qui. Ce ne sont pas des super-héros mais plutôt des personnages que l’on peut croiser dans la vie de tous les jours ». Pour écrire le personnage de Rebecca Decker dans La Porte de Bosch, Christophe Vasse s’est inspiré d’une personne de son entourage qui lisait dans les cartes. L’auteur insiste également sur le caractère de son personnage : « Généralement, j’aime bien que mes personnages principaux soient des fortes têtes, des têtes de mules, des gens qui ne se laissent pas faire et qui ont la niaque ». Il utilise également quelques références à la littérature fantastique comme son personnage nommé Van Helsing qui emprunte son nom au célèbre chasseur de vampires.
Il n’est pas exclu que les personnages puissent avoir une volonté propre au cours de l’écriture, comme nous l’explique Nicolas Druart : « Parfois, je suis surpris par la réaction des personnages quand j’écris et je me laisse emporter. Ce sont des personnages en mouvement. » Pour Frank Leduc, la psychologie des personnages secondaires peut également évoluer au fil de l’écriture, sans l’avoir prévu initialement dans son plan. A l’inverse, Christophe Vasse est rarement surpris par les égarements de ses personnages : « Je ne me sens pas complètement possédé par mes personnages, dans le sens où j’ai déjà une très bonne idée de leur psychologie au départ. Pour moi dès le début ils sont capables de n’importe quoi. »
Certains de ces personnages se retrouveront peut être dans les prochains ouvrages des trois auteurs, ces derniers ayant évoqué la possibilité de faire de leurs « héros » des « témoins » qui passeraient d’un roman à un autre, comme un lien entre les livres.
Retrouvez les livres de Frank Leduc, Nicolas Druart et Christophe Vasse sur Babelio.